Bruxelles, Créteil : «Restez vigilant dans la défense de nos valeurs»…

Ainsi la haine n’a plus de limite et n’a peur de rien, ce qui est par excellence la méthode et le but recherché par les auteurs de ces actes de terrorisme : faire peur, répandre le trouble et le sentiment d’insécurité, particulièrement au sein de la communauté juive d’Europe.

Le message est double : aux Juifs il dit « partez d’Europe, votre seule présence est une forme de résistance insupportable à nos objectifs politiques et religieux ; aux Européens, il dit « attention, rien ne saurait nous intimider, ni vos lois, ni votre police, ni vos droits d’égalité et de respect de la personne. Nous créons la peur car seule celle-ci est le terreau de notre pouvoir ».

Le terrorisme antijuif et antisioniste est en train de gagner.

Si on se reporte au récent sondage organisé par Siona et JForum sur l’antisémitisme en France en 2014, effectué à partir d’un échantillonnage de 3833 personnes sur la base de 16 questions posées par internet du 17 avril au 16 mai 2014 :

  • 74,2% des personnes interrogées envisagent de quitter la France, dont 29,9% pour cause d’antisémitisme et presque autant (24,4%) pour préserver leur identité juive, reconnaissant implicitement que celle-ci est menacée.
  • 92,2% de ces personnes considèrent que l’antisémitisme est très inquiétant dans notre pays ; 76,3% sont inquiets quant aux attaques des fondements mêmes du judaïsme et 93% considèrent que les moyens mis en œuvre pour lutter contre ces actes de haine contre notre communauté sont inefficaces ou peu efficaces, en grande partie à cause de la désinformation des médias concernant le conflit israélo-palestinien (93,4%) et de la propagande islamo-intégriste et pro-palestinienne (93%).

Siona recevait le 18 mars dernier dans ses locaux parisiens, Ariel Kandel, directeur général de l’agence juive. Roger Pinto, président de Siona, faisait état à cette occasion, d’un afflux des demandes de départ des Juifs de France pour Israël et regrettait les délais trop longs et les procédures fastidieuses pour s’y installer. Ce qui constitue, a rappelé monsieur Pinto, « un défi commun à relever ».

A cette question de Roger Pinto, monsieur Kandel a répondu longuement, dans un exposé clair et précis.

En France, a précisé d’emblée monsieur Kandel, il existe de nombreuses raisons de s’installer en Israël : l’antisémitisme grandissant bien sûr, mais aussi la crise économique et l’attrait pour un pays en pleine croissance. En 2012, 1907 juifs français ont fait leur Alyah. Ils étaient 3300 en 2013. Ils devraient être entre 5 et 6 000 en 2014. « Cet afflux numérique n’était pas prévisible (…) ce qui explique que l’Agence est submergée depuis septembre-octobre derniers, et répond dans la mesure de son possible ». Le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous est de trois semaines en moyenne, délai somme toute raisonnable.

Monsieur Kandel a ajouté que L’Alyah ne s’improvise pas. C’est une procédure qui peut prendre, en effet, plusieurs mois selon les cas de chacun. C’est aussi un projet personnel et familial qui se prépare. L’Agence juive insiste sur la nécessité de s’interroger sur sa relation à Israël et aux moyens que chacun se donne pour s’intégrer au pays, comme trouver rapidement un travail, parler l’hébreu, y résider plusieurs mois par an. Les jeunes sont privilégiés car leurs capacités d’adaptation sont porteuses de succès et d’avenir.

L’avenir des Juifs de France est … en France.

Synagogue de Créteil

Synagogue de Créteil

Faut-il céder au sauve-qui-peut général et à la peur habilement organisée par ces actes de terrorisme en France et en Europe ? Les Juifs doivent manifester leur colère mais garder à l’esprit que c’est notre présence qui dérange et que c’est précisément notre détermination à défendre ici même les valeurs de la communauté comme celles de la République qui permettront de faire reculer les dangers et les menaces insupportables qui pèsent sur l’avenir de tous les Européens.

Une manifestation s’est tenue devant l’Ambassade de Bruxelles, au 9 rue de Tilsit, 75017 Paris Dimanche 25 mai à 18h00 en hommage aux victimes et en soutien aux familles.

Une belle façon de dire non. Non à la peur, non à la défaite de nos valeurs et de nos libertés.

Jean-Paul Fhima Source tribunejuive.info