AJCF94 : décès de Pierre Girard

L’Amitié Judéo-Chrétienne du Val de Marne est en deuil.

Pierre Girard

vient de décéder, dans sa 67e année, à la suite d’une longue maladie.

 Pierre était diacre, responsable des Relations avec le Judaïsme dans le diocèse de Créteil,

Il était membre du Comité Directeur de l’Amitié Judéo Chrétienne de France,

Président de l’Amitié Judéo-Chrétienne de Sucy-en-Brie et du Val de Marne depuis de nombreuses années.

Il organisait, présidait et animait toutes les réunions de notre groupe avec sa compétence et sa bonne humeur contagieuse.

Nous garderons tous dans nos cœurs sa générosité, sa disponibilité, son ouverture aux autres.

 À lui, gratitude et prières.

 Ses obsèques auront lieu :

Église Sainte-Bernadette de Sucy-en-Brie

mardi 16 mai à 14 heures 30.

 Sincères condoléances à son épouse et sa famille.

Joël Mergui réélu à la Présidence du Consistoire de Paris Ile de France

A l’occasion de la première séance de son Conseil d’administration de l’année 2022, le Consistoire de Paris-Ile de France a réélu Joël Mergui à l’unanimité moins une abstention.

Le Conseil s’est ainsi tenu au Centre Européen du Judaïsme en présence de ses 26 administrateurs, du Grand Rabbin de Paris et du Secrétaire Général.

Cette séance marque l’entrée des administrateurs élus le 21 novembre dernier ; élection qui avait vu tous les candidats soutenus par Joël Mergui être élus.

Le Consistoire de Paris-Ile de France porte la responsabilité de la plus grande communauté juive d’Europe.  Son Président l’a doté d’une feuille de route ambitieuse pour prendre les décisions qui engagent la communauté juive francilienne sur des sujets comme la défense de l’identité juive, l’éducation religieuse, la cacherout, le patrimoine, la sécurité, les finances, la solidarité, la vie des Communautés, la mémoire ou encore les services religieux…

Dans son intervention consécutive à son élection, Joël Mergui a ainsi déclaré : « Face aux enjeux majeurs qui sont devant nous, tant sanitaires, économiques que sociétaux, le Consistoire de Paris-Ile de France dont le développement est croissant, a et aura un rôle majeur à jouer dans les années à venir. Je remercie aujourd’hui les administrateurs pour leur confiance renouvelée qui m’oblige et me conforte dans mon énergie et ma détermination à continuer ma mission pour relever ensemble ces défis au service de l’institution consistoriale, de sa modernisation, sa relance et sa restructuration. Nous avons tous une immense responsabilité de continuer à renforcer, à développer et à faire rayonner le Consistoire de Paris pour mener à bien nos combats pour l’identité et l’avenir de la communauté juive au sein d’une société de plus en plus fracturée par les haines dont l’antisémitisme et l’antisionisme. Mon ambition reste plus que jamais de servir le Consistoire, le judaïsme et tous les juifs dans la cité ».

Le Conseil a également élu son bureau et procédé à l’installation de ses commissions. Cette nouvelle équipe s’inscrit dans la dynamique de parité et de rajeunissement déjà initiée lors de la précédente mandature.

Elie Korchia, élu nouveau Président du Consistoire Central de France

Elie Korchia (@Elie_Korchia) | Twitter

Elie Korchia, élu nouveau Président du Consistoire Central de France

 Paris, le 24 octobre 2021 – Réuni en Assemblée générale ce jour, le Consistoire Central a élu son nouveau Président, en la personne d’Elie Korchia. Seul candidat en lice, il a recueilli 184 voix sur 205 présents, soit 89,8% des suffrages exprimés.

Elie Korchia succède à Joël Mergui, qui présidait le Consistoire Central depuis 2008.

Né en 1971, Elie Korchia est avocat au barreau de Paris. Professionnel engagé, il a notamment été l’avocat de Myriam et Samuel Sandler aux cours des procès des tueries de Toulouse et Montauban  (2012), ainsi que de Zarie Sibony et Andréa Chamak pour le procès des attentats de janvier 2015.

Militant depuis près de trente ans pour dynamiser la communauté juive de France, il a été Président de la communauté de Puteaux pendant près de dix ans, avant de devenir, en 2009, Président du Conseil des communautés juives des Hauts-de-Seine.

Fin connaisseur du Consistoire et des enjeux communautaires, il est élu au Consistoire de Paris depuis 2006 et Secrétaire-rapporteur du Consistoire Central depuis 2010.

Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia et l’Assemblée générale du Consistoire Central adressent leurs chaleureuses félicitations à Elie Korchia et lui souhaitent pleine réussite dans ses nouvelles fonctions.

Une étude de l’Université de Tel-Aviv révèle le talon d’Achille des cellules cancéreuses

Une étude de l’Université de Tel-Aviv révèle le talon d’Achille des cellules cancéreuses

Une étude menée dans le laboratoire du Dr. Uri Ben-David de la Faculté de médecine de l’Université de Tel-Aviv, en collaboration avec six laboratoires de quatre autres pays (USA, Allemagne, Pays-Bas et Italie) montre pour la première fois comment un nombre anormal de chromosomes (aneuploïdie), caractéristique spécifique des cellules cancéreuses connue des chercheurs depuis des décennies, peut devenir le talon d’Achille de ces mêmes cellules. Elle pourrait mener à l’avenir au développement de médicaments qui exploiteront ce point faible des cellules cancéreuses pour les éliminer.

Cancer Uri 1L’étude a été publiée dans la prestigieuse revue Nature.

L’aneuploïdie est une caractéristique spécifique du cancer. Alors que dans les cellules humaines normales, il existe deux ensembles de 23 chromosomes, l’un provenant du père et l’autre de la mère, les cellules aneuploïdes présentent un nombre inégal de chromosomes. Ce processus est non seulement « toléré » par les cellules cancéreuses, mais il peut même favoriser le développement du cancer. Le lien entre aneuploïdie et cancer a été découvert il y a près de 140 ans, bien avant que l’on ne soit conscient que le cancer était une maladie génétique, et avant même la découverte du rôle de l’ADN dans le processus d’hérédité.

La mutation génétique la plus courante du cancer

Selon le Dr. Ben-David, l’aneuploïdie est en fait la mutation génétique la plus courante du cancer. Environ 90% des tumeurs solides, comme celles du cancer du sein et celles du côlon, et 75% des leucémies, sont aneuploïdes. Cependant, notre compréhension de la manière dont ce phénomène contribue au développement et à la propagation du cancer est limitée.

Dans le cadre de l’étude, les chercheurs ont détecté les phénomènes d’aneuploïdie dans environ un millier de cultures de cellules cancéreuses, à l’aide de méthodes avancées de bioinformatique. Ils ont ensuite comparé la sensibilité génétique des cellules présentant un haut niveau d’aneuploïdie à celles présentant un niveau bas, ainsi que leur sensibilité à divers médicaments et produits chimiques. Ils ont découvert que les cellules cancéreuses aneuploïdes présentaient une sensibilité accrue aux perturbations du processus de contrôle de la séparation des chromosomes pendant la division cellulaire (point de contrôle mitotique).

Cancer Uri 2En outre, les chercheurs ont découvert la base moléculaire de cette sensibilité accrue des cellules cancéreuses aneuploïdes. À l’aide de méthodes génomiques et microscopiques, ils ont surveillé la ségrégation des chromosomes dans des cellules traitées avec une substance connue pour perturber le mécanisme qui la contrôle. Ils ont découvert que lorsque ce mécanisme est inhibé dans des cellules présentant une composition chromosomique normale, la division cellulaire était bloquée, un dispositif se mettait en place, permettant aux chromosomes d’effectuer une séparation correcte, et relativement peu de problèmes chromosomiques survenaient. En revanche, lorsque le mécanisme est perturbé dans des cellules aneuploïdes, la division cellulaire se poursuit sans contrôle, résultant dans la formation de nombreuses mutations chromosomiques qui altèrent la capacité des cellules à se diviser et peuvent même entraîner leur mort.

Une médecine anticancéreuse personnalisée

L’étude a des implications importantes pour la découverte de traitements dans le cadre d’une médecine anticancéreuse personnalisée. Des médicaments qui inhibent le mécanisme de séparation des chromosomes font actuellement l’objet d’essais cliniques, mais on ne sait pas quels patients y réagiront ou non. Grâce à cette étude, il sera possible d’utiliser l’aneuploïdie comme marqueur biologique sur la base duquel on pourra identifier les patients qui répondront le mieux à ces médicaments. Autrement dit, on pourra effectuer un ajustement des médicaments aux caractéristiques génétiques spécifiques des tumeurs.

En outre, les chercheurs proposent de concentrer le développement de nouveaux médicaments sur des composants spécifiques du mécanisme de séparation des chromosomes, identifiés comme particulièrement critiques pour les cellules cancéreuses aneuploïdes. En effet, le mécanisme de contrôle de la séparation des chromosomes fait intervenir plusieurs protéines. L’étude montre que la sensibilité des cellules aneuploïdes à l’inhibition des différentes protéines n’est pas la même et que certaines protéines réagissent plus fortement que d’autres. Aussi, l’étude engage-t-elle à développer des inhibiteurs spécifiques pour d’autres protéines du mécanisme de contrôle mitotique.

«Il convient de souligner que l’étude a été réalisée sur des cellules en culture et non sur des patients cancéreux. De nombreuses études de suivi seront nécessaires afin de la traduire en traitement pour les patients. Cependant, déjà à ce stade il est clair que cette étude pourra avoir de nombreuses conséquences médicales », conclut le Dr. Ben-David.

Ont également participé à cette étude les Dr. Zuzana Storchova (Université technique de Kaiserslautern, Allemagne), Jason Stumpf (Université du Vermont, États-Unis), Stefano Santaguida (Université de Milan, Italie), Floris Foijer (Université de Groningen, Pays-Bas) et Todd Golub (Broad Institute du MIT et Harvard, États-Unis).

 

Photos :

  1. Le Dr. Uri Ben-David et les chercheurs de son laboratoire.
  2. Cellules cancéreuses.

Déclaration du Grand Rabin de France Haïm Korsia

Le Grand rabbin de France, Haïm Korsia, a annoncé mardi 17/03 en début de soirée la fermeture dès mercredi 18/03 des synagogues dans le sillage du confinement imposé la veille par les pouvoirs publics pour tenter d’endiguer l’épidémie de coronavirus. Le Consistoire israélite de Marseille avait pris les devants dès lundi soir.

“Le principe de pikouah nefesh, de sauver des vies, est au cœur du judaïsme. Nous ne pouvons pas jouer avec la vie de nos fidèles et respecter les gestes barrières nous obligent à prendre de nouvelles mesures”, a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

“Dès demain, la norme sera donc la fermeture des synagogues sauf exception, notamment en cas de décès, a-t-il annoncé. Il faut maintenant utiliser ces 15 jours pour vivre le judaïsme de manière authentique – même si on le fera différemment – en revenant à l’étude”, souligne le Grand rabbin, préconisant “d’éviter de grandes tablées à l’occasion du chabbat”.

Le Grand rabbin de France tient enfin à “rassurer les fidèles sur l’approvisionnement des supermarchés en denrées et en viande pour Pessah. Il n’aura aucune pénurie alimentaire. Attention toutefois à ne pas créer de panique dans les supermarchés, au risque de voir les rayons ponctuellement dévalisés”.

Le président français Emmanuel Macron a renforcé lundi soir les restrictions des déplacements, en mettant en place un confinement qui ne dit pas son nom.

Dès mardi midi, “pour 15 jours au moins, nos déplacements seront très fortement réduits”, a-t-il déclaré dans cette intervention d’une vingtaine de minutes au ton très martial, pendant laquelle il a martelé à plusieurs reprises : “nous sommes en guerre”.

“Les regroupements extérieurs, réunions familiales ou amicales, ne seront plus permis. Retrouver ses amis dans le parc dans la rue ne sera plus possible”, a-t-il expliqué.

“Toute infraction sera sanctionnée”, a-t-il déclaré, sans donner davantage de détails sur les moyens qui seront employés pour faire respecter ces règles.

Présentation du livre de Raphy Marciano

Présentation du livre de Raphy Marciano Mardi 25 juin 2019 à 19h30

 Espace Culturel et Universitaire Juif d’Europe

119 RUE LA FAYETTE 75010 PARIS

LES ENJEUX DU DIALOGUE ENTRE JUIFS ET CHRÉTIENS AU 21ÈME SIÈCLE

Table-ronde avec la participation de :

Raphy Marciano, Jean-François Colosimo, Louis-Marie Coudray et Franklin Rausky

à l’occasion de la parution du livre :

« Juifs et Chrétiens, les promesses d’un dialogue » (éditions du Cerf)

 La rencontre sera suivie d’une séance de signatures et d’un verre de l’amitié.

Inscrivez-vous au 01 53 20 52 52 ou sur www.weezevent.com/rencontre-raphy-marciano

A lire et méditer : Texte d’une personne anonyme et concernée

Oui, je suis ami d’Israël.

Par principe, je suis avec les plus faibles et, en dépit de la puissance de frappe de votre armée, je n’imagine pas un Juif appuyer sur le bouton rouge.
· Je suis ami d’Israël, parce que votre volonté de vivre est si forte que vous ne voyez pas la menace derrière votre porte et n’entendez pas les hurlements de la meute sous vos fenêtres.

· Je suis ami d’Israël, parce que, de toute évidence, vos ennemis ne cachent plus désormais leur volonté de vous anéantir, projet qu’ils avaient habilement déguisé jusqu’à maintenant.

· Je suis ami d’Israël, parce que ma famille n’était pas à vos côtés quand vos bourreaux vous martyrisaient et vous insultaient dans la langue de Goethe. Et moi, je ne veux pas ressembler à ma famille.

· Je suis ami d’Israël, parce qu’il est patent que l’antisémitisme est le motif, le seul motif qui anime vos détracteurs.

· Je suis ami d’Israël, parce que Dimanche dernier, je suis allé à la messe et la figure du Christ sur le maître-autel me disait toute la tristesse de la solitude d’Israël.

· Je suis ami d’Israël, parce que dans vos hôpitaux, vous soignez vos ennemis et leurs enfants.

· Je suis ami d’Israël, parce qu’ on parle de vous et qu’on s’attaque à vous comme si vous étiez aussi puissants que les USA et que, cela veut dire que vos ennemis savent que vous portez un destin dont l’accomplissement sauvera le monde.

· Je suis ami d’Israël, parce que je n’aime pas avoir honte et, ne pas vous soutenir maintenant reviendrait se couvrir de flétrissures.

· Je suis ami d’Israël, parce que dans la barbarie qui vous cerne, vous persévérez à croire que le droit est plus puissant que la force.

· Je suis ami d’Israël, parce que tout votre peuple était contenu dans le visage rayonnant de la fille policier qui, contrôlant mon passeport à l’aéroport Ben Gourion me dit comme l’aveu d’un sentiment contenu : « Baroukh Aba béIsraël, » soyez le bienvenu en Israël !

· Je suis ami d’Israël parce que tout en connaissant la colère et la révolte, vous n’arrivez pas à transformer en haine votre désir de justice.

· Je suis ami d’Israël, parce vous ne savez pas vous défendre face à une presse qui se déshonore.

· Je suis ami d’Israël, parce que la démocratie n’a pas été chez vous précédée d’une consultation populaire mais qu’elle figure naturellement dans la Déclaration d’Indépendance, comme si toute autre alternative n’était pas envisageable.

· Je suis ami d’Israël, parce que je voyage souvent dans les pays qui vous environnent et que, du point de vue des libertés, comme l’on dit, dans la langue populaire, « y’a pas photo ! » Et, pour des motifs plus privés mais que je dévoile malgré tout, je vous confie que, dans ma relation à vous, il y a plus que l’amitié. Aussi, au risque d’être impudique :

Je t’aime, peuple d’Israël, parce que tu es devenu la proie de tous les extrêmes, je t’aime, peuple d’Israël, parce que je sais que tu portes un lourd fardeau, et que, tu finis par m’énerver en ne cessant de répéter comme un exorcisme : « yihéyé bésséder, ça s’arrangera ! » Et puis enfin, je t’avoue une faute à tes yeux, peut être, je n’aime pas perdre, et je t’aime, vraiment, car le combat qui t’est imposé est tellement injuste, que tu finiras par l’emporter, et moi, ton ami goy, je veux être fier d’être à tes côtés, quand le monde reconnaîtra qu’il s’est fourvoyé.
> Oui, vraiment, être ton ami, Israël, Et si la prière d’un goy a quelque valeur à tes yeux, je veux dire, face à face, au créateur, en employant l’impératif : « Tu dois bénir ce peuple, peut être et d’abord, parce que Tu l’as élu, mais surtout, parce que c’est l’un des rares à être encore… à la fois Juste et Fort

Discours du maire de Sucy pour les voeux intercommunautaires 2019

Echange de vœux avec les communautés religieuses de Sucy

Dimanche 27 janvier 2019

Message de Marie-Carole CIUNTU, Maire de Sucy

 

Madame, Messieurs les représentants des communautés religieuses, juive, musulmane, catholique, orthodoxe, protestante,

Mesdames, Messieurs les élus du Conseil municipal, Chers Collègues,

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

 

Permettez-moi de vous remercier des paroles que vous venez de prononcer dans cette salle des mariages où j’ai toujours plaisir à vous entendre et à vous accueillir avec mes collègues du Conseil municipal. Je voudrais tout particulièrement souhaiter cette année la bienvenue parmi nous à Madame Céline SICK, nouvelle pasteure du temple de Boissy et de la communauté protestante.

 

Tous les ans, nous formons tous ensemble des vœux de paix, de sérénité et de tolérance dans un monde qui en manque toujours cruellement. A commencer par la France.

Chacun s’en souvient, le 11 décembre dernier, une attaque terroriste a été perpétrée sur le marché de Noël de Strasbourg faisant cinq victimes et de nombreux blessés de toutes origines. Ainsi, renaissait le spectre des attentats de 2015. La veille, c’est le cimetière juif de Herrlisheim (dans le Bas-Rhin) qui avait été profané.

 

Au même moment, notre pays connaît une crise sociale grave dont l’un des aspects préoccupants est, à mes yeux, d’officialiser la fracture de la population en deux parties distinctes selon le lieu d’habitation et le niveau social.

 

Responsables politiques ou responsables religieux, cette situation ne peut pas nous laisser indifférents. Plus que jamais, nous nous devons de dialoguer, d’échanger, d’écouter la parole de l’autre, non pour approuver tout ce qu’il dit ou tout ce qu’il croit, mais pour connaître sa pensée, comprendre son raisonnement, interroger ses propres certitudes. Cela permet d’éviter tous les discours systématiques. Cela nous sert à confirmer, qu’au-delà de ce qui peut nous séparer, nous pouvons nous rapprocher sur certaines valeurs essentielles qui fondent l’âme humaine. Et aussi, et peut-être surtout, se garder de certaines idées reçues ou démentir quelques idées fausses.

 

A Sucy, vous êtes, Madame, Messieurs les représentants des cultes, les porteurs de ce message d’ouverture. C’est déjà ici une longue histoire. L’Amitié Judéo Chrétienne de France a d’ailleurs salué très récemment la contribution de certains d’entre vous à cette histoire en attribuant, à Raphy Marciano et à Franklin Rausky, son prix annuel en raison de leur action ancienne et inlassable en faveur du dialogue entre les juifs et les chrétiens. N’ayant pas pu être à vos côtés lors de la remise de ce prix, j’en profite pour vous adresser aujourd’hui mes félicitations en même temps que mes remerciements car je sais que c’est aussi un peu Sucy qui était à l’honneur à travers vous. J’y associe également François Lerossignol pour lequel vous me permettrez d’avoir une chaleureuse pensée.

 

En ce qui concerne la Municipalité, nous avons le devoir – mais je sais bien que cela rejoint aussi vos préoccupations dans chaque communauté religieuse – nous avons le devoir de penser à ceux  qui connaissent des difficultés financières ou des situations sociales compliquées. Depuis quelques années vous le savez, l’épicerie solidaire, soutenue par la Mairie et aidée par des bénévoles dévoués, fait un travail de fond très utile. Nous cherchons comment aller plus loin, notamment dans deux directions : la précarité énergétique en matière d’habitat car une meilleure utilisation de l’énergie dans son logement ne doit pas être réservée qu’aux plus aisés ; deuxième direction, le domaine de la santé. Nous réfléchissons actuellement (au sein du CCAS) à la mise en place d’une mutuelle communale afin de permettre, en particulier à tous ceux ne disposant pas de mutuelles, de pouvoir en avoir une.

 

En 2019, puissions-nous unir nos efforts pour parvenir à maintenir les liens qui nous permettent de lutter contre toutes les fractures afin de former une seule et même Nation.

 

Le 8 décembre dernier, a eu lieu à Oran, la cérémonie de béatification des sept moines de Tibhirine. C’est l’occasion de rappeler le message profond qui était le leur. L’ouverture aux autres et l’amour de son prochain. Ces moines installés de longue date en Algérie, soignaient tous ceux qui venaient dans leur dispensaire. Ils étaient parfaitement intégrés à leur environnement. Ils ouvraient une salle pour l’éducation religieuse musulmane des enfants du village. Leur prieur, Christian de Chergé, aimait à répéter cette phrase si simple et si vraie : « Dieu » ne sert à rien s’il n’aide pas les hommes à vivre ensemble.

 

Alors, je souhaite, pour cette année nouvelle, que nous restions sur le chemin du vivre ensemble sans nous éparpiller sur les bas-côtés de la route. Si chacun de nous y contribue à sa façon, à sa mesure, même modestement, nous aurons plus de chance d’y parvenir.

 

Mes chers amis, bonne et heureuse année du fond du cœur à vous tous et, pour conclure, je voudrais laisser à votre méditation cette pensée de Sir Thomas More. J’ai appris très récemment que le célèbre auteur de « l’Utopie » avait été fait Saint Patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques  il y a quelques années par le Pape Jean-Paul II.

Voici une raison de plus, en particulier pour mes collègues et moi, d’écouter ce qu’a encore à nous apprendre ce fabuleux humaniste du XVIème siècle. Il écrivait notamment ceci : « l’homme sage prévient le mal plutôt que d’employer les remèdes ; il évite ainsi la douleur plutôt que de recourir aux soulagements. »

 

Mesdames, Messieurs, je vous remercie.

Discours de notre Président Raphy Marciano à la remise de son prix 2018 de l’ACJF

PARIS CENTRE SAFRA

21 NOVEMBRE 2018

PRIX DE L’A.J.C.

REMERCIEMENTS

BONSOIR

Mes remerciements tout d’abord à l’Amitié Judéo Chrétienne de France, ma gratitude à vous Madame Jacqueline Cruche, à vous Cher Bruno Charmet, à toi chère Ezbietta.

Je remercie le Grand Rabbin de France, qui nous honore de sa présence.

Ma reconnaissance à vous, François Lerossignol, au Père Louis Marie Coudray et à mon Ami le Père Patrick Desbois.

Ma gratitude au Grand Rabbin, Gilles Bernheim à qui je dois tant….

Le 31 octobre 1971 Emmanuel Levinas, directeur de ce lieu prestigieux ouvrait le colloque des Intellectuels juifs par ces mots que je reprendrais volontiers à mon compte

« J’ai l’honneur de souhaiter la bienvenue aux membres du XII colloque… sans évoquer tous les noms que je voudrais saluer individuellement…Je les salue au nom de l’école qui les accueille dans ces locaux et au nom de l’Alliance Israelite Universelle, mère de cette école. Mère et fille, toutes les deux sont âgées, mais jeunes par leur ouverture sur le monde et par la jeunesse qui circule dans les veines de cette maison »

Mesdames et messieurs, chers amis,

Si je ne peux évoquer, moi aussi, tous les présents, permettez moi de rappeler des absents pour toujours, mais éternellement présent pour moi et c’est à eux que je dédie ce prix, au Révérend Père Jean Dujardin et à Elie Wiesel.

A Jean Dujardin, en souvenir de toutes nos rencontres hebdomadaires jusqu’à la veille de sa disparition et à Elie Wiesel à qui je dois tant et qui a contribué pendant plus de 30 ans à enrichir mon judaïsme, et me rendre plus fier.

C’est avec une infinie tristesse que je mesure encore aujourd’hui leur grandeur au vide qu’ils laissent.

J’ai ce soir une pensée émue pour Alain Didier Weil disparu cette semaine.

Le prix que je reçois aujourd’hui honore d’abord la rencontre et le dialogue judéo-chrétien et tous les hommes de Foi.

Je le comprends d’abord comme le fruit de mes rencontres, de nos parcours, de nos actions engagées dans ce dialogue.

Ce prix je l’interprète comme la transmission de ce dialogue, parfois difficile certes, car il engage nos intimes croyances et nos profondes convictions. Il est enthousiasmant et prometteur, sur bien des points. C’est d’abord la reconnaissance de notre foi, comme fondement certain de la Paix Universelle. Derrière des vérités dogmatiques qui s’opposent, nous accueillons sans crainte la diversité des cheminements spirituels. Notre dialogue

implique la mise entre parenthèse des orgueils. Il ne vise pas l’œcuménisme, mais à l’obligation morale de la connaissance, de l’acceptation et du respect.

Le temps est venu aujourd’hui d’interroger et de revenir sur l’évolution de ce dialogue au cours des dernières décennies, quelles sont les divergences qui demeurent encore aujourd’hui ? Et comment pouvons nous les surmonter ?

C’est l’occasion de repenser les relations entre l’Eglise et la Synagogue.

Ce dialogue commence dans sa forme historique, comme un mouvement de rencontres d’Hommes et de Femmes, de différentes sensibilités religieuses, au lendemain de la 2ème

Guerre mondiale. Il est important de situer, les premières rencontres, dans le climat démocratique et humaniste de l’immédiat après-guerre. Les chrétiens qui avaient pris part à ces premières tentatives, étaient des hommes et des femmes ecclésiastiques et laïques qui avaient participé à la Résistance armée ou pacifique, contre l’occupant nazi et au projet de sauvetage des juifs européens menacés d’extermination ; Ces pionniers chrétiens, avaient pris durant la guerre des initiatives courageuses pour rester fidèles à leur foi.

A l’origine pour beaucoup d’entre eux, il s’agissait plutôt de secourir des juifs persécutés, que de dialoguer avec le judaïsme. Lentement dans leur esprit a cristallisé l’idée que le juif, n’est pas simplement la cible d’une haine injustifiable, mais aussi porteur d’un message spirituel.

Il a fallu de la part de ces croyants chrétiens souvent éduqués, dans une vision méprisante d’Israël, un remarquable courage intellectuel : reconsidérer le rapport entre judaïsme et christianisme.

Du coté des juifs, ceux qui s’engageaient dans ce dialogue étaient souvent des rescapés de la Shoah et des résistants, qui avaient connu la clandestinité. Ils découvraient un autre visage du christianisme celui des résistants avec qui ils partageaient le rêve d’une société de liberté : Le défi aujourd’hui est de transmettre l’esprit de la déclaration de SELIGSBERG.

Juifs et chrétiens ont vécu sur les mêmes terres pendant 2000 ans en se contemplant en chien de faïence. Il y avait une proximité géographique très étroite, mais une distance psychologique très significative. Pour combler ce gouffre il a fallu l’expérience terrifiante de la Shoah.

Le monde chrétien a accepté de réexaminer dans son enseignement, la place du judaïsme et du peuple juif, pour dépasser les préjugés de l’antique enseignement chrétien, des pédagogues, des théologiens, des historiens se sont attelés à cette tache, remarquable de courage. Il est important que dans le monde juif, dans notre enseignement pour les nouvelles générations, nous donnions une vision éclairée et ouverte du christianisme et des chrétiens.

Chers amis, j’ai eu tout au long de mon parcours, l’honneur de rencontrer des personnalités exceptionnelles, acteurs et actrices du dialogue interreligieux.

Ces rencontres furent l’occasion de surmonter, ensemble des stéréotypes toujours ancrés, et de m’investir dans la connaissance de l’autre d’une part, et d’autre part dans la présentation de mon judaïsme, dans le cadre de ce qui m’apparait, comme un combat pacifique pour la reconnaissance.

Il ne s’agit pas de se contenter d’un dialogue de surface, ou d’échanger des propos consensuels, mais bien dans le prolongement d’un dialogue exigeant, ne ménageant pas la critique, toujours nécessaire, de se confronter aux conflits et aux préjugés

Au delà de ces rencontres il y a cependant une volonté guidée par la spiritualité en partage, qui souhaite réaffirmer la présence de Dieu pour l’Humanité.

J’ai confiance dans notre capacité mutuelle à œuvrer de concert pour l’approfondissement de ce dialogue.

Il me faut à présent revenir sur ma perspective, et sur ce qui rend peut être ce témoignage particulier. Il s’agit bien entendu d’un point de vue, d’un Homme Juif, pénétré du sentiment d’appartenir à un grand peuple, à un vieux peuple, à une mémoire sacrée, à une histoire unique et singulière. Cette fierté n’est pas le signe d’un quelconque complexe de supériorité, mais bien plutôt le signe d’une mission éthique, qui indique des Devoirs, des obligations, des juifs envers les Nations.

Adolescent j’ai vécu à ma mesure, une sorte de « choc des civilisations », « choc des cultures » même si celui-ci n’a pas la même tonalité conflictuelle, que la thèse du professeur HUNTINGTON.

Je suis en effet, né dans la ville blanche, baignée de lumière à Casablanca. Mes souvenirs me dépeignent une enfance heureuse, sous un ciel bleu, au milieu d’une rue située entre 2 églises anglicane et catholique.

Evidemment j’étais bien incapable à l’époque de comprendre la différence entre ces 2 lieux de culte. J’en admirais l’architecture, la vie chaleureuse qui s’y déroulait, j’aimais le son des cloches, j’aimais observer la foule de jeunes chrétiens élégamment habillés, se rendre à la messe.

Pour ma part, je me rendais toujours avec joie à leur Kermesse respectives, j’y rencontrais alors mes amis « français » de l’école. Nous disions «français» pour désigner les «chrétiens». Ces enfants sages, propres et si polis. Aurais-je eu une seule raison de m’en méfier ? Pourtant j’avais peur de rentrer dans une église.

Mon éducation tant familiale que religieuse n’a jamais été empreinte de haine à l’égard des chrétiens. Parfois même, je ressentais une espèce d’admiration à l’endroit des chrétiens. Mais incontestablement nous rejetions le message chrétien qui nous semblait porteur de haine à l’égard des juifs.

Ma grand-mère ne prononçait jamais le nom de Jésus, et par une rhétorique élégante, elle disait simplement « El Hijo de su madré » « le fils de sa mère ». J’ai ainsi évolué dans mon environnement chrétien, avec des sentiments contradictoires ; Le chrétien ne générait aucune suspicion de ma part, mais le christianisme m’inquiétait, lorsque je regardais une croix, je percevais une Epée, autrement dit la violence des croisades, de l’inquisition, des souffrances infligées au nom d’une religion. Je ressentais un malaise indicible, une déchirure intérieure.

Chers amis, des juifs, vous en avez rencontré tout au long de votre existence, ils ont partagé avec vous toutes sortes d’expériences, vous les avez rencontré, sur les bancs de l’école, à l’université, dans le cadre professionnel, les juifs d’une certaine manière ne vous sont pas inconnus ; mais vous vous interrogez cependant sur ce qui constitue leur judéité, leur différence…

Le dialogue avec les chrétiens n’est pas un dialogue entre une majorité, 1 milliard de chrétien et une minorité de 12 millions de juifs.

Mais entre 2 minorités, des juifs engagés d’une part, dans ces problématiques dialogiques et une minorité de chrétiens d’autre part très impliquée, dans cette rencontre. On réalise alors, que les autres ne sont pas, le double de nous-mêmes, et que nos différences sont une source d’enrichissement mutuel. Le dialogue avec les chrétiens nous enrichit, dans la mesure où il nous permet de mieux comprendre le christianisme vivant, tel qu’il s’exprime et qu’il ne suffit pas de le connaitre à travers les livres.

Lorsque nous contemplons 2000 ans d’histoire, des relations entre la judéité et la chrétienté, nous ne pouvons certes pas ignorer le poids considérable de l’histoire, et de la violence, de l’intolérance, de la destructivité et même de la cruauté. Mais ce que nous avons réussi à instaurer en France peut servir de paradigme. Nous avons refusé de nous résigner à la fatalité du fanatisme et de l’intolérance.

Nous avons compris dans la nouvelle vision de l’Eglise que le prosélytisme doit céder la place à la reconnaissance de « l’autre » comme « autre », dans une fraternité, dans l’altérité, une altérité qui ne saurait être provisoire, Israël n’est pas Israël pour quelques années, Israël est là pour l’Eternité.

Dans le même état d’esprit le judaïsme n’a aucune mission prosélytique à accomplir auprès des chrétiens. Leur christianisme n’est en rien un scandale à tolérer, il est un accomplissement de leur Foi.

Le judaïsme et le christianisme doivent se garder de toute tentation de syncrétisme, il ne s’agit pas d’arriver par palier successifs à un seul culte, «le culte unifié universel » fabriqué de bribes de judaïsme et christianisme.

Nous avons montré ensemble avec courage, avec co-responsabilité, que dialoguer c’est vivre ensemble et partager l’expérience d’une recherche spirituelle commune, dans le respect de nos différences. La différence n’est pas un malheur, le malheur c’est la différence haineuse et conflictuelle. Il faut continuer à tendre vers une autre forme de reconnaissance la différence heureuse et conviviale.

Nous avons compris que le dialogue c’es d’abord que « l’on est d’accord sur quoi nous ne sommes d’accord »

Entre nos théologies, il existe des zones d’opposition, le dialogue n’y mettra pas fin. Il nous faudra vivre dans la reconnaissance des domaines théologiques conflictuels. L’objectif du dialogue n’est pas d’imaginer des compromis théologiques ou historiques. La foi n’est pas un programme à raboter, à rendre conforme.

De là, l’existence de la LEGITIMITE d’une opposition entre la foi juive et la foi chrétienne, qui n’est en rien une opposition entre juifs et chrétiens.

Dialoguer c’est apprendre à vivre, à construire ensemble, alors que nos convictions restent profondes et différentes.

Nous sommes en train de réussir le dialogue de demain. Nous continuerons à aborder les questions qui sont au cœur du dialogue.

Les réponses à la Shoah, la place de la loi (la notion de la Mitsvah) et l’Etat d’Israël.

C’est parce qu’il y a dialogue que notre regard change, être en situation de dialogue c’est avoir un regard historique critique et lucide, c’est nous considérer comme des partenaires d’un projet collectif divin. Nous devons rester optimistes et confiants.

Nous voyons effectivement, que si nous avons des points communs, si nous avons une vision communes du monde, les deux messages ne sont pas identiques.

Seront-ils alors différents pour toujours ?? Pour nous juifs, le message n’est pas destiné à converger vers une sorte de religion, où juifs et chrétiens se retrouveraient ensemble dans une seule Vérité. Pour le juif, le monde est un monde de différence, de l’altérité, composé de l’un et de l’autre, du Moi et du prochain, et en conséquence. Que les chrétiens restent chrétiens ne me troublent en rien, ils ne constituent pas un désaveu du message juif.

Alors, est ce que le fait de rester juif, est un désaveu du christianisme ??

Il faut que le chrétien cesse de le penser, nous ne sommes pas juifs, par refus du christianisme, nous sommes juifs par l’acceptation du message de le Torah et des Mitzvots.

Il est important que le chrétien redécouvre le judaïsme qu’il connaissait de façon fort déformée à travers les écrits des pères de l’Eglise, à travers l’apologétique chrétienne. Et pour découvrir la pensée de l’autre ! Il faut commencer par écouter le message de l’autre … D’autre part, l’interlocuteur juif découvre la vision chrétienne qu’il connait très mal, souvent à travers des stéréotypes. Le juif découvre que le christianisme est un vrai monothéisme – et en quoi il a des racines juives, en quoi le christianisme a une lecture de la Bible qui peut nous interpeller…

Le dialogue permet le face à face ! Il faut que juifs et chrétiens acceptent que nos deux théologies ne se rencontrent pas, qu’elles ne se rencontreront jamais –elles se rencontreront peut-être dans un autre temps de l’Histoire – on s’interroge sur plusieurs points.

Dans le judaïsme très clairement, il y a une transcendance absolue de Dieu. Il n’y a pas immanence. Dieu est transcendant dans le sens où il ne s’incarne pas dans l’Homme : Il n’entre pas dans l’Histoire de l’Homme.

L’idée chrétienne de l’incarnation, où Dieu nous envoie un fils qui est engendré par Lui, est une idée profondément contraire à tout ce que nous enseigne le judaïsme. Dans le judaïsme, l’homme est crée par Dieu.

Il n’est jamais engendré par Dieu, il n’existe aucun être humain, qui soit engendré par Dieu.

Dés le départ, l’idée même de « Jésus fils de Dieu » et fils d’une mère humaine est contraire au judaïsme et sur ce qu’il nous enseigne, c’est-à-dire la distance infinie qui existe entre Dieu et l’Homme…

Le judaïsme part du principe de la transcendance absolue de Dieu et en conséquence, l’idée chrétienne de « l’Immaculée conception », de « la virginité de Marie », de « l’incarnation de Jésus », « Jésus fils de l’Esprit Saint » sont des principes contraires à la tradition juive.

D’ailleurs, ils n’apparaissent dans le monde chrétien que tardivement, les premiers apôtres, d’ailleurs, qui étaient juifs ne s’exprimaient pas dans ces termes…

Dans le judaïsme, l’espérance messianique ne s’est pas encore réalisée, nous vivons dans un monde encore inachevé, imparfait, un monde à reconstruire, à refonder ; il est encore un monde de l’aliénation, de l’oppression, de la souffrance. Nous avons un espoir messianique…

mais nous ne vivons pas dans un monde qui a connu la rédemption. Mais dans un monde qui est en attente de la rédemption.

La Loi, c’est ce qui permet aux hommes de vivre ensemble, de construire un monde meilleur. La Loi n’est pas simplement une convention établie par les hommes. La Loi – Mitzva, ce n’est pas simplement un épisode de l’histoire humaine ; la Loi c’est le fondement même de l’existence humaine collective. Le rôle, l’idée dans le judaïsme que le monde ne pourrait avoir ni compréhension, ni sens… sans la Loi.

Le christianisme par du principe que l’amour, la grâce, la miséricorde remplacent la Loi, et que la foi remplace la législation. Le judaïsme au-delà d’une vision émotionnelle, considère que la loi ce n’est pas la froideur, c’est au contraire la chaleur d’un lien humain fondé sur des exigences.

Le judaïsme c’est la foi d’un peuple, pas celle de l’humanité.

Ce que nous voulons, c’est améliorer, le peuple d’Israël, pour qu’il soit en mesure, de transmettre à l’Humanité, ses valeurs, et il ne s’agit pas de transformer l’Humanité en futur peuple d’Israël…

Les chrétiens demeurent convaincus qu’à l’avenir l’Humanité reconnaitra la vérité de l’Evangile. Nous juifs, nous ne pensons pas, qu’à l’avenir l’Humanité reconnaitra la Vérité de la Torah : ce n’est ni notre espoir, ni notre désir.

A la fin du dialogue chacun demeure ce qu’il est, nous nous sommes enrichis : les juifs restent juifs et les chrétiens restent chrétiens.

L’espoir ? C’est de réduire les tensions, supprimer la haine, abolir l’antagonisme et reconnaitre les différences dans la dignité, dans sa légitimité.

La vérité ce n’est pas le consensus… la vérité c’est la dimension qui nous permet de pacifier nos désaccords…

Quels enjeux, quels défis pour demain ? Pour la première fois, notre siècle voit les églises tenir un langage positif sur le peuple juif, le reconnaitre comme celui qui n’a pas cesser d’être : le partenaire de l’Alliance de Dieu. Des amis chrétiens commencent à aborder des questions neuves :

* Comment se définit alors l’Eglise quand elle affirme que le peuple juif n’a pas cessé d’être le peuple de Dieu ?

* Comment confesser « Jésus Sauveur » tout en reconnaissant l’actualité de l’existence juive pour le salut des nations ?

* Comment penser une eschatologie qui ne soit pas un triomphe du christianisme sur le judaïsme ?

* Pour bien des chrétiens, parler des juifs c’est parler des contemporains de Jésus, oubliant ceux d’aujourd’hui ?

* Oui ou non, le peuple juif est-il encore aujourd’hui l’Israël de Dieu ? Est-il le peuple éternel de l’éternelle alliance de Dieu au Sinaï ?

Chers Amis, il y a incontestablement une mutation radicale dans le regard des Eglises. En ce qui concerne le judaïsme, il convient dans le monde juif d’amorcer une mutation toute aussi significative dans le regard porté par les croyants juifs sur le monde chrétien. Il est important

que ses autorités spirituelles, ses institutions, ses écoles, ses moyens de communications, ses penseurs, continuent à réfléchir à une nouvelle vision du christianisme, en donnant une vision éclairée. Il faut aller vers une éducation de rapprochement. Nos écoles sont étrangères au dialogue judéo-chrétien. La coexistence ne doit pas être uniquement pragmatique. Nous Juifs, nous devons continuer à comprendre que nous ne pouvons pas avoir un rapport avec les chrétiens uniquement pour leur signifier ce qu’ils n’ont pas fait, leurs lacunes et leurs taches. Il faut aller vers un Renouveau de la rencontre.

Chers Amis, nous vivons un moment exceptionnel de l’Histoire des relations entre l’Eglise et la Synagogue. Pour la première fois nous parlons d’égal à égal, il n’est plus question d’une relation de domination, de triomphalisme entre une Eglise puissante et une Synagogue faible et réduite, même si la chrétienté est majoritaire et le judaïsme minoritaire. Ce qui par ailleurs n’a jamais été un phénomène troublant pour les juifs, dans la mesure où la vérité est totale et indépendante du nombre de voix qui la proclame.

Peu après la deuxième guerre mondiale, un évènement inattendu et déconcertant est venu troubler la sérénité et le confort de la conscience occidentale. Dans un petit territoire au bord de la méditerranée, les juifs venus du monde entier ont fondé le nouvel état juif « l’Etat d’Israël ». Pour la première fois depuis 2000 ans, il y avait un pays ou les juifs constituaient une majorité. Dans cet état démocratique, pluraliste, tolérant, respectueux des différences, toutes les confessions sont reconnues et respectées. Pour la première fois les chrétiens se retrouvent en minorité.

Les chrétiens allaient-ils s’engager comme en diaspora dans le dialogue véritable avec la confession juive majoritaire ? C’était là le test d’une véritable réciprocité pour les consciences. Fallait se résigner à un dialogue déséquilibré, dans lequel les chrétiens ne parlent aux juifs que là ou l’Eglise est majoritaire ?

Aujourd’hui le dialogue est au point mort tout se passe comme si les chrétiens vivent en vase clos ; Certes des rabbins sont reçus au Vatican, mais c’est pratiquement un dialogue entre les juifs d’Israël et des chrétiens de l’Etranger.

Il est plus facile pour un juif de Jérusalem de rencontrer l’archevêque de Paris que de rencontrer le Patriarche Latin de Jérusalem. Que se passe t-il ? Quelles sont les raisons de cette extrême difficulté à entamer le dialogue. Nous posons simplement la question car nous ne pouvons prétendre formuler une réponse définitive face à cette amère réalité.

Je voudrais rappeler dans la mesure où il existe dans le dialogue aujourd’hui en France une extrême correction à l’égard du judaïsme, de la part de l’Eglise.

Nous avons admis qu’on ne peut dialoguer avec des juifs en mettant entre parenthèse l’existence de l’Etat d’Israël.

Le Peuple juif n’est pas l’équivalent d’une Eglise, il n’est pas une fédération de Synagogues. Le peuple juif est une communauté historique. Ce que nous défendons c’est la légitimité de la présence juive et les droits historiques du peuple juif sur cette terre et pas une autre.

Vous avez raison de parler de Jérusalem comme une ville Unique et Universelle. Mais elle est unique et universelle que parce qu’elle est Juive.

Amis chrétiens vous savez combien votre amitié nous est précieuse. Il nous faut nous entêter, nous obstiner pour préserver nos rencontres au-delà des contingences…

Je demeure profondément convaincu que nous saurons ensemble honorer notre coresponsabilité à l’égard de l’Humanité.

Demeurons nous-mêmes, profondément à l’écoute de l’autre, car notre monde pour survivre à ses bouleversements dramatiques doit être le monde de l’Un et de l’Autre, pas l’Un sans l’Autre.

Pour conclure, une histoire hassidique :

Un vieillard avait l’habitude de se rendre au cœur de la foret dans un endroit secret pour chanter une mélodie –hymne de louanges à Dieu.

Son fils par négligence n’a plus su retrouver cet endroit, mais il se souvenait de la mélodie et de la prière.

Le petit fils savait fredonner l’air, mais avait oublié la prière et l’endroit.

L’arrière petit fils avait tout oublié.

Mais un jour ce petit fils, après un long périple arrive à Eretz Israël, sa communauté, il a retrouvé la Mélodie, le Prière, et le Lieu.

MERCI

Une journée à la mémoire des victimes de la Shoah…

Chaque année, en Israël et partout dans le monde, un hommage est rendu lors de Yom HaShoah aux 6 millions de Juifs morts durant la Seconde Guerre mondiale, victimes des nazis et de leurs collaborateurs.

En France, 76 000 Juifs – dont 11 400 enfants – ont été déportés vers les camps de la mort. Seuls 2 600 d’entre eux survécurent.

En 2018, Yom HaShoah se tiendra les mercredi 11 et jeudi 12 avril. Vous trouverez sur le site yomhashoah.fr le programme des manifestations organisées à cette occasion en France.

Lecture des noms des déportés juifs de France

Cette année seront lus les noms des Juifs de France déportés par les convois n°71 à 85, des Juifs morts en camp d’internement en France, exécutés comme résistants, comme otages ou abattus sommairement (listes 90 et 91), et des personnes déportées par les convois n°1 à 20.

Du mercredi 11 avril 2018, 19h
au jeudi 12 avril, 18h45

Mémorial de la Shoah
17 rue Geoffroy-L’Asnier 75004 Paris

Lecture du Kaddish au Mémorial de la Shoah

Jeudi 12 avril 2018

à 7h45

17 rue Geoffroy-L’Asnier 75004 Paris

OFFICE SOLENNEL

Jeudi 12 avril 2018

à 19h30

Synagogue des Tournelles

21 bis rue des Tournelles – 75004 Paris

Discours d’Emmanuel Macron lors de l’hommage national au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame

Le président de la République Emmanuel Macron a prononcé ce discours le 28 mars, dans la cour des Invalides, en hommage au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame tué dans l’attentat de Trèbes (Aude). Le gendarme avait volontairement pris la place d’une femme retenue comme otage.

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Messieurs les Présidents,
Monsieur le Premier ministre,
Madame et Messieurs les Premiers ministres,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames et Messieurs les Officiers, Sous-officiers, Gendarmes adjoints volontaires d’active ou de réserve, personnels civils de la Gendarmerie nationale,
Chère Madame BELTRAME,
Chère Madame NICOLIC-BELTRAME,
Chères familles,
Mesdames et Messieurs,

Il était environ onze heures ce vendredi 23 mars 2018, lorsque le lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME s’est présenté avec ses hommes devant la grande surface de Trèbes dans l’Aude.

Un quart d’heure seulement leur avait suffi pour être sur les lieux.

Que savait-il à ce moment-là du terroriste qui s’y était retranché ?

Il savait qu’il avait un peu plus tôt tué le passager d’un véhicule, Jean-Michel MAZIERES, et grièvement blessé son conducteur Renato GOMES DA SILVA.

Qu’il avait fait feu sur des CRS aux abords de leur caserne et blessé l’un d’entre eux à l’épaule, le brigadier Frédéric POIROT (phon).

Que dans ce commerce où il s’était retranché il avait abattu deux hommes à bout portant : Hervé SOSNA, un client, et Christian MEDVES, le chef boucher.

Nous pensons en cet instant à ces blessés, à ces morts, nos morts, et à leurs familles dans le recueillement.

Il savait aussi que le terroriste détenait une employée en otage. Qu’il se réclamait de cette hydre islamiste qui avait tant meurtri notre pays. Qu’avide de néant ce meurtrier cherchait la mort. Cherchait sa mort. Cette mort que d’autres avant lui avaient trouvée. Une mort qu’ils croyaient glorieuse, mais qui était abjecte : une mort qui serait pour longtemps la honte de sa famille, la honte des siens et de nombre de ses coreligionnaires ; une mort lâche, obtenue par l’assassinat d’innocents.

L’employée prise en otage était de ces innocents.

Pour le terroriste qui la tenait sous la menace de son arme, sa vie ne comptait pas, pas plus que celle des autres victimes.

Son sort sans doute allait être le même.

Mais cette vie comptait pour Arnaud BELTRAME. Elle comptait même plus que tout car elle était comme toute vie la source de sa vocation de servir.

Accepter de mourir pour que vivent des innocents, tel est le cœur de l’engagement du soldat. Être prêt à donner sa vie parce que rien n’est plus important que la vie d’un concitoyen, tel est le ressort intime de cette transcendance qui le portait. Là était cette grandeur qui a sidéré la France.

Le lieutenant-colonel BELTRAME avait démontré par son parcours exceptionnel que cette grandeur coulait dans ses veines. Elle irradiait de sa personne. Elle lui valait l’estime de ses chefs, l’amitié de ses collègues et l’admiration de ses hommes.

A cet instant toutefois d’autres, même parmi les braves, auraient peut-être transigé ou hésité. Mais le lieutenant-colonel BELTRAME s’est trouvé face à la part la plus profonde et peut-être la plus mystérieuse de son engagement.

Il a pris une décision qui n’était pas seulement celle du sacrifice, mais celle d’abord de la fidélité à soi-même, de la fidélité à ses valeurs, de la fidélité à tout ce qu’il avait toujours été et voulu être, à tout ce qui le tenait.

Ce choix lui ressemblait tellement que sa mère apprenant qu’un gendarme accomplissait ce geste a instinctivement, presque charnellement reconnu son fils. Elle a su que c’était lui avant même de savoir.

Lucide, déterminé, le lieutenant-colonel BELTRAME a pris auprès du terroriste la place de l’otage.

Il était un peu moins de midi.

Un soldat aussi aguerri, gendarme d’élite, cité au combat en Irak, sentait surement qu’il avait rendez-vous avec la mort ; mais il avait rendez-vous avant tout et plus encore avec sa vérité d’homme, de soldat, de chef.
Ce fut la source de son immense courage : pour ne pas manquer aux autres, il faut ne pas se manquer à soi-même. Le lieutenant-colonel BELTRAME a fait ce choix parce qu’il se serait éternellement reproché de ne pas l’avoir fait.

Je sais ce que peuvent ressentir ceux qui étaient à ses côtés ce jour là. Ils revoient s’écouler lentement les minutes qui ont conduit à cette décision, ils revoient le lieutenant-colonel BELTRAME déposer son arme, lever les bras et s’avancer, seul, vers le terroriste. Ils savent désormais que tout s’est joué là. Ils savent aussi qu’il n’aurait laissé sa place à personne car l’exemple vient du chef, et l’exemplarité était pour lui comme pour chacun d’entre vous une vertu cardinale.

Au cœur de tout vrai courage se trouve une grande force morale. Elle ne se discute pas, elle pousse à agir. Avant même ce 23 mars, le lieutenant-colonel BELTRAME était de ces fils que la France s’honore de compter dans ses rangs. L’hommage que la patrie lui rend en ce jour, nous le rendons aussi aux actions remarquables qui avaient jalonné sa carrière, comme elles jalonnent la vie de tant de ses camarades au sein de nos armées.

Dés sa sortie de l’école Saint-Cyr, il avait choisi la gendarmerie. Il en avait fait sa seconde famille, parce qu’elle était proche de la vie de ses concitoyens, et qu’elle exigeait de lui, chaque jour, l’excellence.

Une gendarmerie qui paie chaque année son tribut à la sécurité et à la protection des Français. Une gendarmerie qui, cette fois encore, s’est illustrée par sa maîtrise et sa force.

Et je rends ici hommage aux forces de gendarmerie de l’Aude, à leur chef, le colonel Sébastien GAY, au chef du GIGN de l’antenne de Toulouse et à ses hommes, dont deux ont été blessés en menant l’assaut. Tous sont durement éprouvés par la perte de leur camarade.

Je sais, et les Français savent qu’ils ont tout fait pour que le pire n’advienne pas, comme leurs camarades de la police et du renseignement et de tous les services de la préfecture.

Les Français n’oublient pas non plus le tribut payé par toutes nos forces de sécurité sur le sol national, et par nos armées sur les théâtres extérieurs. Tous ont droit à notre respect inconditionnel.

Et tous – je le sais – partagent la certitude profonde qui animait le lieutenant-colonel BELTRAME : celle que son destin ne lui appartenait pas tout à fait, qu’il avait partie liée avec quelque chose de plus élevé que lui-même. Car il était un engagé, et il avait juré de faire corps avec un idéal plus grand et plus haut.

Et cet idéal, c’était le service de la France.

Dès que nous eûmes appris son geste, à l’issue incertaine, nous tous, Français, avons tremblé d’un frisson singulier.

L’un d’entre nous venait de se dresser.

Droit, lucide, et brave, il faisait face à l’agression islamiste, face à la haine, face à la folie meurtrière, et avec lui surgissait du cœur du pays l’esprit français de résistance, par la bravoure d’un seul entraînant la Nation à sa suite.

Cette détermination inflexible face au nihilisme barbare convoqua aussitôt dans nos mémoires les hautes figures de Jean Moulin, de Pierre Brossolette, des Martyrs du Vercors et des combattants du maquis. Soudain se levèrent obscurément dans l’esprit de tous les Français, les ombres chevaleresques des cavaliers de Reims et de Patay, des héros anonymes de Verdun et des Justes, des compagnons de Jeanne et de ceux de Kieffer – enfin, de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui, un jour, avaient décidé que la France, la liberté française, la fraternité française ne survivraient qu’au prix de leur vie, et que cela en valait la peine.

Car l’intolérable, jamais ne peut l’emporter.

Le camp de la liberté, celui de la France, est confronté aujourd’hui à un obscurantisme barbare, qui n’a pour programme que l’élimination de nos libertés et de nos solidarités. Les atours religieux dont il se pare ne sont que le dévoiement de toute spiritualité, et la négation même de l’esprit. Car il nie la valeur que nous donnons à la vie. Valeur niée par le terroriste de Trèbes. Valeur niée par le meurtrier de Mireille KNOLL, qui a assassiné une femme innocente et vulnérable parce qu’elle était juive, et qui ainsi a profané nos valeurs sacrées et notre mémoire.

Non, ce ne sont pas seulement les organisations terroristes, les armées de Daesh, les imams de haine et de mort que nous combattons. Ce que nous combattons, c’est aussi cet islamisme souterrain, qui progresse par les réseaux sociaux, qui accomplit son œuvre de manière invisible, qui agit clandestinement, sur des esprits faibles ou instables, trahissant ceux-là mêmes dont il se réclame, qui, sur notre sol, endoctrine par proximité et corrompt au quotidien. C’est un ennemi insidieux, qui exige de chaque citoyen, de chacun d’entre nous, un regain de vigilance et de civisme.

Il s’agit là, et depuis plusieurs années, d’une nouvelle épreuve.

Mais notre peuple en a surmonté beaucoup d’autres. C’est pourquoi il surmontera celle-ci aussi, sans faiblesse, et sans emportement, avec lucidité et avec méthode. Nous l’emporterons grâce au calme et à la résilience des Français ; peuple rompu aux morsures de l’histoire, patient dans le combat, confiant dans le triomphe ultime du droit et de la justice, comme si souvent l’a montré notre longue et belle histoire.

Nous l’emporterons par la cohésion d’une Nation rassemblée.

Pendant ces heures interminables, s’achevant par la mort du terroriste et le transfert du lieutenant-colonel vers l’hôpital de Carcassonne, dans la salle de commandement du ministère de l’Intérieur, nous avons tous espéré.

Chef des armées, j’ai moi aussi, ô combien, espéré. Le petit matin, hélas, nous a porté la nouvelle de sa mort comme un coup au cœur.

Pourtant, malgré la tristesse, malgré le sentiment d’injustice, la lueur qu’il a allumée en nous ne s’est pas éteinte, elle s’est au contraire propagée.

Alors que le nom de son assassin déjà sombrait dans l’oubli, le nom d’Arnaud BELTRAME devenait celui de l’héroïsme français, porteur de cet esprit de résistance qui est l’affirmation suprême de ce que nous sommes, de ce pour quoi la France toujours s’est battue, de Jeanne d’Arc au Général De Gaulle : son indépendance, sa liberté, son esprit de tolérance et de paix contre toutes les hégémonies, tous les fanatismes, tous les totalitarismes.

Puisse son engagement nourrir la vocation de toute notre jeunesse, éveiller ce désir de servir à son tour cette France pour laquelle un de ses meilleurs enfants, après tant d’autres, vient de donner héroïquement sa vie, clamant à la face des assoupis, des sceptiques, des pessimistes :

Oui, la France mérite qu’on lui donne le meilleur de soi.

Oui, l’engagement de servir et de protéger peut aller jusqu’au sacrifice suprême.

Oui, cela a du sens, et donne sens à notre vie.

Et je dis à cette jeunesse de France, qui cherche sa voie et sa place, qui redoute l’avenir, et se désespère de trouver en notre temps de quoi rassasier la faim d’absolu, qui est celle de toute jeunesse : l’absolu est là, devant nous.

Mais il n’est pas dans les errances fanatiques, où veulent vous entraîner des adeptes du néant, il n’est pas dans le relativisme morne que certains autres proposent. Il est dans le service, dans le don de soi, dans le secours porté aux autres, dans l’engagement pour autrui, qui rend utile, qui rend meilleur, qui fait grandir et avancer.

Telle est la voie montrée par Arnaud BELTRAME.

Cet engagement, je le retrouve chez nos militaires, nos pompiers, nos policiers, nos personnels soignants, nos professeurs, tous nos fonctionnaires engagés partout sur le terrain. Chaque étincelle en est précieuse en notre pays.

En sauvant cette jeune femme, le lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME a conjuré l’esprit de renoncement et d’indifférence qui parfois menace. Il a montré que le socle vivant de la République, c’est la force d’âme.

Je le dis à son épouse, à sa mère, à ses frères, la leçon qu’il nous a offerte est, je le sais, d’un prix inacceptable, même si c’est le prix que chaque soldat est prêt à payer.

La gratitude de la patrie et les honneurs rendus ne vous ramèneront pas l’être que vous aimiez tant et dont toute la France a découvert ces derniers jours, le goût du bonheur, l’amour qu’il portait à sa famille, le sens de l’amitié. Ce héros était un homme avec son histoire, ses liens, ses sentiments, ses questionnements et lui-même avait ses héros, qui étaient les grands soldats français.

Arnaud BELTRAME rejoint aujourd’hui le cortège valeureux des héros qu’il chérissait.

Il vivra en vous, par vous, dans votre souvenir, dans vos prières ; mais ce que nous vous devons, c’est qu’il ne soit pas mort en vain, que sa leçon demeure gravée dans le cœur des Français.

Sa mémoire vivra. Son exemple demeurera. J’y veillerai ; je vous le promets.

Votre sacrifice, Arnaud BELTRAME nous oblige

Il nous élève. Il dit comme aucun autre ce qu’est la France, ce qu’elle ne doit jamais cesser d’être et qu’elle ne cessera jamais d’être tant que des femmes et des hommes décideront de la servir avec le courage, le sens de l’honneur, l’amour de la patrie que vous avez démontrés.

A ces mots, vous avez donné l’épaisseur de votre vie et les traits de votre visage.

Au moment du dernier adieu, je vous apporte la reconnaissance, l’admiration et l’affection de la Nation toute entière.

Je vous fais Commandeur de la légion d’honneur.

Et je vous nomme colonel de gendarmerie.

Vive la République.

Vive la France.

26/03/2018 Communiqué de Joël MERGUI, Président du Consistoire

Paris, le 26 mars 2018

Nouveau meurtre antisémite à Paris : Mireille KNOLL (zal) 85 ans

Alors que nous sommes encore sous le choc de l’attentat terroriste de Trèbes et que nous rendons nous aussi hommage à l’héroïsme du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, notre communauté porte aujourd’hui le deuil de Mme Mireille KNOLL (zal), une coreligionnaire de 85 ans, assassinée chez elle, vendredi soir.

Après l’incendie criminel de son appartement, avenue Philippe Auguste, le corps de Madame Mireille KNOLL (zal) a été retrouvé sauvagement poignardé de 11 coups de couteaux, quelques heures avant l’entrée de chabbat.

L’horreur de ce crime barbare nous rappelle douloureusement le meurtre de Sarah HALIMI, dont le mobile antisémite vient seulement d’être reconnu par la juge d’instruction près d’un an après les faits, survenus dans ce même 11ème arrondissement de PARIS, qui compte historiquement une forte communauté juive.

Depuis la sortie de chabbat, je suis en étroite relation avec le Ministre de l’Intérieur, le Préfet de Police de Paris et le Procureur de la République et  je remercie la police et les autorités judiciaires pour le discernement dont ils ont fait preuve pour établir, sans délai, la circonstance aggravante d’antisémitisme du mobile des deux prévenus appréhendés peu après le drame.

Nous appelons, le Consistoire, le Crif et toutes les institutions juives toutes les personnes et associations concernées par la lutte contre l’antisémitisme à participer à la marche blanche en mémoire de Madame Mireille KNOLL (zal), mercredi 28 mars à 18h30, au départ de la place de la Nation, vers l’avenue Philippe Auguste.

Le Consistoire va bien entendu se porter partie civile.

Les attentats islamistes qui frappent partout les Français ne doivent pas faire oublier que la communauté juive reste une cible latente privilégiée de tous ceux qui haïssent la République et ses valeurs. La liste s’allonge dramatiquement. Le moment est grave, car ce nouvel acte antisémite confirme le changement de mode opératoire de ceux qui menacent les juifs français désormais assassinés ou agressés à leur domicile.

Suivi à 20h00

Cérémonie d’hommage
à la mémoire de Mireille Knoll (zal)
en présence de ses enfants et petits-enfants

Grande Synagogue des Tournelles
21 bis rue des Tournelles – 75003 Paris

Un enfant juif de 8 ans violemment agressé à Sarcelles par deux individus d’origine africaine…

Un enfant juif âgé de huit ans a été violemment agressé à Sarcelles par deux individus d’origine africaine, révèle le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA).

“Le BNVCA condamne sans réserve l’agression antisémite commise sur un enfant de 8 ans de confession juive, à Sarcelles, le 29 Janvier vers 18h30, par 2 individus décrits d’origine africaine. La victime, N. Cohen, a été attaquée alors qu’elle se rendait à un cours de soutien. Il portait une kippa au moment des faits, ce qui ne laisse aucun doute sur la nature antisémite de cette agression, d’autant que les auteurs ne lui ont rien dérobé. Ces derniers l’ont fait tomber au sol et lui ont donné des coups de pieds au corps. Le BNVCA s’étonne que dans ce secteur, fréquenté à cette heure de la journée, aucun des passants, témoins, n’ait porté secours à cet enfant”, indique l’organisation juive dans un communiqué.

“Nous espérons que cette fois, les caméras vidéo surveillance seront exploitées par les policiers et que les auteurs seront rapidement identifiés et interpellés. Le BNVCA demande au Préfet du Val d’Oise de mettre en place des mesures préventives (Plan Sentinelle, patrouilles pédestres  de police et militaires…) dans ce quartier sensible de Sarcelles où vit encore un grand nombre de familles juives. Le BNVCA traduit le sentiment d’exaspération exprimé  des nombreux citoyens juifs, indignés, irrités, et lassés par cette insécurité antisémite et situation délétère qui perdurent. Le BNVCA a décidé de se constituer partie civile dan ce dossier”, poursuit le communiqué.