Discours de François Heilbronn lors de la remise de la médaille George Wise à Manuel Valls à l’Université de Tel-Aviv

Voici le discours prononcé par François Heilbronn, président de l’Association des Amis français de l’Université de Tel-Aviv, lors de la remise de la médaille George Wise, plus haute distinction de l’Université de Tel-Aviv, au Premier Ministre français Manuel Valls le dimanche 22 mai, à l’occasion du 60e anniversaire de l’Université.

DiscoursHeilbronnValls

Monsieur le Premier Ministre, Cher Manuel Valls

Monsieur le Président de l’Université de Tel-Aviv, Cher Professeur Joseph Klafter

Monsieur le Président du Conseil des Gouverneurs de l’Université de Tel-Aviv, cher Professeur Jacob Frenkel

Madame la Ministre de la Culture et de la Communication, Chère Audrey Azoulay

Monsieur le Secrétaire d’État auprès du Premier Ministre, chargé des Relations avec le Parlement, Cher Jean-Marie Le Guen

Madame la Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, chargée du Numérique, Madame Axelle Lemaire

Madame et Monsieur les ambassadeurs d’Israël en France et de France en Israël, Chère Aliza Bin Noun, Cher Patrick Maisonnave

Messieurs les sénateurs, députés et maires

Mesdames et Messieurs les membres de la délégation française du Premier Ministre

Mesdames et Messieurs les Présidents d’organisations juives et amies d’Israël

Mesdames et Messieurs les Professeurs

Mesdames et Messieurs les amis français de l’université de Tel-Aviv,

Chers Gouverneurs, Chers étudiants, Chers amis

Monsieur le Premier Ministre, Il y a 181 ans, un de nos plus grands poètes français revenait d’Orient. Ce républicain et démocrate dans l’âme, futur Ministre des Affaires étrangères de la seconde République, Alphonse de Lamartine, nous rapportait son « Voyage en Orient ». Sur les hauteurs du Mont-Carmel non loin d’ici, il écrivait en 1835 :

« Un tel pays, repeuplé d’une nation neuve et juive, cultivé et arrosé par des mains intelligentes,… – un tel pays, dis-je, serait encore la terre de promission aujourd’hui, si la Providence lui rendait un peuple, et la politique du repos et de la liberté”

Et nous vous accueillons ce jour en Israël, redevenue cette « terre de promission », comme l’avait si clairement imaginé Lamartine. Cette « terre de promission ! » Oui, par sa recherche scientifique, ses innovations, ses écrivains, ses musiciens, ses cinéastes et ses entreprises innovantes dans tous les secteurs de pointe.

Israël redevenue cette nouvelle Terre promise, de la Science et de la Culture, grâce à la qualité de son système universitaire, dont l’Université de Tel-Aviv est un des fleurons.

Et c’est à l’Université de Tel-Aviv, dont nous fêtons les 60 ans ces jours-ci, que nous vous accueillons. Cette jeune université est devenue en 60 ans, la toute première université d’Israël en nombre d’étudiants mais surtout en nombre de brevets déposés et se situant dans les trente premières mondiales. Parmi les toutes premières dans de nombreux domaines comme la nanotechnologie, la biologie, la cybersécurité, l’informatique, le management et même la musique et le cinéma.

L’université de Tel-Aviv est aussi l’expression vibrante de partenariats universitaires et scientifiques avec la France. Depuis plus de 10 ans déjà, il existe un partenariat d’échanges d’étudiants, de professeurs et d’organisation de colloques avec Sciences Po. Plus de 50 étudiants israéliens étudient en ce moment à Sciences Po et près de 10 étudiants de Sciences Po sont ici à l’Université de Tel-Aviv. Nous avons aussi des partenariats avec la Sorbonne, l’INALCO, Polytechnique, l’ESPCI. Un laboratoire commun en informatique avec le CNRS, dénommé FILOFOCS.

Comme vous pouvez ainsi le constater, un des ponts du savoir et de l’échange avec la France est ici à l’Université de Tel-Aviv. C’est une réponse vivante et constructive aux appels délétères et illégaux du boycott d’Israël.

Cette université ouverte sur le monde accueille plus de 1.500 étudiants de tous les pays. Cette université de tolérance compte plus de 2.000 étudiants arabes israéliens.

Monsieur le Premier Ministre, vous accueillir ce jour en Israël, à l’Université de Tel-Aviv pour participer à la remise qui vous sera faite de la plus haute distinction de l’université est à la fois un privilège et une joie.

Parmi tous les Premiers ministres de la France, vous êtes un des très rares à avoir exprimé avec force et constance votre soutien au peuple juif, au mouvement sioniste et à Israël.

Dans des moments particulièrement éprouvants pour notre pays, la France, vous avez su être aux côtés de vos concitoyens juifs, victimes une fois de plus de la haine antisémite meurtrière.

A Toulouse, à Paris vous avez été aux côtés des Juifs assassinés et de leurs familles. Assassinés par d’autres citoyens français, pour le simple fait d’être juifs. Vous avez été là aux moments tragiques, mais aussi un des rares responsables politiques français présent aux commémorations des assassinats de Toulouse.

 

VallsHeilbronnVous êtes le premier Premier Ministre de la France et le premier responsable politique français de haut rang à avoir déclaré à plusieurs reprises :

« Il y a l’antisémitisme et il y a l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël.»

Et vous l’avez inlassablement répété malgré les nombreuses critiques, venant souvent de votre propre majorité.

Et vous même avez été victime d’une attaque antisémite lancée par un ancien Président du Conseil Constitutionnel.

Cette lucidité dans le combat contre l’antisémitisme, vous l’avez aussi prouvé en faisant interdire les spectacles du propagandiste antisémite Dieudonné Mbala Mbala.

Vous n’avez pas hésité non plus à faire interdire et réprimer les soi-disant manifestations de soutien à Gaza en juillet 2014, devenues très rapidement des manifestations antisémites violentes.

Vous avez également agi concrètement contre ce fléau en donnant enfin des moyens d’action à la DILCRA pour lutter à la fois contre le racisme et l’antisémitisme et en y nommant un 3 préfet talentueux, lucide et courageux, Gilles Clavreul. Cette mobilisation, après 15 ans pratiquement d’inaction commence à porter ses fruits, et pour la première fois sur les douze derniers mois les actes antisémites et racistes sont en forte baisse en France.

Enfin vous êtes un vrai ami d’Israël. Vous n’êtes pas de ces ministres, qui une fois devenu ministre ou Premier ministre s’empresse d’oublier qu’il fut un ami d’Israël.

Je me souviens de vous lors de votre campagne pour les primaires en 2011, dans un meeting à la Mutualité. Vous aviez tenu à nous lire le début de la déclaration de l’indépendance de l’Etat d’Israël, en nous déclarant que c’était pour vous une des plus belles déclarations politiques que vous connaissiez.

Et plus récemment, vous n’avez pas hésité à prendre vos distances avec le vote inique de la France à l’UNESCO, niant 3.000 ans d’histoire juive et 2.000 ans d’histoire chrétienne à Jérusalem.

80 ans après le début du Front Populaire, vous vous inscrivez dans les pas d’un autre très grand Premier ministre socialiste, Léon Blum.

Léon Blum déclara en 1922 « Nous les socialistes français nous vous aiderons de tout notre pouvoir, parce que le sionisme se concilie avec le socialisme international,…Jaurès aimerait votre œuvre, elle est socialiste car populaire, juste et humaine ».

En 1926, il devient Président de l’Union Sioniste Française.

Et juste avant de mourir, il écrit le 1er février 1950, ce texte admirable, que vous connaissez :

« Juif français, né en France d’une longue suite d’aïeux français, ne parlant que la langue de mon pays, nourri principalement de sa culture, m’étant refusé à le quitter à l’heure où j’y courais le plus de dangers, je participe de toute mon âme à l’effort admirable miraculeusement transporté du plan du rêve au plan de la réalité historique qui assure désormais; une patrie digne, égale et libre à tous les juifs qui n’ont pas eu, comme moi, la bonne fortune de la trouver dans leur pays natal… Je m’en suis toujours senti et je m’en sens plus que jamais solidaire. »

Vous inscrivant ainsi dans les pas de Lamartine et de Blum, vous avez soutenu et soutenez ce rêve devenu réalité. Nous sommes heureux, nous les amis français de l’Université de Tel-Aviv qu’en ce jour, la toute première université de cette « terre de promission », de cette terre d’Israël, l’Université de Tel-Aviv vous décerne sa plus haute distinction, la médaille Georges Wise.

Et je laisse maintenant la parole au Professeur Jacob Frenkel, ancien Gouverneur de la Banque d’Israël et Président du Conseil des Gouverneurs de l’Université de Tel-Aviv.

Je vous remercie,

François Heilbronn

Président des amis français de l’université de Tel-Aviv