Discours de Kippour à la communauté

Discours Kippour 5786 (Muriel SITBON)

Madame la sénatrice, Monsieur le maire, chers amis,

« Que finisse l’année et ses malédictions, que commence la nouvelle avec ses bénédictions. » Cette célèbre maxime de Roch Hachana résonne ici avec force. Elle n’est pas seulement une formule rituelle : elle est une philosophie de l’histoire et de l’existence. Elle exprime l’espérance juive, cette capacité unique de regarder le mal en face sans jamais lui accorder le dernier mot. L’année 5785 fut marquée par des crises, des conflits, des douleurs ; au niveau du monde comme au cœur de l’existence juive. Mais il ne nous est pas permis de demeurer prisonniers du désespoir. La tradition juive nous enseigne que la mélancolie absolue est une forme d’idolâtrie : idolâtrie du mal, qui fige l’avenir dans une nuit sans aurore. Or, notre devoir est d’inventer la lumière. 1 C’est à nous qu’il revient, en ce début d’année 5786, d’agir et de penser, d’écrire une nouvelle page de notre histoire. Là où d’autres voient une existence brisée, nous devons œuvrer à une existence comblée. Toute l’histoire du peuple juif témoigne de ce combat incessant. C’est l’heure d’affirmer un refus clair de la barbarie, et d’opposer la culture au fanatisme, l’humanisme à la violence, la fraternité au rejet. Ainsi se dessine l’éternel choix qui nous est proposé : sombrer ou rebâtir. La nouvelle année ne doit pas être le prolongement des ténèbres, mais l’occasion d’une renaissance. Pour cela, notre soutien demeure indéfectible à Israël, 1er rempart contre l’antisémitisme, qui se voit une nouvelle fois confronté à la violence et à la haine. Aussi, nous espérons et prions sans relâche pour le retour des otages. À nous, tellement fiers d’appartenir à notre peuple, de faire rayonner unité, étude, solidarité, respect, condition même de la dignité humaine. Ici, en France, nous restons debout et vigilants. Nous marquerons prochainement cette vigilance par un acte 2 fort à l’initiative de Mr le Maire de Sucy et de son Conseil municipal, avec la plantation d’un arbre à la mémoire d’Ilan Halimi : un geste de mémoire et d’espérance. Nous poursuivrons également nos engagements pour le dialogue judéo-chrétien avec nos amis chrétiens. L’enracinement dans la réflexion, le dialogue et le partage d’idées constitue le cœur vivant de notre communauté. À travers les conférences qu’il propose le Centre communautaire de Créteil donne corps à cet enracinement qui, face aux forces mortifères du totalitarisme, de la haine et de l’antisémitisme, face au terrorisme et à la barbarie oppose la fraternité humaine, l’espérance et la liberté d’esprit. À l’aube de cette nouvelle année, nous exprimons, avec une profonde reconnaissance, notre gratitude à Madame la Sénatrice, Monsieur le Maire, et à toute l’équipe municipale pour leur soutien constant. Que 5786 soit une année de bénédictions, de fraternité et de vie.

Merci de votre soutien pour la construction d’un Mikvé

La communauté de Longjumeau amie de Beth Hillel Sucy lance une campagne de dons via « allondons » pour la construction d’un Mikvé sur un terrain déjà acquis, vous trouverez ci joint le liens pour pouvoir soutenir ce magnifique projet, MERCI d’avance chaque geste compte :

https:/www.allodons.fr/mikve-longjumeau/patrick-amram

 

 

Il y a quelques années…

Il y a quelques années encore, je sortais dans la rue avec une étoile de David autour du cou.


Il y a quelques années encore, je n’avais pas peur d’emmener mes enfants à l’école.


Il y a quelques années, il était possible d’enseigner la Shoah dans tous les collèges et les lycées.


J’osais aborder le thème d’Israël avec mes amis non-juifs.

Il y a quelques années, j’ai donné à ma fille un prénom français.


Je l’ai inscrite à l’école publique, sans penser qu’un jour je devrais l’en retirer par peur qu’on ne la frappe parce qu’elle était juive.


Je ne voyais pas apparaître des caricatures dignes des années Trente sur Internet.


Je ne trouvais pas non plus quantité de sites répertoriant les noms des personnalités juives en France.


Je ne rencontrais pas sur Google, You Tube ou Facebook des propos antisémites.


Et dans le bar d’un grand hôtel, je n’avais pas entendu les délires d’un vieux fou, qui n’était ni vieux ni fou.

 

Il y a quelques années, je lisais les journaux.

Je regardais les nouvelles à la télé.


Pour moi, la Shoah était incompréhensible.

Je me disais : plus jamais ça !
Et surtout, je me demandais : pourquoi les Juifs ne sont-ils pas partis à temps d’Allemagne, alors que tant de signes inquiétants auraient dû les alerter ?

 

Il y a quelques années, je ne me savais pas en exil sur ma terre natale.
La France était mon pays, ma culture, ma façon d’être et de penser.


Je pensais que nos dirigeants nous protégeaient.

 

Il y a quelques années, je partais en vacances dans les pays arabes. J’aimais aller sur la trace de mes ancêtres, les Sépharades.

 

Ceux qui furent massacrés à Grenade en 1066 par une foule qui haïssait les Juifs qui, disaient-ils, étaient riches et puissants.

 

Ceux qui, victimes de l’Inquisition, furent obligés de se cacher ou de partir.


Il y a quelques années, je ne pensais pas devenir marrane.

 

Il y a quelques années encore, je ne pensais pas entendre scander des slogans anti-juifs dans la rue.

 

Il y a quelques années, j’avais foi dans l’homme.

 

Il y a quelques années, Ilan n’était pas mort.

 

Myriam, Gabriel, Arié et Jonathan étaient encore en vie.

 

Il y a quelques années, il était encore possible d’être juif en France.

 

Par Eliette Abécassis