Et voici notre nouveau mobilier…livré et installé !!!

En direct d’Israël où il a été fabriqué, en voguant de Tel Aviv jusqu’à Rotterdam, puis en camion du Havre à Sucy en Brie, voici l’arrivée de notre mobilier dans son container de 40 pieds qui nous a résisté pendant 25mn pour l’ouvrir pour enfin voir les premières pièces du puzzle prendre place dans notre Synagogue Beth-Hillel à Sucy en Brie.

Le résultat est magnifique, c’est l’aboutissement d’une belle collaboration de plusieurs mois avec le Kibboutz Lavi, mené sans relâche par notre Président Raphy Marciano, et ce jusqu’à la signature du solde à la livraison…!!!

Soyez nombreux ce Chabbat à venir inaugurer votre place et votre nouveau casier, et pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait, n’oubliez pas d’envoyer votre don de 300€ à l’ordre d’ECJS, Cour de la Recette, 94370 Sucy en Brie. Merci !!!

Chabbat Chalom.

La France sans les Juifs ? Par Joël Mergui

Joël Mergui_nb

Avant les attentats de janvier dernier, l’inquiétude de la communauté juive était déjà palpable et le malaise de la société civile vis à vis des juifs – soupçonnés d’être un brin « paranoïaques » -, était bien réelle. Aujourd’hui, les faits tragiques ont confirmé les craintes et étendu le désarroi des juifs français à la majorité des européens. Le danger est bien réel et s’il cible prioritairement tous les juifs, il vise l’ensemble des sociétés démocratiques. Pour autant, une question se pose aux juifs – ou leur est posée – et résonne d’un écho particulier au sein de la seule communauté juive d’Europe à s’être renforcée après-guerre, par l’arrivée massive des réfugiés juifs qui ont fait confiance en la France. Aujourd’hui, compte-tenu des événements, les juifs sont-ils à nouveau indésirables ? Doivent-ils quitter leur pays une nouvelle fois ?

Face à ces interrogations, les responsables communautaires sont questionnés et s’interrogent eux-mêmes sur la manière d’envisager dorénavant l’avenir : avec optimisme ou pessimisme ?

A examiner la liste qui s’allonge des victimes juives assassinées par des terroristes antisémites, il est facile d’être pessimiste. Il serait même presque évident de devoir l’être, à considérer la haine dont nous sommes de nouveau l’objet et la cible. Et pourtant, à regarder la dignité et le courage tranquille de nos jeunes, le dynamisme de nos communautés, la sérénité et la responsabilité des familles face aux événements, il me semble au contraire que nous avons le devoir de lutter contre le pessimisme et le défaitisme ambiants. Face à l’adversité, même cruelle, nous avons le devoir de ne pas renoncer, le devoir de ne pas faiblir ni succomber à la peur, parce qu’il nous appartient d’entretenir le feu du Judaïsme français et la flamme de notre identité. Il en va certes du sens de nos responsabilités individuelles et collectives, mais aussi de la crédibilité de nos engagements.

Pendant des années, nous avons mis en garde contre l’irresponsabilité de l’indifférence, contre le risque mal pesé de la contagion négative générée par les mots et les actes antisémites et antisionistes. Avec la grande manifestation solidaire du 11 janvier, qui témoigne qu’enfin la société prend conscience de la menace terroriste, nous savons – pour avoir été à l’avant-poste du combat qui s’engage -, que le pessimisme nous ferait baisser les bras. Nous qui avons appelé au réveil des consciences et au sursaut démocratique, nous savons que nous ne pouvons pas nous contenter de susciter seulement l’espérance sans agir.

Notre optimisme n’est pas chose aisée mais il est intimement lié au Judaïsme, au fait que nous croyons à la force de l’exemplarité, à la contagion cette fois positive des mots et des actes qui nous parviennent au travers des témoignages de sympathie et de solidarité de toute la France, de tous les cultes, cultures et catégories socio-professionnelles. Parce que cet élan de solidarité s’inscrit dans l’histoire en marche, le moment de vérité est venu pour tous – et aussi pour les juifs – de sortir du mutisme, de la réserve pour affirmer encore plus clairement sa solidarité, son engagement, son identité.

La lutte contre l’antisémitisme a été décrétée « Grande cause nationale, » le Président de la République, le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur ont témoigné à la face du monde leur solidarité avec leurs concitoyens juifs, en condamnant systématiquement tous les actes antisémites, sans exclure la faute des adolescents de Sarre-Union. Il est de notre devoir citoyen de croire au pouvoir des mots et à la force de la fraternité.

Déclarer publiquement du plus haut sommet de l’État que « La France sans les juifs de France, n’est pas la France, » c’est permettre que des langues enfin se délient positivement et que des tabous se brisent. Oui, les Juifs ont contribué à bâtir depuis des siècles la France, ses valeurs, ses succès. Ils ont porté haut son renom parmi les nations et ont combattu en son nom jusqu’à tomber, pour beaucoup, au champ d’honneur. Comme dans toute histoire d’amour, les preuves d’amour existent dans les deux sens et sont nécessaires. Aussi, tant que la France adoptera les mesures indispensables de prévention, de répression, de sécurisation de nos écoles, lieux de culte et de cultures ; tant qu’elle accompagnera nos projets tout en veillant à l’exercice sans entrave de notre liberté de conscience, nous aurons le devoir juif et citoyen de résister au pessimisme, de combattre l’islamisme radical et de continuer de construire l’avenir.

Si la France a, envers nous, un devoir de vigilance et de sécurité, nous avons nous envers la France, un devoir de lucidité et de reconnaissance. Pour autant, partir ou rester sont des choix personnels qui se respectent et que personne n’a le droit de juger. Devenir un Français de l’étranger, un juif de la communauté française en Israël, ou vivre comme citoyen français son Judaïsme en France, ce qui importe c’est de perpétuer nos valeurs, c’est d’agir toujours, sans renoncer à nos choix citoyens ni à notre identité juive. Là est l’essentiel, pour mieux lutter contre ce fléau du 21e siècle qui veut tuer partout des juifs et éteindre la flamme de la liberté. Il y a 70 ans en Europe, résistants et Justes ont dû dépasser leur pessimisme, aller au-delà de l’espérance, pour agir et ainsi rebâtir la démocratie où nous vivons. A notre tour, devant la menace d’un projet de mort qui veut instaurer un monde de terreur sans juif, nous devons porter notre projet de vie et construire le monde de valeurs que nous voulons laisser à nos enfants. Où que nous habitions, l’essentiel finalement est toujours ce qui nous habite.

Déménagement de notre ancien mobilier…et installation provisoire !!!

Historique de notre ancien mobilier à la Synagogue de Sucy-en-Brie

Beaucoup d’entre nous ont éprouvé un pincement au cœur, et un sentiment de tristesse lors du déménagement du mobilier de notre Synagogue. Nous nous étions attachés « affectivement » à ces bancs robustes, lourds – parfois inconfortables… mais quel symbole ?

En effet, nous avions 12 ans auparavant à l’ouverture de notre Beth Hillel, Cour de la Recette à Sucy, cherché un mobilier synagogue complet et l’idée historique, fut de rechercher dans les Communautés d’Alsace Lorraine. Très vite, le Président du Consistoire du Haut-Rhin portait à notre connaissance, le petit village de Ste Marie aux Mines, ancien bourg habité par une majorité de juifs bucherons et menuisiers. Ces derniers se sont attelés à fabriquer eux-mêmes leur mobilier et le résultat fut merveilleux, des bancs avec leur casier, une Teva modulable, un Hekhal majestueux.

Tout ce mobilier fut conçu, travaillé, dessiné et réalisé en 1892.

Au lendemain de la 2ème guerre mondiale, la Communauté Juive de Sainte-Marie aux Mines, subissait la tragédie de l’Histoire, qui commença de traverser une lente agonie.

Lors de notre première visite, nous avons été accueillis par les filles de l’ancien Grand Rabbin Swartz, elles étaient émues et rassurées « vous allez en installant le mobilier de notre Synagogue, lui redonner une nouvelle vie. Quelle joie pour nous ».

…et c’est ainsi que la Communauté Juive de Sucy s’est honorée en installant à nouveau pour une nouvelle page d’Histoire la Synagogue de Sainte-Marie aux Mines.

Si ces bancs, ce Hekhal, cette Teva, ce magnifique rideau brodé d’or, pouvaient parler, ils nous raconteraient la belle et grande Histoire de nos aînés, leurs peines et leurs joies, les pages de lumière et d’ombre.

Aujourd’hui, nous passons le relais à une autre Synagogue dont nous avons pu vérifier la vitalité et le dynamisme.Je dirais « mission accomplie ».

Et une fois le mobilier installé dans un autre lieu, alors…l’esprit des « bucherons-menuisiers juifs » de Sainte-Marie aux Mines continuera de nous habiter  à Sucy-En-Brie.

Raphy Marciano

Président