Un « Ice Bucket Challenge » nouvelle génération pour lutter contre l’antisémitisme en Europe

 

Une organisation juive européenne a publié un appel aux non-juifs européens afin qu’ils enfilent une kippa et se filment en marchant dans la rue, dans le but de lutter contre l’antisémitisme…

Rabbin Menachem Margolin

Le Rabbin Menachem Margolin de l’Association juive européenne basée à Bruxelles a lancé cet appel dans une vidéo mise en ligne cette semaine.

S’inspirant du succès de l’Ice Bucket Challenge l’an dernier (qui visait à se verser un sceau d’eau glacée devant les caméras), il demande à chacun de tourner sa vidéo et de nommer 5 autres personnes…Ceux qui refusent le challenge devront donner 20€ à son association.

Selon Margolin, la campagne va montrer « que la majorité des européens ne sont pas antisémites. »

« L’idée est d’avoir autant de non-juifs que possible portant une kippa ou une étoile de David afin de ne plus faire partie de ma majorité silencieuse » a expliqué le Rabbin.

Quand un Juif verra que « son voisin s’identifie avec lui, il se sentira plus en sécurité peut-on entendre dans la vidéo.

« Cela ne prend qu’une minute… Il suffit même de ne marcher que 10 mètres dans son quartier et de dire à la fin « j’ai accepté le défit de sensibilisation à la lutte contre l’antisémitisme… Je nomme 5 personnes pour ce même défi ». »

Source : Par Elinor Cohen-Aouat – JSSNews

La France sans les Juifs ? Par Joël Mergui

Joël Mergui_nb

Avant les attentats de janvier dernier, l’inquiétude de la communauté juive était déjà palpable et le malaise de la société civile vis à vis des juifs – soupçonnés d’être un brin « paranoïaques » -, était bien réelle. Aujourd’hui, les faits tragiques ont confirmé les craintes et étendu le désarroi des juifs français à la majorité des européens. Le danger est bien réel et s’il cible prioritairement tous les juifs, il vise l’ensemble des sociétés démocratiques. Pour autant, une question se pose aux juifs – ou leur est posée – et résonne d’un écho particulier au sein de la seule communauté juive d’Europe à s’être renforcée après-guerre, par l’arrivée massive des réfugiés juifs qui ont fait confiance en la France. Aujourd’hui, compte-tenu des événements, les juifs sont-ils à nouveau indésirables ? Doivent-ils quitter leur pays une nouvelle fois ?

Face à ces interrogations, les responsables communautaires sont questionnés et s’interrogent eux-mêmes sur la manière d’envisager dorénavant l’avenir : avec optimisme ou pessimisme ?

A examiner la liste qui s’allonge des victimes juives assassinées par des terroristes antisémites, il est facile d’être pessimiste. Il serait même presque évident de devoir l’être, à considérer la haine dont nous sommes de nouveau l’objet et la cible. Et pourtant, à regarder la dignité et le courage tranquille de nos jeunes, le dynamisme de nos communautés, la sérénité et la responsabilité des familles face aux événements, il me semble au contraire que nous avons le devoir de lutter contre le pessimisme et le défaitisme ambiants. Face à l’adversité, même cruelle, nous avons le devoir de ne pas renoncer, le devoir de ne pas faiblir ni succomber à la peur, parce qu’il nous appartient d’entretenir le feu du Judaïsme français et la flamme de notre identité. Il en va certes du sens de nos responsabilités individuelles et collectives, mais aussi de la crédibilité de nos engagements.

Pendant des années, nous avons mis en garde contre l’irresponsabilité de l’indifférence, contre le risque mal pesé de la contagion négative générée par les mots et les actes antisémites et antisionistes. Avec la grande manifestation solidaire du 11 janvier, qui témoigne qu’enfin la société prend conscience de la menace terroriste, nous savons – pour avoir été à l’avant-poste du combat qui s’engage -, que le pessimisme nous ferait baisser les bras. Nous qui avons appelé au réveil des consciences et au sursaut démocratique, nous savons que nous ne pouvons pas nous contenter de susciter seulement l’espérance sans agir.

Notre optimisme n’est pas chose aisée mais il est intimement lié au Judaïsme, au fait que nous croyons à la force de l’exemplarité, à la contagion cette fois positive des mots et des actes qui nous parviennent au travers des témoignages de sympathie et de solidarité de toute la France, de tous les cultes, cultures et catégories socio-professionnelles. Parce que cet élan de solidarité s’inscrit dans l’histoire en marche, le moment de vérité est venu pour tous – et aussi pour les juifs – de sortir du mutisme, de la réserve pour affirmer encore plus clairement sa solidarité, son engagement, son identité.

La lutte contre l’antisémitisme a été décrétée « Grande cause nationale, » le Président de la République, le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur ont témoigné à la face du monde leur solidarité avec leurs concitoyens juifs, en condamnant systématiquement tous les actes antisémites, sans exclure la faute des adolescents de Sarre-Union. Il est de notre devoir citoyen de croire au pouvoir des mots et à la force de la fraternité.

Déclarer publiquement du plus haut sommet de l’État que « La France sans les juifs de France, n’est pas la France, » c’est permettre que des langues enfin se délient positivement et que des tabous se brisent. Oui, les Juifs ont contribué à bâtir depuis des siècles la France, ses valeurs, ses succès. Ils ont porté haut son renom parmi les nations et ont combattu en son nom jusqu’à tomber, pour beaucoup, au champ d’honneur. Comme dans toute histoire d’amour, les preuves d’amour existent dans les deux sens et sont nécessaires. Aussi, tant que la France adoptera les mesures indispensables de prévention, de répression, de sécurisation de nos écoles, lieux de culte et de cultures ; tant qu’elle accompagnera nos projets tout en veillant à l’exercice sans entrave de notre liberté de conscience, nous aurons le devoir juif et citoyen de résister au pessimisme, de combattre l’islamisme radical et de continuer de construire l’avenir.

Si la France a, envers nous, un devoir de vigilance et de sécurité, nous avons nous envers la France, un devoir de lucidité et de reconnaissance. Pour autant, partir ou rester sont des choix personnels qui se respectent et que personne n’a le droit de juger. Devenir un Français de l’étranger, un juif de la communauté française en Israël, ou vivre comme citoyen français son Judaïsme en France, ce qui importe c’est de perpétuer nos valeurs, c’est d’agir toujours, sans renoncer à nos choix citoyens ni à notre identité juive. Là est l’essentiel, pour mieux lutter contre ce fléau du 21e siècle qui veut tuer partout des juifs et éteindre la flamme de la liberté. Il y a 70 ans en Europe, résistants et Justes ont dû dépasser leur pessimisme, aller au-delà de l’espérance, pour agir et ainsi rebâtir la démocratie où nous vivons. A notre tour, devant la menace d’un projet de mort qui veut instaurer un monde de terreur sans juif, nous devons porter notre projet de vie et construire le monde de valeurs que nous voulons laisser à nos enfants. Où que nous habitions, l’essentiel finalement est toujours ce qui nous habite.

Disparition de Mme Jeanine Devaux fondatrice du Groupe d’Amitié Judéo-Chrétienne du Val-de-Marne

Chers amis,

Nous vous avions annoncé une célébration à la mémoire de Jeanine Devaux. Cette célébration aura lieu le mardi 17 mars Chapelle Sainte Bernadette 6 avenue du Fort, Sucy en Brie (en face du Simply Market)

Elle commencera à 18h30 par une Messe suivie à 19h30 d’échange et de témoignages.

Tous les amis de Jeanine, de la Paroisse, de Sucy-en-Brie, d’ailleurs et de  toutes confessions, y sont invités.

Bien amicalement.

Le bureau du Groupe AJCF Val-de-Marne

Chers amis,

Actuellement à Jérusalem, d’où j’apprends avec une infinie tristesse et une profonde émotion, la disparition de notre amie Jeanine Devaux.

C’est au nom des membres de la Communauté Juive de Sucy et de notre Rabbin, que nous présentons nos sincères condoléances à la famille et aux enfants.

Je me propose de vous adresser ultérieurement, un texte à la mémoire de Jeanine Devaux, à laquelle j’étais profondément attaché et avec qui nous avons partagé un monde de foi et de valeur.

Nous perdons, Chrétiens et Juifs, une grande dame qui a honoré le peuple chrétien, mais aussi la Communauté Juive de Sucy.

Raphy Marciano

Copenhague : Réaction de Joël Mergui, Président du Consistoire et de Haim Korsia grand rabbin de France

Finn Nørgaard réalisateur danois engagé dans la défense de Charlie Hebdo et Dan Uzan dévoué à la sécurité de sa communauté et de la Grande synagogue de Copenhague ont été exécutés samedi par un islamiste et cinq policiers ont été blessés.

Je ne peux que mesurer avec effroi la similitude d’un scénario mis en oeuvre à Paris le mois dernier contre la presse – symbole de la liberté de penser – et la communauté juive, incarnation de la liberté de conscience.

La haine qui a frappé à Copenhague et à Paris est la même idéologie qui tue les chrétiens d’Orient, enlève des jeunes filles en Afrique, cache des stocks d’armes derrières des écoles et des hôpitaux et tente maintenant de désolidariser nos démocraties après avoir déstabilisé les Etats du proche et Moyen-Orient.

Je ne peux hélas aussi qu’être frappé par la similitude des dogmes et des dessins de l’islamisme et du nazisme, qui sont l’un et l’autre sans conteste les fléaux du XXe et du XXIe siècle pour partager en commun antisémitisme, racisme et impérialisme. Pour l’avoir laissé croître, le nazisme s’est soldé par 6 millions de victimes juives et plus de 40 millions de victimes civiles.

Comme hier, l’avenir du monde libre dépendra de sa mobilisation solidaire pour vaincre un ennemi qui frappe aujourd’hui partout de l’intérieur pour détruire notre unité et  discréditer nos valeurs.

J’ai exprimé au nom du Consistoire, la solidarité de la communauté juive française à son excellence l’Ambassadrice du Danemark en France, à la communauté juive danoise ainsi qu’à l’Ambassadeur de France présent lors de la première fusillade.

Alors qu’une ville d’Allemagne annule son carnaval en raison des menaces sérieuses d’attentats qui pèsent sur son défilé, toutes les mesures de sécurité pour protéger les lieux de cultes juifs français sont maintenues sur tout le territoire m’a confirmé ce matin, le Préfet Patrice Latron chargé de coordonner le dispositif d’alerte nationale.

Je souhaite aux blessés un prompt rétablissement et exprime aux familles des victimes nos très sincères condoléances.

Les synagogues françaises dédieront leurs offices aux victimes et nos prières s’élèveront cette semaine pour le repos de leur âme.

Souce Joël Mergui sur tribunejuive.info

Danemark: le grand rabbin de France réclame des « actes forts » contre le terrorisme.

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Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, s’est dit dimanche « bouleversé » et « scandalisé » par les attentats de Copenhague et réclame des « actes forts » pour lutter contre le terrorisme et ceux qui « instrumentalisent la religion pour tuer au nom de Dieu ».

« Un mois seulement après les dramatiques événements survenus à Paris, la liberté d’expression, symbole par excellence de la démocratie, et la
communauté juive ont été à nouveau prises pour cibles, les réunissant ainsi dans un destin tragique », déplore dans un communiqué Haïm Korsia, profondément « bouleversé » et « scandalisé ».

Le grand rabbin de France réclame « une véritable prise de conscience de la communauté internationale, à l’image du 11 janvier » à Paris, après les attentats contre Charlie Hebdo et une supérette cacher. Mais, prévient-il, cette prise de conscience « devra dépasser les déclarations d’intention et se traduire enfin en actes forts et en mesures concrètes en matière de répression et d’éducation ». C’est alors que l’on pourra « lutter, dans un front uni, contre le terrorisme et tous ceux qui instrumentalisent et dévoient la religion pour tuer au nom de Dieu ».

Source AFP

 

Manuel Valls appelle les Juifs à rester en France…

Manuel Valls a utilisé lundi pour la première fois le terme d’islamo-facisme après les deux fusillades de Copenhague, réplique apparente des attentats de Paris, et la profanation d’un cimetière juif en Alsace, et appelé les Juifs à rester en France.

« Pour combattre l’islamo-facisme, puisque c’est ainsi qu’il faut le nommer, l’unité doit être notre force », a déclaré le Premier Ministre sur RTL. « Il ne faut céder ni à la peur, ni à la division. Mais il faut en même temps poser tous les problèmes: combattre le terrorisme, mobiliser la société autour de la laïcité, combattre l’antisémitisme ».

« Il faut désormais une rupture, a-t-il poursuivi. Il faut que l’islam de France assume, qu’il prenne totalement ses responsabilités, c’est ce que demandent d’ailleurs l’immense majorité de nos compatriotes musulmans », a ajouté Manuel Valls.

Le Premier ministre a de nouveau déclaré que la France « ne (voulait) pas » le départ des juifs de France en Israël et a critiqué, comme après les attentats de Paris en janvier, les déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu exhortant les juifs européen à émigrer en Israël.

LA FRANCE VOUS DIT UNE NOUVELLE FOIS SON AMOUR

« Mon message aux Français juifs est le suivant: la France est blessée comme vous, et la France ne veut pas votre départ. Elle vous dit une nouvelle fois son amour, son soutien et sa solidarité. Cet amour est bien plus fort que les actes de haine, fussent-ils répétés. Je regrette d’ailleurs les propos de Benjamin Netanyahu. Quand on est en campagne électorale, ça ne veut pas dire s’autoriser n’importe quelle déclaration. La place des Français juifs, c’est la France », a-t-il déclaré.

Revenant sur la profanation de quelque 300 tombes dans un cimetière juif de Sarre-Union, dans le Bas-Rhin, le Premier ministre a expliqué qu’il n’y avait « pas de piste à ce stade », qualifiant cette profanation d’ »acte antisémite », contre lequel il faut « la répression la plus forte qui soit ».

Il a par ailleurs assuré que le plan Vigipirate serait prolongé « autant que nécessaire, tant que la menace (terroriste) reste élevée ».

VIVRE AVEC CETTE MENACE TERRORISTE

« Il faut dire la vérité aux Français (…) Il faut s’habituer à vivre avec cette menace terroriste qui est le fruit d’organisations internationales particulièrement barbares comme Daech (organisation de l’Etat islamique) ou Al-Qaïda, mais aussi d’individus radicalisés sur notre sol, qui sont des Français et qui peuvent retourner leurs armes, leurs couteaux, leurs armes à feu, contre nous, contre des militaires, contre des citoyens », a-t-il poursuivi.

« Cela fait plusieurs mois, sinon plusieurs années, que nous disons (…) que la menace est particulièrement élevée, en Europe et donc en France. Et elle le reste, particulièrement élevée, dans notre pays », a ajouté le Premier ministre.

Source AFP

Les otages de l’Hypercacher reçus par leurs sauveurs du RAID

C’est la deuxième fois seulement dans l’histoire du RAID que d’ex-otages viennent remercier les hommes à qui ils doivent la vie. A gauche un otage, au centre Jean Michel Fauvergne (Patron du RAID) et à droite Frank Serfati. (DR)

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C’est la deuxième fois seulement dans l’histoire du RAID que d’ex-otages viennent remercier les hommes à qui ils doivent la vie.

«Une rencontre historique ! » l’émotion dans la voix de l’avocat et conseiller municipal Franck Serfati est encore palpable alors qu’il raconte ces « retrouvailles » entre ex-otages et policiers du RAID. La visite a eu lieu dans les locaux de l’unité d’élite de la police nationale française, un mois, jour pour jour, après l’attaque de l’Hyper Cacher.

« C’est la deuxième fois seulement, depuis la création du RAID par Pierre Joxe, que d’ex-otages viennent ainsi remercier ceux à qui ils doivent la vie » ajoute l’avocat également président de l’association Vigilance et UCAJF, qui a initié cette rencontre. « Nous avons été accueillis avec beaucoup de chaleur et de simplicité. Le patron du RAID nous a dit combien cela faisait plaisir à ses hommes » a-t-il ajouté.

« C’est grâce à vous que ma femme m’a revu. C’est grâce à vous que mon fils a encore un père et que mes parents n’ont pas perdu un de leurs enfants » a expliqué un otage ému aux agents opérateurs présents. 30, parmi les 40 qui ont participé le 9 janvier à la libération des otages détenus par Amedy Coulibaly, ont tenu à être présents ce matin-là.

« Une rencontre historique ! »

Parmi eux, deux blessés. C’est l’un deux que Franck Serfati a croisé quelques minutes après l’assaut, blessé et étendu dans une camionnette de pompiers. C’est de cette manière qu’il dit s’être rendu compte que « cet homme avait risqué sa vie pour des inconnus, des gens qu’il n’avait jamais vus, et qu’il ne reverrait jamais. Nous avions l’obligation de leur exprimer notre gratitude ».

Les agents ont demandé aux ex-otages comment les choses s’étaient déroulées dans le magasin. Ainsi « les agents pourront mieux comprendre l’intervention » vue de l’intérieur, a expliqué le patron du RAID. Et préparer les prochaines opérations.

Les discussions ont duré bien au-delà de l’horaire prévu, « dans un climat chaleureux, simple, fraternel » selon les dires des ex-otages qui sont restés avec les agents. Avant de partir, le groupe a offert plusieurs cadeaux aux membres du RAID, dont une prière pour la République encadrée, laquelle demande à l’Éternel « d’accorder sa protection et sa bénédiction pour nos soldats ».

source : www.actuj.com Par Pierre Assouline

Discours de notre Rabbin Shimon Tapiero du Dimanche 25/01

En ce début d’année, marquée par des évènements tragiques en France et dans le monde, et par l’inquiétude qui règne dans nos sociétés.

Il est important, il est urgent, même de ne pas céder au désespoir et à l’angoisse, et de garder dans nos cœurs l’espérance, et la confiance dans un avenir meilleur pour notre ville de Sucy, pour notre patrie, pour l’Europe et pour toute l’humanité.

Pour nous croyants, de toutes confessions, la Prière témoigne de nos idéaux, de nos espérances et de nos rêves.

Le prophète Jérémie, l’une des grandes figures de l’antiquité biblique, s’adressait à ses compatriotes judéens exilés en Babylonie, avec cette phrase clairvoyante, que nous devons tous méditer

« Priez pour la paix et le bonheur du pays, dans lequel vous résidez, car la paix du pays sera aussi la vôtre, et le bonheur de toute la nation amènera votre propre bonheur ».

A nous hommes et femmes de foi et de conviction, de penser à la liberté, et au bien être de toute notre cité, de tous les habitants de notre ville, sans exception, loin de tout égoïsme, de tout  enfermement et de toute crispation….

A nous de participer aux grands efforts collectifs, pour continuer de faire de Sucy un lieu exemplaire en France, un modèle de coopération, de dialogue, et de libre circulation des idées, entre tous les habitants de notre belle et libre commune, pour une ville de Sucy

en Brie confiante dans son destin, libre dans l’expression de ses idées, créative dans ses projets.

Je formule au nom du judaïsme de notre ville, les vœux les plus fervents dans cette année qui commence.

A vous Madame la Maire, des vœux de réussite pour toute votre équipe, des vœux de bonheur pour tous les employés de la ville de Sucy, qui nous permettent de vivre au quotidien dans une ville agréable et attrayante, et des souhaits de joie, bonheur et santé, pour vous Madame CIENTU et pour votre famille.

A vous tous, chers amis de la communauté chrétienne et musulmane,  une année de fraternité et de partage.

Shimon Tapiero

Rabbin de Sucy en Brie

Discours prononcé par Madame le Maire lors des vœux inter religieux de dimanche

Dimanche 25 janvier 2015

Mesdames, Messieurs les élus, Chers Collègues,

Messieurs les représentants des communautés religieuses, juive, musulmane, catholique, orthodoxe, protestante,

Mesdames et Messieurs,

Nous nous retrouvons cette année dans un climat très particulier, à quelques jours des attentats qui ont endeuillé notre pays.

Dans un tel contexte, la parole de chacun est d’autant plus attendue. Plus que jamais, cet échange de vœux prend tout son sens. Oui, nous avons tous un message à porter, vous communautés religieuses, nous Municipalité.

Pour ma part, il m’a paru évident d’aborder un sujet fondamental qui est au cœur de notre modèle social et qui fait aussi toute la singularité des violences que nous avons connues chez nous. Je veux parler de notre interprétation de la laïcité et de la liberté d’expression.

Le préambule de notre Constitution nous précise ceci : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

Notre République protège toutes les croyances, leur reconnaît une place à chacune. Elle sépare aussi très clairement la sphère publique et la sphère religieuse en défendant un principe de neutralité des services publics et des institutions politiques. Elle défend la liberté de croire et celle de ne pas croire.

Ce modèle français, fruit d’une longue histoire et hérité de la Révolution, est à la fois singulier et exigeant.

Singulier, oui il l’est. Il n’y a qu’en France, à ma connaissance, où l’on s’en est pris, dans un tel déchaînement de violence, à un journal en cherchant à tuer un à un l’ensemble de ses auteurs parce qu’il n’y a guère qu’en France où l’on accepte une telle liberté d’expression qui va jusqu’à inclure le très mauvais goût et la franche provocation à l’égard de toutes les institutions, de toutes les religions. Il suffit pour s’en convaincre de voir les réactions dans le monde, certes plus ou moins spontanées, dans les pays musulmans mais aussi dans le monde anglo-saxon, à la dernière parution du journal Charlie Hebdo. Le Pape lui-même a fait part de sa réaction avec une franchise et une sincérité qui rejoint finalement ce que beaucoup pensent en le disant plus ou moins ouvertement.

Exigeant, oui, notre modèle est très exigeant. Il ne s’agit pas d’avoir raison contre le monde ou de se considérer comme supérieur à tous. Ce sont là deux travers, il est vrai, très français. Il s’agit simplement de rappeler ce qui constitue notre socle commun, c’est-à-dire notre conception de la liberté et de la Nation qui est une et indivisible, qui s’oppose au communautarisme. Rappeler la place qui est celle des religions. Nous devons inlassablement défendre et expliquer notre histoire et ce modèle qui est un point d’équilibre que nous avons mis plusieurs siècles à atteindre.

Cette exigence ne nous empêche pas, bien au contraire, de respecter les croyances de chacun, de prendre soin de ne pas heurter celui qui pense différemment de nous, de ne pas donner l’impression si dévastatrice d’une liberté d’expression à géométrie variable. Mais, ne nous le cachons pas, la difficulté est là.

C’est vrai pour la Municipalité à laquelle il revient de faire appliquer au quotidien nos principes républicains. C’est vrai aussi pour vous, représentants de toutes les confessions. J’en suis bien consciente. Par nature, les religions procèdent du sacré et de l’absolu. Reconnaître les limites posées dans le monde temporel et s’insérer dans un ordre laïc ne va pas toujours de soi.

Vous l’avez peut être remarqué, à Sucy, nous avons fait très attention à ne pas tomber dans l’utilisation un peu facile et systématique du slogan « nous sommes tous Charlie ». Non pas évidemment que nous ne nous reconnaissons pas dans la défense de nos valeurs et de la liberté d’expression telle que nous la concevons en France. Nous nous y reconnaissons pleinement et nous réaffirmons ici que ces valeurs ne sont pas négociables. Mais « être Charlie », c’est aussi avoir le droit de ne pas être d’accord avec Charlie. Et heureusement ! C’est en pensant à tous les sucyciens, dans toute l’étendue de leurs croyances, de leurs origines et de leurs appartenances que nous avons fait ce choix. Dans le même temps, le principe qui nous guide est très clair. C’est celui de la tolérance inspirée par l’esprit des Lumières : « je ne suis pas d’accord avec vos idées mais je me battrai pour que vous puissiez les exprimer ! »

Il y a quelque malice à citer devant vous cette célèbre formule prêtée à Voltaire ou plus exactement inspirée des thèses qu’il a défendues, lui qui, bien que croyant en Dieu, a pris ses distances avec toutes les religions. J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop !

Il s’agit pour moi de remonter par là aux origines mêmes de la laïcité à la française. Il s’agit de dire que, par delà toutes nos différences, nous pouvons et nous devons nous réunir dans un même attachement à nos valeurs, dans une même défense de nos principes. Nous avons tous un rôle d’explication à jouer, chacun avec ses mots et chacun à sa manière, à l’image de ce que nous avons fait le mercredi 14 janvier lors de notre rassemblement républicain qui a été un moment très apprécié par la population. Ce moment a été apprécié car il a contribué à rassurer tous les habitants et parmi eux les croyants, en particulier les juifs, ciblés par les attentats, les musulmans aussi, contre lesquels des réactions hostiles se sont exprimées. Ce moment a été apprécié parce qu’il a précisément démontré l’unité de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté contre un ennemie commun qui a pour nom barbarie, haine, intégrisme, intolérance, antisémitisme, racisme.

Je pense que nous devrions chercher tous ensemble à prolonger cette soirée du 14 janvier en s’appuyant sur les liens très forts qui nous unissent et en prenant certaines initiatives, en particulier avec et en direction des jeunes. Nous voyons d’ailleurs un peu partout en France se multiplier ce type d’initiatives qui prennent la forme de marches (comme celle partie de Bordeaux), de débats ou d’échanges entre les lieux de culte. A nous d’y réfléchir et ma porte, vous le savez, vous est largement ouverte. Grâce à vous, représentants de toutes les confessions, à votre participation active, nous pouvons donner un sens profond à ce que nous faisons. Je mesure la chance qui est la nôtre à Sucy de disposer, au sein de toutes les communautés, d’interlocuteurs de très grande qualité capables de mobiliser leur connaissance et leur intelligence au service de notre vivre ensemble. C’est vraiment très précieux à mes yeux comme aux yeux de tous les élus nombreux ici présents.

Alors pour conclure, je forme le vœu que nous trouvions ensemble, en cette année nouvelle qui a si tragiquement débuté dans le fracas des armes, le chemin de la paix et l’énergie d’entraîner sur ce chemin toute la Communauté sucycienne. Nous devons, plus que jamais, dire et répéter combien les religions sont porteuses de ce message de paix en ne laissant aucune place à tous ceux qui s’acharnent par tous les moyens à démontrer le contraire. Comme le dit si justement Ghaleb BENCHEIKH, islamologue érudit bien connu, « on ne peut pas et on ne doit pas se prévaloir d’un idéal religieux pour semer la haine. » Et encore cette formule qui est une formidable réponse à tous les excès : « l’extrémisme est le culte sans la culture ; le fondamentalisme est la croyance sans la connaissance ; l’intégrisme est la religiosité sans la spiritualité. »

Mesdames et Messieurs, je vous remercie.

Valérie Braham, épouse de Philippe victime de Coulibaly : « Ma vie est brisée »…

Valérie Braham BFMTV

Philippe Braham est l’une des quatre victimes d’Amedy Coulibaly. Tué lors de la prise d’otages de l’Hyper Cacher, à Paris, il laisse derrière lui une femme, et quatre enfants. Sous le choc, mais déterminée à ne pas fuir, Valérie, son épouse, témoigne sur BFMTV.

 « Ma vie, aujourd’hui, elle est brisée ». Le ton est las mais ferme. Valérie Braham se souviendra à jamais du 9 janvier 2015, date à laquelle elle a perdu son époux, Philippe. Il est l’une des quatre victimes d’Amedy Coulibaly, tué dans l’Hyper Cacher, porte de Vincennes à Paris. Un attentat qui a ému la France, et détruit des familles.

« J’ai l’impression que c’est arrivé hier. Je ne réalise pas du tout », confie à BFMTV cette mère de quatre enfants, encore sous le choc. « Je n’attends qu’une chose, c’est qu’il vienne toquer à la porte et qu’il me dise: ‘Valérie, je te raconte pas ce qui m’est arrivé, une histoire pas croyable' ». Alors que son regard se perd quelque part au loin, elle reprend avec la même tristesse: « Ca va prendre du temps à avaler tout ça. Ca va prendre du temps. »

« Tout va redevenir comme avant, mais pas pour moi »

« Ce qui me travaille beaucoup, c’est à quoi il a dû penser avant. J’imagine qu’il a dû avoir peur, qu’il a dû penser aux enfants et à moi, et ça, c’est quelque chose qui me perturbe », explique-t-elle sur le même ton, toujours ferme. Deux semaines après l’assassinat de son époux, elle a choisi de prendre la parole. Son visage, tiré, traduit sa douleur. Mais dans ses mots, aucune trace de sanglots.

« Les gens vont continuer leur vie. Tout va redevenir comme avant pour tout le monde… Mais par pour moi et pour les autres victimes. Moi, ma vie aujourd’hui, elle est brisée. Je pensais toujours que j’allais vieillir auprès de mon mari. Bah c’est pas le cas. »

« Dans une peur perpétuelle »

Bien qu’endeuillée, Valérie Braham reste déterminée et ne compte pas fuir face à la menace qui pèse sur sa communauté. Quand elle « voit tout ce qu’il (l’Etat) a déployé au niveau sécurité« , elle se sent rassurée. Mais pour combien de temps? « Une fois que l’histoire sera mise de côté, ça n’empêchera pas d’autres terroristes de recommencer. »

Pour elle, chaque jour est synonyme d’inquiétude, d’effroi. En emmenant ses enfants à l’école, Valérie Braham ne peut s’empêcher de scruter la rue pour vérifier qu’elle n’est pas épiée. « On ne peut pas rester comme ça, dans une peur … perpétuelle. […] Non, ce n’est pas vivable. »

« Je ne veux pas fuir »

« Angoissée, stressée. » C’est ainsi que se réveille chaque jour celle qui se qualifie de « bonne mère juive ». Mais lorsqu’on lui demande si elle envisage de quitter la France pour Israël, la réponse est catégorique: « Non. »  « Je suis Française, je suis née ici, je vis ici depuis presque 40 ans, affirme Valérie Braham, déterminée. C’est mon pays et le pays de mes enfants. C’est ici ma vie. Bien sûr que ça traverse l’esprit, mais pas au point de tout quitter pour partir, et surtout pas parce qu’il y a des menaces. Je ne veux pas fuir. (…) Je reste. »

Texte intégral de l’allocution de Bernard-Henri Lévy aux Nations Unies sur l’antisémitisme le 23/01/2015

« Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs.

Monsieur le Président et Monsieur le Secrétaire Général.

Mesdames et Messieurs les Ministres.

Ce n’est pas souvent qu’il revient à un philosophe de s’exprimer dans cette enceinte.

C’est l’une des première fois (Elie Wiesel, Jiddu Krishnamuti il y a trente ans…) qu’il est demandé à un ecrivain de se tenir ici, à cette tribune où ont retenti tant de grandes voix et où la cause de la paix et de la fraternité entre les hommes a connu quelques-unes de ses plus belles et nobles avancées.

Et c’est pour moi, croyez-le, une vive émotion et un honneur immense.

​​​​​Si vous m’avez invité, ce matin, ce n’est pourtant pas pour chanter l’honneur et la grandeur de l’humanité – mais c’est pour pleurer, hélas, les progrès de cette inhumanité radicale, de cette bassesse, qui s’appelle l’antisémitisme.

Bruxelles où l’on s’en est pris, il y a quelques mois, à la mémoire juive et à ses gardiens.

Paris où l’on a réentendu l’infâme cri de « Mort aux Juifs » et où, il y a quelques jours, l’on a tué des dessinateurs parce qu’ils dessinaient, des policiers parce qu’ils faisaient la police et des juifs parce qu’ils faisaient leurs courses et qu’ils étaient juste juifs.

D’autres capitales, beaucoup d’autres, en Europe et hors d’Europe, où la réprobation des juifs est en train de redevenir le mot de passe d’une  nouvelle secte d’assassins – à moins que ce ne soit la même, dans de nouveaux habits.

Votre Maison s’est édifiée contre cela.

Votre Assemblée avait la sainte tâche de conjurer le réveil de ces spectres.

Mais non, les spectres sont de retour – et c’est pour cela que nous sommes ici.

​​​​​Sur ce fléau, sur ses causes et sur les moyens d’y résister, je veux d’abord, Mesdames et Messieurs, Monsieur le Secrétaire Général, Monsieur le President, réfuter un certain nombre d’analyses courantes qui ne sont faites, j’en ai peur, que pour nous empêcher de regarder le mal en face.

Il n’est pas vrai, par exemple, que l’antisémitisme soit une variété parmi d’autres du racisme. Les deux doivent être combattus, bien sûr, avec une détermination égale. Mais l’on ne combat bien que ce que l’on comprend. Et il faut comprendre que, si le raciste hait dans l’Autre son altérité visible, l’antisémite en a, lui, après son invisible différence – et, de cette prise de conscience, va dépendre la nature des stratégies que l’on pourra et devra mettre en œuvre.

Il n’est pas vrai non plus que l’antisémitisme d’aujourd’hui ait, comme on l’entend partout, et en particulier aux Etats-Unis, ses sources principales dans le monde arabomusulman. Dans mon pays, par exemple, il a une double source et comme un double bind. D’un côté, c’est vrai, les enfants d’un islamisme radical devenu l’opium le plus toxique des territoires perdus de la République. Mais, de l’autre, cette vieille bête française qui, depuis l’affaire Dreyfus et Vichy, n’a jamais dormi que d’un œil et qui fait finalement bon ménage avec la bête islamofasciste.

Et il n’est pas exact enfin que la politique de tel ou tel Etat, je veux évidemment parler de l’Etat d’Israël, produise cet antisémitisme comme la nuée l’orage. J’ai connu des capitales, en Europe, où la destruction des juifs a été quasi totale et où l’antisémitisme est pourtant maximal. J’en ai connu d’autres, plus lointaines, où il n’y a jamais eu de juifs du tout et où le nom juif est pourtant synonyme de celui du Diable. Et j’affirme ici qu’Israël serait-il exemplaire, serait-il la patrie d’un peuple d’anges, reconnaitrait-il au peuple palestinien l’Etat auquel il a droit, que la plus ancienne des haines ne baisserait, malheureusement, pas d’un ton.

​​​​​Pour comprendre comment fonctionne l’antisémitisme d’aujourd’hui, il faut, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, donner congé à ces clichés et entendre la façon dont il s’exprime et se justifie.

Car jamais, au fond, les hommes ne se sont contentés de dire : « voilà, c’est comme ça, nous sommes de méchants hommes et nous haïssons  les pauvres juifs ».

Non.

Ils ont dit : « nous les haïssons parce qu’ils ont, eux, tué le Christ » – et c’était l’antisémitisme chrétien.

Ils ont dit : « nous les haïssons parce qu’ils l’ont, au contraire, en produisant le monothéisme, inventé » – et c’était l’antisémitisme de l’âge des Lumières qui voulait en finir avec toutes les religions.

Ils ont dit : « nous les haïssons parce qu’ils sont d’une autre espèce, reconnaissables à des traits de nature qui n’appartiennent qu’à eux et qui corrompent, polluent, les autres natures » – et c’était l’antisémitisme raciste, contemporain de la naissance des sciences modernes de la vie.

Ils ont encore dit : «  nous n’avons rien contre les juifs en soi ; non, non, vraiment rien ; et nous nous moquons d’ailleurs de savoir s’ils ont tué ou vu naître le Christ, s’ils forment ou non une race à part, etc ; notre problème, notre seul problème, c’est qu’ils sont d’horribles ploutocrates, acharnés à dominer le monde et à opprimer les humbles et les petits » – et c’était, dans toute l’Europe, ce socialisme des imbéciles qui infecta le mouvement ouvrier au début du XX° siècle et au delà.

Aujourd’hui, aucune de ces rhétoriques ne fonctionne plus.

Pour des raisons qui tiennent à l’histoire du dernier siècle, il n’y a plus que des minorités de femmes et d’hommes pour ne pas voir qu’elles ont toutes débouché sur des massacres abominables.

Et, pour que le vieux virus reparte à l’assaut des têtes, pour qu’il lui soit de nouveau possible d’enflammer de vastes foules, pour que des hommes et des femmes puissent, en grand nombre, et ce qu’à Dieu ne plaise, recommencer de haïr en toute bonne conscience ou croire, si l’on préfère, qu’il existe de justes raisons de s’en prendre aux juifs, il faut un argumentaire nouveau que l’Histoire universelle n’ait pas eu le temps de déconsidérer.

​​​​​L’antisémitisme d’aujourd’hui dit, en réalité, trois choses.

Il ne peut opérer sur grande échelle que s’il parvient à proférer et articuler trois énoncés honteux, mais inédits, et que le XX° siècle n’a pas disqualifiés.

Les juifs seraient haïssables parce qu’ils soutiendraient un mauvais Etat, illégitime et assassin – c’est le délire antisioniste des adversaires sans merci du rétablissement des Juifs dans leur foyer historique. Les juifs seraient d’autant plus haïssables qu’ils fonderaient leur Israël aimé sur une souffrance imaginaire ou, tout au moins, exagérée – c’est l’ignoble, l’atroce déni de la Shoah. Ils commettraient enfin, ce faisant, un troisième et dernier crime qui les rendrait plus détestables encore et qui consisterait, en nous entretenant inlassablement de la mémoire de leurs morts, à étouffer les autres mémoires, à faire taire les autres morts, à éclipser les autres martyres qui endeuillent le monde d’aujourd’hui et dont le plus emblématique serait celui des Palestiniens – et l’on est, là, au plus près decette imbécillité, de cette  lèpre, qui s’appelle la compétition des victimes. L’antisémitisme nouveau a besoin de ces trois énoncés.

C’est comme une bombe atomique morale qui aurait là ses trois composants.

Chacun, pris séparément, suffirait à discréditer un peuple redevenu objet d’opprobre ; mais qu’ils viennent à  s’additionner, que les composants se composent, que les trois fils entrent en contact et parviennent à former un nœud ou une tresse – et l’on est à peu près sûr d’assister à une déflagration dont tous les juifs, partout, seront les cibles désignées.

Car quel vilain peuple que celui dont on aurait insinué qu’il est capable de ces trois crimes !

Quel hideux portrait que celui d’une communauté de femmes et d’hommes accusés de trafiquer ce qu’ils ont de plus sacré, à savoir la mémoire de leurs morts, pour légitimer un Etat illégitime et intimer silence aux autres souffrants de la planète !

L’antisémitisme moderne c’est cela.

L’antisémitisme ne renaîtra sur grande échelle que s’il parvient à imposer ce tableau insensé et ignoble.

Il sera antisioniste, négationniste, carburant à l’imbécile compétition des douleurs – ou il ne sera pas : c’est d’une cohérence imparable ; c’est d’une détestable, méprisable mais infaillible logique.

Reconnaître cela, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,  Monsieur le Secrétaire Général, Monsieur le Président, c’est  commencer de voir, symétriquement, ce qu’il vous revient de faire pour lutter contre cette calamité.

Imaginons une Assemblée Générale des Nations Unies où Israël aurait sa place, toute sa place, celle d’un pays comme les autres, ni plus ni moins fautif que d’autres, soumis aux mêmes devoirs mais aussi aux mêmes droits– et imaginons qu’on lui rende justice en lui reconnaissant, au passage, d’être ce qu’il est vraiment : une authentique, solide et vaillante démocratie.

Imaginons une Assemblée Générale des Nations Unies qui, fidèle à son pacte fondateur, se ferait la gardienne sourcilleuse de la mémoire du pire génocide jamais conçu depuis qu’il y a des hommes – imaginons que cette année 2015 voie se tenir, sous votre égide et avec l’aide des plus hautes sommités scientifiques mondiales, la plus complète, la plus exhaustive, la plus définitive des conférences jamais réunie sur la tentative de destruction  des Juifs.

Et puis rêvons, quelque part entre New York, Genève, ou Jérusalem, d’une deuxième conférence consacrée, elle, à toutes les guerres oubliées qui endeuillent les terres habitées mais dont on ne parle jamais car elles n’entrent pas dans le cadre des blocs, ou des groupes, entre lesquels vous vous partagez – et  rêvons que cette seconde conférence, ce Sommet des damnés, prenant le contre-pied du sot et monstrueux préjugé voulant qu’il n’y ait de place dans un cœur que pour une seule et unique compassion, révèle ce qui fut la vraie vérité des décennies écoulées : c’est quand on avait la Shoah au cœur que l’on voyait tout de suite l’horreur de la purification ethnique en Bosnie ; c’est quand on avait en tête cet étalon de l’inhumain que fut le massacre planifié des juifs d’Europe que l’on comprenait sans tarderce qui se passait au Rwanda ou au Darfour ; bref, loin de nous rendre aveugles aux tourments des autres peuples, la volonté de ne rien oublier du tourment du peuple juif est ce qui rend saillante, évidente, l’immense affliction  des Burundais, des Angolais, des Zaïrois, j’en passe.

En adoptant ce programme, vous lutterez contre l’antisémitisme réel.

En réhabilitant cet Israël que votre Assemblée a porté sur les fonts baptismaux il y a presque 70 ans, en usant de votre autorité pour faire taire, une bonne fois, les crétins négationnistes et en vous portant, troisièmement, au secours de ces nouveaux damnés de la terre immolés sur l’autel de l’idéologie antisioniste, vous déconstruirez un à un chacun des composants du nouvel antisémitisme.

Mais vous défendrez en même temps, et dans le même mouvement, la cause de l’humanité.

​​​Je ne serais pas là, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, si je ne pensais pas que cette enceinte soit l’un des seuls lieux au monde, peut-être le seul, où puisse s’orchestrer cette solidarité des ébranlés dont parlait le grand philosophe tchèque Jan Patocka et qui aura été le fil de ma vie.

Quand, dans mon pays, les plus hautes autorités de l’Etat disent : « la France sans ses juifs ne serait plus la France », elles dressent une digue contre l’infamie.

Mais quand, dans ce même pays, on a vu un quart d’entre vous, un chef d’Etat et de gouvernement sur quatre, venir marcher à nos côtés pour dire « je suis Charlie, je suis policier, je suis juif », ce fut une raison d’espérer que l’on n’attendait plus.

Et votre présence même, ici, ce matin, votre volonté de rendre cet événement possible et, peut-être, mémorable, attestent que c’est sur tous les continents, dans toutes les cultures et toutes les civilisations, que l’on commence de prendre conscience que la lutte contre l’antisémitisme est une obligation pour tous – et c’est là une belle et grande nouvelle.

Quand on frappe un juif, disait un autre écrivain, c’est l’humanité qu’on jette à terre.

Quand on s’en prend aux Juifs, insista un antinazi de la première heure, c’est comme une première ligne enfoncée sous une invisible mitraille qui frappera ensuite, de proche en proche, le reste des humains.

Un monde sans juifs, non, ne serait plus un monde – un monde où les juifs recommenceraient d’être les boucs émissaires de toutes les peurs et de toutes les frustrations des peuples serait un monde où les hommes libres respireraient moins bien et où les asservis seraient plus asservis encore.

A vous, maintenant, de prendre la parole et d’agir.

A vous, qui êtes les visages du monde, d’être les architectes d’une maison où la mère de toutes les haines verrait sa place amenuisée.

Puissiez-vous, dans un an, et l’année suivante, et toutes les autres encore, vous retrouver pour constater que votre mobilisation d’aujourd’hui  n’est pas vaine et que la Bête peut reculer​. »

Lettre à un ami non-juif, par François Heilbronn

Après les assassinats antisémites de la Porte de Vincennes, la médiatisation de la « peur » des Juifs français et leur souhait de quitter leur pays, plusieurs amis non-juifs m’ont envoyé ce message affectueux : « Restez ». Au lendemain des mobilisations du dimanche 11 janvier, voici ce que je leur ai répondu.

« Salut vieux frère,

Bien sûr que nous allons rester chez nous, en France.

La France est notre pays. Les Juifs se sont battus en masse pour elle à chaque guerre.Ils lui ont donné 12 Nobel, des savants, des écrivains, des chefs de gouvernement, des poètes et même des humoristes. Ma famille est parisienne depuis 1731, et même aux pires heures, nous sommes restés en France. Nous nous sommes toujours battus pour elle et ses valeurs. Deux de mes grands oncles sont morts au champ d’honneur en 1940 et en 1944. A 18 ans,mon grand père fut en 1918, un des plus jeunes médaillés militaires. Je suis la sixième génération de ma famille à être décoré de la Légion d’honneur et ceci sans discontinuer. Officier de réserve parachutiste, j’ai la France et la défense de la République chevillées au corps comme tu le sais.

Alors, pourquoi donc, un tel malaise, chez les Français juifs?

Depuis octobre 2000, la population française n’a plus été solidaire des Juifs français, d’abord insultés, puis menacés et enfin assassinés dans leur pays. Ils ont le sentiment d’avoir été abandonnés par elle. François Hollande et Manuel Valls ont été bien seuls pour leur défense. Après la tuerie à l’école juive de Toulouse, il y a moins de trois ans, nous n’étions que 10.000 à défiler dans Paris et en très très grande majorité Juifs. Nous nous sommes sentis bien seuls. Où se trouvaient-ils, les 3,7 millions de Français d’hier ? C est vrai, on n’avait assassiné que des parachutistes, et des enfants dans une cour d’école juive !!! On avait tué trois enfants à bout portant, pour le simple fait qu’ils étaient Juifs. Où étais-tu, toi le vieux frère? Pas dans la rue avec moi en tous cas.

Et cet été quand des hordes criaient sur cette même Place de la République « Mort aux Juifs », et brandissaient des drapeaux du Hamas, du Hezbollah et de Daesh, aux côtés du NPA et de la CGT, puis attaquaient en bandes organisées les synagogues de la Roquette et de Sarcelles, où étaient les Français de « Je suis Charlie » ? Beaucoup d’entre eux, sourds à la clameur antisémite, critiquaient même l’interdiction pourtant légitime de ces manifestations.

Et le 6 octobre 2000, quand pour la première fois depuis 1945 on a crié “Mort aux Juifs” dans les rues de Paris, où étais-tu ? Tu me disais : « c’est un épiphénomène ». Certains de nos amis m’expliquaient même à la lecture du Monde, que tout ceci était la faute d’Israël.

Notre histoire nous a appris à être des “guetteurs” de la démocratie. Tu ne voulais pas lire “Les territoires perdus de la République”sous la direction d’Emmanuel Brenner que je t’avais donné en 2003. Tu n’es pas venu manifester avec moi, en 2006 pour Ilan Halimi et en 2012 en soutien aux enfants juifs de Toulouse. Pourtant tu te trouvais à mes côtés après les crimes de Copernic,de la rue des Rosiers, puis de la profanation de Carpentras. Pourquoi, durant ces 14 ans où je t’ai expliqué qu’un vent mauvais s’est levé sur notre pays, tu ne m’as pas cru ?

Tu possèdes des circonstances atténuantes. Des journaux comme « Le Monde », les dépêches de l’AFP, les journaux télévisés,certains hommes politiques, tous t’avaient expliqué pour qualifier la multiplication des agressions antisémites que : « les tensions intercommunautaires étaient liées aux évènements du Proche-Orient ». Pourquoi, les as-tu-cru eux et pas moi quand je te disais que cela n’avait rien à voir? J’avais beau te répéter que des islamistes radicalisaient une certaine jeunesse en leur enseignant la haine du Juif, des femmes, de la démocratie et de la liberté et que bientôt nous aurons des djihadistes français, tu ne m’entendais pas.

Je sais que comme Manuel Valls tu penses que « la France sans les Juifs ne serait plus la France ». Tu as raison, mais pour cela, il va falloir te battre à nos côtés et cette fois-ci nous écouter quand on t’alerte.

Donc, au combat l’ami. Rejoins-nous. Sinon la France risque de devenir « Judenfrei » comme l’est déjà le reste de l’Europe.

Je t’embrasse fraternellement.»

François Heilbronn Professeur associé à Sciences-Po et Conseiller en entreprise

Chère France, je t’aime mais tu ne m’as pas laissé d’autre choix que te quitter…

Au lendemain des tragiques événements qui ont touché la France, « une future expat’ juive » a souhaité exprimer ce qu’elle ressentait en tant que juive française et expliquer pourquoi elle en est arrivée à se dire qu’elle devait quitter ce pays.

Pour la première fois, moi juive française, qui durant toute ma vie n’ait jamais considéré une seule seconde de partir vivre en Israël, je viens de changer d’avis.

J’ai toujours été la première à défendre la croyance en un avenir pour les juifs en diaspora, à critiquer l’Alyah, à dire à mes amis qui partaient pour Israël que ce n’était pas une fin en soi, qu’ils ne trouveraient pas de job là-bas, que la société israelienne n’était peut-être pas prête à nous accueillir. Je me suis accrochée à la conviction qu’en tant que juive française, je pouvais réussir ma vie dans ce pays, mon pays. La France, pays dans lequel je suis née, dans lequel j’ai monté ma boîte.

J’ai voulu croire qu’après les drames Ilan Halimi et la tuerie de Toulouse, la France avait compris ce à quoi elle était confrontée. J’avais regretté avec tristesse que presque seuls les juifs descendent dans la rue à l’époque. Mais je voulais encore croire aux « plus jamais ça ».

Et puis en ce début d’année 2015, cette horreur sans nom. D’abord ce massacre chez Charlie Hebdo, puis dans cette même épicerie casher où j’étais allée moi-même faire des courses une semaine plus tôt à la même heure. Parmi les otages se trouvait une personne que je connaissais, qui heureusement en est sortie saine et sauve. Je me suis dit que ça aurait pu être moi ou quelqu’un de ma famille. Et, surtout, je me suis demandée ce que je faisais encore là, en France, avec ce point rouge sur mon front. Quand on sera morts il sera trop tard pour partir.

Pour la première fois depuis l’occupation, la Grande Synagogue de Paris a fermé ses portes un jour de Shabbat. Les écoles juives et les restaurants casher sont fébriles. Des membres de ma famille ont retiré leur mezouza de leur porte d’entrée par peur ou pour certains parce que les voisins leur ont demandé de le faire, pour « ne pas mettre l’immeuble en danger ». Tout cela réveille des souvenirs lointains profondément effrayants.

Après les intellectuels de gauche (qui ont toléré la haine du juif dans les quartiers au nom du vivre ensemble et de la bien-pensance, et semblent aujourd’hui plus concernés par l’islamophobie que par l’antisémitisme), les médias (qui refusent de voir l’horrible réalité en face en appelant les juifs tués dans l’épicerie des « otages »), ce sont maintenant les pouvoirs publics qui nous ont abandonnés, nous juifs. Pas volontairement, mais par impuissance, tout simplement.

Comment croire Manuel Valls lorsqu’il affirme que les juifs doivent rester et que tout sera mis en oeuvre pour qu’ils se sentent en sécurité ? La France va baisser la garde et c’est normal, parce qu’on ne peut pas mobiliser en permanence des militaires pour surveiller les lieux juifs. Après tous ces drames, sans parler des agressions antisémites devenues « anecdotiques » que l’on voit passer au quotidien, malgré toute mon envie de croire ces paroles rassurantes, je n’y arrive plus.

Et encore moins quand je vois la génération de demain qui est en train de se dessiner sous nos yeux qui refusent de le voir. Ces élèves qui dans les écoles primaires rigolent pendant la minute de silence et répètent que c’est « bien fait pour la France ». Ces ados sur Twitter qui érigent en héros les terroristes ou ceux qui ne comprennent pas pourquoi « on en fait autant pour les juifs ». Ces personnes qui, même parmi mes propres amis, suivent Dieudonné sur les réseaux sociaux et dédramatisent ses propos. Ou encore ceux qui nous somment d’arrêter de nous « victimiser ».

La faible proportion de gens qui, à la marche républicaine de dimanche, ont évoqué la tuerie de Porte de Vincennes sur leurs panneaux ou dans leurs témoignages aux caméras de télévision, la majorité étant là avant tout pour défendre la liberté d’expression. Il y avait pourtant deux combats à défendre symboliquement : la liberté d’expression mais aussi la liberté de culte. Nous mêmes juifs avons hésité à écrire #JesuisJuif aux côtés de #JeSuisCharlie sur nos pancartes, par peur que cela nous cause des problèmes. Tout le monde était Charlie, ça c’est sûr, et c’est très bien. Mais parmi ces Charlie, qui s’indignait qu’on tue des juifs au même titre que des journalistes ? Qui avait vraiment pris la mesure de la gravité de l’antisémitisme en France ? Est-il également nécessaire de rappeler la très faible représentation des musulmans à cette marche ? Où étaient soudainement tous ces militants engagés qui étaient descendus dans la rue pour la Palestine quelques mois plus tôt ? (Et accessoirement, pour certains, afin de crier « morts aux juifs » avec la bénédiction des politiques qui ont mené les cortèges en fermant les yeux). Je remercie les musulmans avec qui j’ai marché en ce 11 janvier, car il y en avait fort heureusement, et certains ont prononcé des discours touchants. Mais malheureusement ils étaient trop peu alors qu’ils avaient pourtant l’opportunité justement de défendre leur religion et ses valeurs face à des radicaux qui la prennent en otage. Pourquoi ce silence ?

Dimanche la France était dans la rue, émue et indignée. C’était beau, c’était touchant. Mais elle aurait dû s’indigner avant. Pourquoi cet élan citoyen tardif ? Où étaient ces millions de personnes indignées partout en France lorsque des français sont morts parce que juifs en 2012 ? Il a fallu que la France soit touchée de plein coeur, qu’on tue des personnes connues, des journalistes, pour qu’elle ouvre enfin les yeux sur ses ennemis. Je ne me fais pas d’illusion, si seul l’Hypercacher avait été visé, je doute fortement que nous aurions été aussi nombreux à défiler malheureusement.

Je suis rassurée pour la liberté d’expression, elle n’est pas en danger, la rue l’a prouvé, elle la défendra. En revanche, je m’inquiète pour mes concitoyens juifs.

Dans quelques mois la vie reprendra son cours, avec ses attaques antisémites dans le métro, avec la peur au ventre chez les juifs qui voient les drames s’accumuler et craignent désormais pour leur vie. Pendant ce temps des politiciens d’extrême gauche trouvent des excuses à l’inexcusable et ont pour priorité de combattre les amalgames avant même de combattre la haine, pour priorité de défendre préventivement une population qui risque la discrimination plutôt qu’une population qui tombe déjà sous les balles.

Pour ma part, je ne peux plus être spectatrice impuissante de tout cela et vivre avec la peur d’aller faire de simples courses. Alors oui, il faut partir dès que possible. En Israël peut-être ou pourquoi pas aux Etats-Unis. N’importe où tant que je puisse me sentir en sécurité pour construire un foyer.

D’aucuns me rétorqueront que ce n’est pas à moi de partir, qu’il ne faut pas laisser la victoire à des cons et que c’est plutôt eux qui doivent être chassés. Malheureusement les cons sont trop nombreux et la France a encore les yeux mi-clos, et si j’attends qu’elle les ouvre complètement ce sera peut-être déjà trop tard. Alors comme la génération de mes parents avant moi, je vais quitter ma terre natale et essayer de trouver, j’espère, une vie meilleure ailleurs.

France, je te dis au revoir. Et sans rancune.

Une future expat’ juive

14/01/2015 Allocution de Marie-Carole CIUNTU, Maire de Sucy-en-Brie

Allocution de Marie-Carole CIUNTU, Maire de Sucy-en-Brie

Rassemblement républicain en hommage aux victimes du terrorisme

et autour des valeurs qui fondent notre Démocratie

Mercredi 14 janvier 2015

 

 Mes Chers Concitoyens,

 Dimanche, la France avait rendez-vous avec elle-même et elle était bien là, debout, fidèle au rendez-vous. Quatre millions de personnes se sont rassemblées à Paris et dans tout le pays, choquées par trois jours d’attaques terroristes successives, émues par le souvenir des victimes et mobilisées pour défendre les valeurs de notre République.

 Un grand journal du soir titrait il y a quelques jours « le 11 septembre français » pour qualifier l’abominable tuerie, au cours de laquelle douze personnes ont trouvé la mort et qui a eu lieu mercredi 7 janvier 2015, en plein Paris, au siège du journal Charlie Hebdo. Ce titre donne sa pleine mesure et sa cruelle vérité à cet acte terroriste, aussi barbare que lâche, commis avec des armes de guerre. Pour preuve, l’immense émotion qu’il a suscité dans le monde entier. La liberté d’expression était frappée au cœur.

 Pourtant, la violence n’allait pas s’arrêter là. Le lendemain, à Montrouge, c’était au tour d’une jeune policière municipale de la commune d’être assassinée. Le surlendemain, Porte de Vincennes, ce sont quatre clients d’un commerce de produits casher qui ont été abattus. Parmi eux, Philippe BRAHAM dont le frère est l’un des responsables de la communauté juive de Sucy.

 Je veux, en cet instant solennel de recueillement, au nom de l’ensemble du Conseil Municipal rassemblé en un seul et même élan, au nom de toute la population, rendre hommage à ces dix-sept victimes du fanatisme. Dix-sept victimes, tuées parce qu’elles étaient des esprits libres et impertinents, parce qu’elles incarnaient l’ordre public, parce qu’elles étaient juives. Je tiens à avoir une pensée toute particulière pour la famille de Philippe BRAHAM qui habitait l’Haÿ-les-Roses avec son épouse et ses trois enfants de 8 ans, 3 ans et sa dernière petite fille âgée de 20 mois. Nous partageons tous ensemble leur douleur et leur chagrin.

 Les trois auteurs de ces actes, ces trois assassins, dont nous avons appris ensuite qu’ils étaient liés, ont été éliminés. La mobilisation, la détermination et le courage de nos forces de l’ordre ont permis de parvenir rapidement à cet épilogue qui résonne pour nous tous comme un soulagement, si précaire soit-il.

 Rendre l’hommage de la Nation à toutes ces victimes est bien le moins que nous puissions faire.

Mais cela ne suffit pas.

 Nous devons nous rassembler. De ce point de vue, les manifestations nationales de dimanche étaient une éclatante démonstration. Elles ne doivent cependant pas apparaître comme une parenthèse enchantée. Nous devons nous rassembler profondément, sincèrement et durablement. Certes, l’unité est toujours difficile dans une Démocratie qui repose par principe sur la liberté d’opinion, l’esprit critique, le pluralisme des formations politiques, qui revendique une certaine forme d’individualisme aussi. C’est notre immense force et c’est parfois notre véritable faiblesse.

 Mais l’unité nationale ne veut pas dire l’uniformité. Elle signifie tout simplement que nous devons nous retrouver, dans les heures graves que nous traversons, autour d’un socle commun unanimement partagé, autour de valeurs communes non négociables qui fondent notre Démocratie.

 Au premier rang de ces valeurs figurent la liberté d’expression, la liberté de la presse, c’est-à-dire la liberté de tout dire dans les seules limites reconnues par la loi ; la liberté de conscience, c’est-à-dire celle de croire ou de ne pas croire ; la lutte contre toute forme de racisme, d’antisémitisme et de discrimination.

 Nous devons aussi agir. Nous ne pouvons pas nous contenter de parler. Agir chacun à son niveau et avec ses moyens. Agir en continuant tout simplement à vivre, à avancer en nous efforçant de ne surtout pas céder ni à l’irrationnel, ni à la peur.

 La menace est là, chacun le sait. Qui peut croire qu’elle a disparu en même temps que les trois terroristes ? Nous devons y faire face avec sang-froid et courage. Au niveau international et européen d’abord, sur le théâtre des opérations extérieures, notamment celles où l’armée française est engagée. Au niveau national ensuite en prenant les dispositions appropriées pour répondre à ces nouveaux visages du terrorisme. Au niveau local enfin. Au niveau de la commune, l’institution la plus proche des citoyens, celle qui est à la base de notre République et où il y a évidemment des actions à entreprendre. C’est bien là le sens qu’il faut donner à notre présence à tous ici ce soir. L’Etat doit combattre la menace mais c’est aussi le rôle de la société toute entière de le faire.

 Nous savons qu’il faut rester vigilant car nous ne vivons pas à l’écart du monde présent. Le sursaut français auquel, je veux le croire, nous assistons, doit nous permettre de préserver notre modèle national qui refuse le communautarisme et qui s’est trouvé affaibli, en raison notamment de comportements jusqu’alors tolérés et qui aujourd’hui ne doivent plus l’être. Il faut que les règles de vie sociale que nous nous sommes données soient acceptées et respectées par tous. A nous de reconquérir les territoires perdus de notre République !

 Un Maire connaît les cœurs et les âmes des hommes et des femmes de la commune. Il connaît leurs peurs comme leurs espérances. Il sait qu’au-delà de leurs différences, de leurs origines ou de leurs croyances, ils aspirent à vivre ensemble dans la paix. Mais un Maire sait aussi plus que tout autre la fragilité de notre société et l’énergie qu’il faut dépenser pour conserver un bien vivre ensemble.

 A Sucy, ville dépositaire d’une longue tradition humaniste, la Fraternité n’est pas un vain mot. Forte d’un dialogue entre les confessions si ancien et si vivant, je ne doute pas que toutes les communautés religieuses ici réunies, juive, musulmane, catholique, orthodoxe, protestante, sauront également être à la hauteur des événements que nous traversons. Par des prises de paroles publiques claires ou par des gestes aussi formidables que discrets, elles ont déjà donné la preuve ces derniers jours, comme elles vont le faire ce soir, de tout ce qu’elles peuvent apporter à notre vie commune locale.

 Par votre présence ce soir, jour de la parution du journal Charlie Hebdo, élus de toutes les tendances de notre Conseil Municipal que je remercie, représentants de toutes les confessions, citoyens de Sucy, vous exprimez des sentiments mêlés, naturellement votre peine pour les victimes, peut-être votre inquiétude pour vous-même et vos proches, ou encore de la colère. Mais surtout, vous démontrez votre mobilisation, votre volonté, votre force !

 Je retiendrai pour conclure ces quelques mots prononcés hier par le président de la République lors de l’hommage national rendu aux trois policiers morts en service : « La France peut être attaquée, elle peut être agressée, elle peut être meurtrie comme elle l’est aujourd’hui ; notre grande et belle France ne cède jamais, ne rompt jamais, ne plie jamais. Elle fait face. Elle est debout. »

 Vive la République et vive la France ! 

7.000 juifs français font leur Alyah en 2014…

L’émigration de Juifs de France vers Israël a plus que doublé sur les dix premiers mois de 2014 par rapport à la même période de 2013, a indiqué jeudi l’Agence juive, qui fait état de 6.237 départs au 31 octobre, contre 2.555 un an plus tôt.

Au total, entre 6.500 et 7.000 Juifs Français devraient avoir fait leur aliyah (« montée » vers Israël) sur toute l’année 2014, contre 3.300 en 2013, a estimé le nouveau directeur de l’Agence juive en France, Daniel Benhaïm.

Ces prévisions vont au-delà des projections communiquées début septembre, selon lesquelles le nombre global de migrants français en Israël s’établirait « autour de 5.500″ en 2014.

La France est en tête des pays d’émigration vers Israël cette année, une première qui jette une lumière crue sur ses causes, selon la communauté juive: surtout la résurgence des actes antisémites, un climat social déplorable et une économie en berne.

Certes, le Président et son Premier ministre, le ministre de l’intérieur et tout le personnel politique de la majorité ou de l’opposition ont toujours dit les mots qu’il fallait dire et on retiendra la formule  » la France sans ses juifs, n’est pas la France « .Mais les débordements des casseurs venus des cités, fanatisés par les chaînes des paraboles, les insultes d’une violence inouïe et sans aucune limite des pro palestiniens qui veulent importer un conflit vieux de 66 ans à 4.000 km de nos frontières , tout contribue au passage à l’acte. Après Ilan Halimi ça continue : un vieux juif qu’on bastonne, un couple qu’on agresse, une jeune femme qu’on viole, les actes anti sémites ont plus que doublé en un an.

Les juifs de France n’ont pas vocation à servir d’exutoire à une jeunesse perdue : immigration incontrôlée et incurie des gouvernants.

Alors, ils vont s’en aller les juifs de France: ils se replient d’abord sur les quartiers les plus sûrs et ils réfléchissent. Certains ont de l’argent, ceux qui ont beaucoup travaillé, ceux qui ont su risquer , tous ceux qui ont un bon cursus universitaire , mais ils ne veulent pas qu’on les dépouille parce qu’ils sont juifs et ils ne veulent pas être méprisés et insultés par ceux qui se désignent eux mêmes comme la « caillera » , la racaille !

Entre 500.000 et 600.000 Juifs vivent en France, ce qui en fait la première communauté juive d’Europe, et la troisième mondiale derrière Israël et les Etats-Unis.

« Dans le monde occidental ou libre, voir 1% d’une communauté juive qui fait son aliyah en un an, ça n’a jamais eu lieu », avait estimé en septembre le précédent directeur de l’Agence juive en France, Ariel Kandel, en soulignant que les Juifs sont « dix fois plus nombreux » aux Etats-Unis que dans l’Hexagone.

L’émigration juive de France en 2014 devrait représenter un quart de l’aliyah totale sur l’année, estimée à quelque 25.000 personnes, selon son successeur à la tête de l’Agence juive, un organisme para gouvernemental israélien, à Paris.

LES MIGRANTS ET LA YERIDA

« On a l’impression d’être dans la même dynamique pour 2015″, a ajouté Daniel Benhaïm au vu de certains « signes avant-coureurs » (demandes d’information sur l’aliyah, ouvertures de dossiers, etc.).

Le directeur de l’Agence juive en France précise que ses chiffres sont « inférieurs à la réalité » car ils ne prennent pas en compte les migrants, certes très minoritaires, qui font leur changement de statut directement en Israël, sans passer par ses services à Paris.

Enfin, l’Agence juive ne communique pas sur les phénomènes de retour au pays d’origine, ou « yerida » (« descente »), qu’elle ne comptabilise pas, ni sur les départs de Juifs de France vers d’autres pays, comme les Etats-Unis, le Canada ou la Grande-Bretagne.

André MAMOU avec AFP

Le couple agressé à Créteil « ciblé » : juif donc argent…!!!

Les agresseurs « partaient de l’idée qu’être juif signifiait que l’on avait de l’argent »: un couple a été séquestré lundi à Créteil, leur appartement cambriolé et la jeune femme violée dans un contexte de recrudescence des actes antisémites en France.

Pour le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a fait part de son « indignation », le « caractère antisémite » de l’agression « semble avéré ».

Les faits remontent à lundi à midi. Trois  hommes, « cagoulés et gantés », font irruption dans cet appartement du quartier du Port, tout près du lac de Créteil. L’un des deux fils des locataires, âgé de 21 ans, se trouve avec sa compagne, 19 ans. Immédiatement, les malfaiteurs les braquent avec un pistolet automatique et un fusil à canon scié, ont précisé des sources policières.

Ligoté dans le salon, le jeune couple entend ses agresseurs dire « qu’ils connaissent les origines juives de la famille du garçon et qu’ils savent où est l’argent. » Pendant près d’une heure trente, ceux-ci fouillent l’appartement et exigent « les bijoux, les ordinateurs et téléphones portables, les cartes bancaires » avec leur code, selon ces sources. La jeune fille est allongée de force et violée, selon les premiers éléments de l’enquête.

Un premier signalement donné par les victimes laisse penser que les auteurs sont connus de la Brigade anti-criminelle de Créteil qui se rend dans une commune limitrophe où elle repère, à 16H00, les trois hommes dans une voiture stationnée. Deux sont interpellés, en possession de bijoux appartenant aux victimes, et placés en garde à vue.

« Formellement reconnus » par les victimes selon une source judiciaire, ils ont 19 et 20 ans. Le troisième a pris la fuite. Il a été interpellé mercredi.

De source proche du dossier, les agresseurs « partaient de l’idée qu’être juif signifiait que l’on avait de l’argent ». Ils ont même effectué « des repérages avant d’agresser le couple », a-t-elle ajouté. L’un des gardés à vue habite dans une rue adjacente à celle des victimes.

« L’un des agresseurs était venu plusieurs jours auparavant demander du sucre, sans raison apparente », a affirmé l’avocate de la famille Séverine Benayoun. « Une main courante contre X avait alors été déposée. »

Les actions antisémites en hausse de 126%

« Vous les Juifs, vous avez de l’argent », auraient déclaré les agresseurs en entrant, selon l’avocate. La famille, dont le père porte la kippa, était « visible en tant que juifs » au sein du quartier, a-t-elle ajouté.

Le nombre des actes antisémites en France a presque doublé (+91%) au cours des sept premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2013, selon le décompte du Service de protection de la communauté juive (SPCJ) effectué à partir des plaintes déposées auprès de la police et de la gendarmerie.

Ce recensement fait apparaître une progression  des actions (violences, attentats ou tentatives d’attentats, incendies, dégradations et vandalisme) de 126%. Supérieure, à celle des simples menaces (propos, gestes, tracts, courriers, inscriptions…) qui est de 79%.

Quant aux opinions, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a relevé dans son dernier rapport sur le racisme et l’antisémitisme que « pour la première fois » depuis 1990, « on assiste entre 2012 et 2013 à une baisse de la tolérance » concernant les Juifs. La CNCDH relève la persistance d’ »un certain nombre de clichés communément partagés sur les Juifs », en particulier par rapport à l’argent, « trait d’image particulièrement présent ».

Mardi soir, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait dénoncé une « agression antisémite sauvage » et demandé qu’un « plan spécifique d’urgence » soit « mis en place avec des moyens judiciaires et policiers sans précédent » pour faire face à la recrudescence des actes antisémites.

Dans un communiqué, Bernard Cazeneuve a rappelé « sa détermination et celle du gouvernement à lutter sans relâche contre toute forme de racisme et d’antisémitisme. »

AFP

Victime de la terrible agression antisémite de Créteil, Jonathan raconte le calvaire qu’il a subi lundi midi dans l’appartement où il habite avec sa petite amie. Un témoignage bouleversant : Lundi, aux alentours de midi, la porte a sonné. J’étais dans une pièce éloignée de la porte d’entrée. Nous attendions des colis que nous avions commandés sur Internet quelques jours avant. On s’est dit que ça pouvait être ça. Ma copine m’a demandé si elle pouvait ouvrir la porte, je lui ai dit « Oui, vas-y ». Elle a regardé par le judas et aperçu un homme. Elle s’est dit qu’il pouvait être le livreur, elle a même pensé qu’il ressemblait à un de mes cousins. Mais quand elle a ouvert la porte, il n’y avait personne. Ça lui paraissait bizarre puisqu’elle avait vu quelqu’un.

Alors elle a voulu refermer la porte mais quand elle était en train de le faire, juste avant que la porte ne se referme complètement, trois hommes l’ont explosée et l’ont ouverte de force. C’est à ce moment qu’elle a crié mon prénom. Ensuite, tout est allé très vite. De ce qu’on a compris après, il y avait deux hommes cagoulés qui attendaient sur le côté et un homme sans cagoule qui avait sonné en se faisant passer pour un livreur.

Quand je suis arrivé en courant, j’ai vu trois hommes avec des cagoules et des gants. Lorsqu’ils m’ont vu arriver dans l’entrée, ils ont pointé leurs armes vers nous. On ne comprenait pas ce qu’il se passait. Puis ils ont pris nos téléphones portables pour qu’on ne puisse pas appeler. Ils nous ont demandé s’il y avait d’autres personnes dans la maison. On leur a dit non. Mes parents étaient chez le médecin. Alors ils nous ont mis une arme dans le dos à chacun et nous ont fait marcher jusqu’au fauteuil du salon. Ils ont dit « On n’est pas là pour rien, on sait très bien que ton frère dirige une chaîne de magasins de vêtements », alors que c’est faux. Mon frère n’a que vingt ans, il est juste vendeur. L’un des hommes a demandé la caisse du magasin. J’ai dis qu’il n’y avait rien ici. Et comme ce que je lui ai dit ne lui convenait pas, j’ai reçu un coup de crosse sur la tête. Ils m’ont dit« De toutes façons, on sait que tes parents ont une belle voiture ».Ils me donnent le modèle, la couleur et la marque de la voiture. A ce moment, je comprends que mon amie et moi ne sommes pas visés, mais mon frère et mes parents.

Un homme me met alors un fusil à canon scié sur le front. C’est une arme de chasse. Quand elle touche mon front, je sens que c’est une vraie. Il me dit qu’ils ont déjà vu mes parents. Il me demande encore où est l’argent. Je réponds « A la banque, comme tout le monde ». Il me dit « Non, c’est pas vrai, les juifs ne mettent pas leur argent à la banque ». Ça me paraît fou. A côté, mon amie pleure. Elle n’arrive pas à respirer. Je reste calme, j’ai peur qu’une balle parte.

Au même moment, les deux complices fouillent la maison. Ils reviennent dans le salon en disant qu’ils n’ont pas trouvé l’argent. Ils décident alors de nous séparer, ma copine et moi, et de nous prendre avec eux pièce par pièce pour qu’on leur dise chacun où il y a de l’argent et des bijoux. On n’en savait rien. Mon amie leur donne les cinquante euros qu’elle a dans son porte-monnaie.

Ensuite, ils nous refont asseoir ensemble dans la salle d’eau. Il y avait deux hommes de couleur et un de type maghrébin. Le plus agressif était le maghrébin mais je ne sais pas s’il y avait un chef. Entre temps, un des hommes change d’arme et prend un calibre de 9 mm. On est toujours assis dans la salle d’eau. L’un d’eux met le 9 mm dans ma bouche en disant qu’il va nous régler notre compte. Mon amie pleure toujours. Elle suffoque. Eux continuent de tout casser dans la maison. Ils vident les armoires, décrochent les tableaux et cassent les cadres. Ils disent que si jamais ils ne trouvent pas ce qu’ils sont venus chercher, ils nous buteront. L’un des hommes me retire alors l’arme de la bouche et me dit qu’ils ont trouvé ma carte bleue. Il me demande mon code et me dit qu’on va aller ensemble retirer de l’argent. Il me dit que si l’on ne revient pas ensemble, ils emmèneront mon amie.

Après, ils nous re-déplacent de la salle d’eau vers le salon. Moi, ils me font asseoir par terre et ma copine sur le canapé. Un homme demande à son complice du scotch marron. Ils m’en mettent autour de la bouche et sur les oreilles pour que je ne puisse pas entendre. Ensuite, ils m’attachent les mains et font pareil avec les chevilles. Ils m’allongent sur le dos et font la même chose à ma copine. Mais à un moment, ils s’arrêtent et décident de l’emmener à coté. Après, j’ai su que c’était dans une chambre.

Ils me font encore répéter mon code de carte bleue pour être sur que je leur ai donné le bon. Et puis j’entends du bruit. Un homme part seul pour retirer l’argent. J’entends les deux autres dans la chambre. L’homme qui était sorti revient, il a réussi à tirer de l’argent puis j’entends un gars dire« Il faut qu’on se casse, ça fait plus d’une heure qu’on est là ». Alors ils me font rouler par terre sur le ventre, face au sol. L’un des hommes lâche sur mon dos des couteaux en argent. Je sens des masses lourdes qui tombent sur mon dos. Sur le moment, je ne sais pas que ce sont des couteaux. C’est ensuite que j’en découvre plein sur le sol autour de moi.  Et que leurs pointes sont rondes.

D’un coup, je n’entends plus de bruit alors je roule pour me remettre sur le dos. J’imagine qu’ils sont partis comme je n’entends plus rien. J’essaie de me rasseoir et de faire glisser mon pied droit à travers les liens. J’y arrive. Le pied passe. Je n’essaie même pas d’enlever le reste. J’ai encore du scotch partout, mais je cours dans la maison pour chercher ma copine. J’ai peur qu’ils l’aient emmenée. Je la trouve dans une chambre. Je vois qu’elle est attachée. Elle me demande s’ils sont partis. Je lui fais oui avec la tête. Alors je cours dans la cuisine pour chercher de quoi couper les liens, pour pouvoir couper les siens et qu’elle me coupe les miens. Quand on y arrive au fur et à mesure, j’appelle la Police. Elle arrive cinq minutes plus tard.

Avant de me lancer les couteaux sur le dos, le maghrébin m’avait demandé si j’aimerais bien voir ma copine faire des trucs à un black. Une fois que j’ai retiré les liens de ma copine et le scotch, je lui demande ce qui s’est passé dans la chambre et s’ils l’ont touchée. Elle me fait oui avec la tête. Son T-Shirt était relevé.

Quand les policiers sont arrivés, ils sont montés avec mes parents qui, par chance, n’étaient pas rentrés avant. Ils nous découvrent mon amie et moi. A ce moment-là, ma copine veut parler à sa mère et lui téléphoner. L’appartement devient une scène de crime parce qu’il y a eu un viol et comme on ne pouvait plus circuler, on est recueilli par une voisine de palier.

Avec le recul, ma copine et moi sommes sûrs qu’ils voulaient toucher des juifs parce que selon eux, les juifs sont riches. Et puis ils ont pris les tsédaka, ils ont arrachés les tableaux religieux et retiré les mezouzot. Bien sûr, j’ai peur aujourd’hui, comme ma copine et mes parents. On ne dort pas, on ne mange pas. J’ai grandi à Créteil. On a toujours vécu là et je ne pensais pas qu’une telle chose pouvait arriver. On ne sent plus en sécurité. Tu attends un colis, une personne, tu ouvres la porte et au final… Ma mère est traumatisée. Ils ont détruit leur lit. Pourquoi le lit ? Je ne sais pas. Ils ont tout cassé. Mon frère aussi se demande pourquoi il était visé. On est détruits.

Ce matin, François Hollande a téléphoné à mon père pour lui apporter son soutien, lui dire que ce qu’on avait vécu était une honte et que c’était inadmissible pour la France. Nous, on a peur, et on ne comprend toujours pas pourquoi nous et ce qu’il s’est passé ».