Discours de bonne année 5778 de la Communauté Chrétienne de Sucy en Brie

Le 22 septembre 2017,

Roch Hachana 5778 à Sucy en Brie,

Merci une fois de plus, à vous tous ici présents, (M. le Président et/ou Mr le Rabin,) de nous accueillir chez vous dans votre synagogue à l’occasion des fêtes de Tichri et plus particulièrement pour Roch Hachana.

Sachez que c’est la 25ème année consécutive, que les communautés chrétiennes sont invitées, au cours de cette période, à tisser ou à renforcer des liens amicaux avec des personnes ou des communautés juives de leur entourage, par l’envoi de cartes de vœux et d’affiches. C’est pourquoi nous pouvons ainsi à chaque nouvel an juif vous remettre cette affiche fruit du travail de représentants de la communauté catholique et de représentants de la fédération protestante de France.

La citation biblique qui figure sur cette affiche dit :  « Chaque jour je te bénirai, je louerai ton nom toujours et à jamais ». Cette citation extraite du Psaume 145 (144) au verset 2 est une prière de louange (tehillah), attribuée au roi David. Elle clôt la petite collection des psaumes davidiques (Ps 138-145) et ouvre l’horizon à l’Alléluia final, qui se déploie des Ps 146 à 150. D’ailleurs la tradition rabbinique a choisi ce psaume comme hymne le matin de Shabbat. Et le tamuld de Babylone (Berakhôt, 4b) nous dit : « Celui qui récite trois fois par jour la tehillah de David est assuré de devenir un fils du monde futur… »

En cette année qui se termine, nous voudrions faire souvenir d’ « un fils du monde futur » le Cardinal Lustiger (de mémoire bénie) qui nous a quitté, il y a dix ans en 2007. Nous juifs et chrétiens nous nous souvenons que c’est ici à Sucy qu’il a donné sa dernière conférence publique. Il traçait déjà la route d’après les retrouvailles : « L’avenir commun entre juifs et chrétiens ne se réduit pas à limiter le contentieux possible. Il ne peut se contenter d’une pacifique compréhension mutuelle, ni même d’une solidarité dans le service de l’humanité. Cet avenir demande un travail sur ce qui est commun, comme sur ce qui sépare, travail désormais possible car fondé sur la certitude d’une amitié voulue de Dieu. Que les différences et les tensions deviennent un stimulant pour un approfondissement toujours plus attentif et docile au mystère dont l’histoire nous constitue les héritiers en indivis. »1 J’aime particulièrement cette expression du Cardinal « héritiers en indivis » car elle parle non seulement de la fraternité dont nous avons hérité mais aussi de la fraternité que nous devons faire advenir.

Cette leçon de fraternité est décrite dans un passage de la Michna : « Un rabbin demandait : “à quoi peut-on reconnaître le moment précis où s’achève la nuit et où commence le jour ?”  À cette question, une première réponse fut donnée, “quand on peut distinguer de loin un chien d’un mouton”. “Non”, dit le Rabbin. “Quand on distingue un dattier d’un figuier”. “Non”, dit-il encore. Mais alors, à quel instant ? “C’est, explique-t-il, lorsqu’en regardant le visage de n’importe quel être humain, tu reconnais en lui ton frère ou ta sœur. Alors tu peux être sûr que le jour s’est levé. Mais, jusque-là, il fait nuit dans ton cœur” ».

Les fêtes de Tichri sont sous le signe de la Teshouva, du retour, de la metanoïa, de la purification de la mémoire, « d’une préparation spirituelle primordiale » dirait votre rabbin. Sachez qu’aujourd’hui les chrétiens recherchent : « La conversion et la guérison qui consistent à vivre la gratitude pour la miséricorde reçue, à vivre la recherche de Dieu dans le dialogue, à vivre le pardon comme mission et responsabilité fraternelle.  Sachez qu’aujourd’hui les chrétiens recherchent : • « La bénédiction au lieu de la malédiction, l’amour au lieu du rejet, la promesse partagée au lieu de la substitution. »2 Aujourd’hui juifs et chrétiens nous nous devons de travailler à une fraternité apaisée, une fraternité pacifiée. En effet « La fraternité pacifiée des héritiers fait fructifier l’héritage messianique et contribue à l’achèvement de l’histoire. Elle prépare la plénitude spirituelle de l’humanité à l’école de la bonté du Père. »3 Pour cela juifs et chrétiens peuvent s’apporter une aide mutuelle pour que se renouvelle pour chacun l’amour de la Loi dans sa plénitude.

Cette fraternité nous essayons de la vivre au niveau local à Sucy en Brie. Chaque année l’AJCF du Val de Marne vous propose des conférences à deux voix : une voie juive et une voix chrétiennes, conférences de qualité qui veulent traiter de thèmes et de question du temps présents: religion et fondamentalisme, éducation et transmission, religion contrainte ou liberté…

Cette fraternité qui demande des efforts et de la fidélité a besoin d’être encouragée car elle ne repose que sur les épaules de quelques uns. Nous avons tous des obligations mais nous pouvons une fois de temps en temps faire une exception. Cela serait pour nous un encouragement de vous voir un peu plus nombreux.

Que cette année soit une année de bonheur. Que cette année soit une année sans agressions, sans attaques de toute sortes. Que cette année soit celle de la Paix en Israël. Que cette année soit une année où nous cherchons ensemble et avec humilité et droiture la trace de la Transcendance. Que l’année qui s’achève avec ses épreuves laisse la place à une année de bénédictions.

תכלה שנה וקללותיה, תחל שנה וברכותיה  שנה טובה ומתוקה

Chana Tova

Que l’Eternel vous bénisse.

Pierre Girard,  président de l’AJC du Val de Marne

 

75e anniversaire du Vel’ d’Hiv : le discours très émouvant d’Emmanuel Macron

Au cours d’un solennel discours prononcé ce dimanche 16 juillet en hommage aux victimes de la rafle menée par la police française, qui mènera plus de 13 000 juifs à  être enfermés au Vel’ d’Hiv avant d’être déportés, Emmanuel Macron a laissé transparaître son émotion. Pour le président, il s’agissait de l’un des discours les plus importants, car « aux yeux d’Emmanuel Macron, la mémoire est essentielle dans la construction d’une nation« ,  « D’où ce texte, dont il s’est beaucoup imprégné, dont il a beaucoup réécrit certains passages, nous dit-on, parce qu’il voulait vraiment toucher les gens en évoquant ce tragique épisode de notre histoire. Une telle volonté de convaincre que sa voix s’est étranglée quand il a évoqué le sort de ces milliers d’enfants juifs arrachés à leur quotidien et envoyés dans les camps de la mort« .

Benyamin Netanyahou chaleureusement reçu à  l’Elysée

Emmanuel Macron avait ensuite rendez-vous avec le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou au palais de l’Elysée. « C’est la même méthode diplomatique que celle qu’il a utilisée avec Vladimir Poutine ou Donald Trump« . « Benyamin Netanyahou a été chaleureusement reçu aujourd’hui à l’Elysée, mais Emmanuel Macron lui a dit qu’il était pour une solution à  deux états dans le conflit israélo-palestinien, et lui a redit qu’il était contre la continuité des constructions dans les colonies« .

Texte de notre ami et éminent François Heilbronn :

Avez vous entendu ce discours ? Avez vous entendu ces mots ? Tous ces mots dits avec une force peu commune, une émotion palpable. Ces mots que nous attendions tant et espérions tant.

J’ai écouté, ré-écouté ce discours. Puis j’ai lu, relu ce beau texte. Jai relu ce texte, où j’ai vu défiler en un court moment 40 ans de mes combats, 73 ans des combats de nos pères, pour la vérité, la dignité et la justice.

Tout d’abord, dire la réalité historique du crime et de la complicité de l’Etat francais, de l’administration française dans la déportation et l’assassinat de prés de 76.000 Juifs de France.

Au fil de ce billet, je citerai en les présentant les phrases qui m’ont le plus touché.

Sur le rafle et la représentativité du régime de Vichy :

«Je récuse les accommodements et les subtilités de ceux qui prétendent aujourd’hui que Vichy n’était pas la France, car Vichy ce n’était certes pas tous les Français, vous l’avez rappelé, mais c’était le gouvernement et l’administration de la France.»

Sur les origines intellectuelles de Vichy, et la responsabilité des intellectuels et des hommes politiques antisémites des années 30. Et il n’oublie pas de trouver à  l’origine des crimes antisémites de Vichy, la trace des Drumont, Brasillach et Céline :

«Il est si commode de voir en Vichy une monstruosité née de rien et retournée à  rien ; de croire que ces agents sortis de nulle part reçurent à  la libération le juste châtiment qui les élimina de la communauté nationale.

C’est commode, c’est commode, oui mais c’est faux.

C’est parce que Vichy dans sa doctrine fut le moment où purent enfin se donner libre cours ces vices qui, déjà , entachaient la IIIème République : le racisme et l’antisémitisme 

Ce supplice, leur supplice, qui défie l’entendement, qui défie les mots a commencé ici, le 16 juillet 1942 au matin, parce qu’en France dans la conscience de citoyens français, de dirigeants politiques français, de fonctionnaires français, de journalistes français, l’antisémitisme et le racisme avaient fait leur chemin insidieusement, lentement ; avaient rendu l’infâme tolérable jusqu’à en faire une évidence, jusqu’à  en faire une politique d’Etat: la politique collaborationniste.

C’est la France de Je suis partout, de Bagatelles pour un massacre, c’est la France où Louis Darquier de Pellepoix, déjà  lui, peut sans être inquiété une seconde proclamer en 1937 : Nous devons résoudre de toute urgence le problème juif, soit par l’expulsion, soit par le massacre. C’est la France où l’antisémitisme métastasait dans l’élite et dans la société, préparant insidieusement les esprits au pire.

Parce que oui, mes amis, la barbarie n’avance pas à visage découvert. Elle ne porte pas l’uniforme. Et lorsque les bottes nazies frappent le pavé de Paris, il est déjà  trop tard

Et Emmanuel Macron n’analyse pas seulement de manière parfaite cet antisémitisme violent des années 30 qui ouvre la voie à la collaboration française, il dénonce aussi cet antisémitisme qui s’est réveillé en France depuis le début des années 2000 et qui a conduit au meurtre de 10 juifs en France, pour le simple fait d’être juif :

«En France aujourd’hui, cette corruption des esprits, cet affaiblissement moral et intellectuel que sont le racisme et l’antisémitisme sont encore présents et bien présents. Ils prennent des formes nouvelles, changent de visage, choisissent des mots plus sournois.

Et puis un jour, parce qu’on s’est tu, parce qu’on n’a pas voulu voir, le passage à l’acte intervient. Alors ce qui était des mots, ce qui n’était chez les uns que de la haine formulée différemment et chez les autres une forme de lâcheté ou une complaisance à ne pas vouloir voir, alors cela devient des vies fauchées et des gestes qui tuent

Et il égrène les noms, chaque nom, de nos martyrs depuis Ilan Halimi, jusqu’à  Sarah Halimi, oui Sarah Halimi, qu’il n’oublie pas :

«Et malgré les dénégations du meurtrier, la justice doit faire désormais toute la clarté sur la mort de Sarah Halimi

Il n’oublie pas de dénoncer les moyens modernes à la disposition de ces criminels et de ces porteurs de haine que sont les réseaux sociaux :

«Le racisme et l’antisémitisme disposent pour réaliser leur travail de sape de moyens inédits de propagande. Les réseaux sociaux en sont les grands pourvoyeurs et nous n’avons pas encore pris la mesure de leur influence à  cet égard. Nos magistrats et nos forces de l’ordre doivent y être mieux formés

Il salue mes frères et sœurs de combat, nos modèles dans la dignité et la véracité, les survivants de la Shoah :

«Nous devons chaque jour, chaque minute être dignes, comme le sont les survivants de la Shoah dont l’exemple nous apporte tant.

Ne cédez aucun pouce de cette humanité, ne cédez rien parce qu’à  chaque fois c’est notre humanité à  tous qui est remise en cause.»

Et pour la première fois dans l’histoire de France, un Président de la République prononce les mots qu’aucun de ces prédécesseurs n’avait dit. Ces mots que seul un courageux Premier ministre Manuel Valls, n’avait osé prononcer avant lui :

«Alors oui, nous ne céderons rien aux messages de haine, nous ne céderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme

Vous avez bien lu : «l’antisionisme est la forme réinventée de l’antisémitisme».

Enfin un Président de la République a énoncé cette vérité que nous militants de la lutte contre l’antisémitisme clamons depuis toujours. Cette vérité que certains intellectuels courageux avaient criés, de Jankélévitch, à  Martin Luther King. Merci, monsieur le Président de la République d’avoir enfin souligné par votre parole, cette haine du Juif et cette négation de son droit à l’autodétermination qu’est l’antisionisme.

Enfin, beaucoup d’entre nous n’ont pu retenir leurs larmes. Et votre émotion Monsieur le Président était elle aussi si palpable quand vous avez fait cette promesse aux enfants juifs assassinés :

«Les enfants du Vel d’Hiv auraient aimé aller à  l’école de la République, obtenir un diplôme, un métier, fonder une famille, lire, aller au spectacle. Ils auraient aimé apprendre et voyager. Et leurs parents auraient voulu les voir grandir, vieillir ensemble. Tous auraient voulu aimer et être aimés. Nous leur avons redonné un nom, un prénom, des âges et des adresses.

A ces enfants, je veux dire que la France ne les oublie pas, je veux dire qu’elle les aime, je veux dire qu’elle fera tout pour que leur supplice nous exhorte sans cesse à  ne céder ni à  la haine, ni à la rancœur, ni au désespoir.

Nous ferons, les enfants, une France où vous auriez aimé vivre. Nous ferons, les enfants, une France où vous vivrez toujours.

Vive la République, vive la France

Monsieur le Président de la République, au nom de ces enfants juifs assassinés et de notre idéal de la République Française, que vous avez incarné ce jour, Merci.

François HEILBRONN

Distinction Républicaine dans la promotion du 14 juillet de la Légion d’Honneur pour notre Président Raphy Marciano

– Communiqué –

L’Espace Culturel et Universitaire Juif d’Europe et l’Institut Universitaire Elie Wiesel ont le plaisir de vous annoncer que Raphy Marciano, Directeur de l’ECUJE et de l’IUEW est promu Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur, au titre de la promotion du 14 juillet 2017, du Premier ministre.

Cette distinction récompense quarante et une années au service de la culture juive, notamment comme Directeur des programmes du Centre Rachi et Directeur général du Centre Communautaire de Paris devenu ECUJE. Durant ces années, il n’a cessé de porter la culture juive à son plus haut niveau.

C’est dans cette fonction que, par fidélité à son maître et ami Elie Wiesel (de mémoire bénie), il a créé, il y a treize ans l’Institut qui porte son nom pour promouvoir les études universitaires juives, premier institut d’études juives reconnu par la Chancellerie des universités et qu’il a encouragé il y a deux ans, le lancement de l’UNEEJ, première université numérique des sciences du Judaïsme.

Mais à côté de cet engagement professionnel sans faille, il est depuis son plus jeune âge le militant infatigable des grandes causes juives :

  • La Mémoire de la Shoah, aux côtés de Beate et Serge Klarsfeld, traquant en Allemagne les nazis, responsables de la déportation des Juifs de France.
  • La solidarité avec les Refuzniks, allant porter clandestinement en URSS, les livres de prières et objets du culte juif.
  • Le soutien à Israël, en ayant créé le plus grand centre d’Oulpanim d’Europe et en étant l’un des animateurs des mémorables célébrations de Yom Haatsmaout, Fête de l’Indépendance d’Israël.
  • La promotion du dialogue judéo-chrétien et avec la Cité.
  • Avec l’association Kadima, l’organisation de colonies de vacances pour les enfants défavorisés.

Au travers de ses nombreuses responsabilités, notamment de Président de la Communauté juive de Sucy en Brie, de membre du Comité Directeur du CRIF, de chroniqueur sur Judaïques FM et sur Radio J, refusant à la fois tout sectarisme et une vision exigüe du Judaïsme, il est le défenseur infatigable du pluralisme juif. Il y a quelques jours, il a marqué par la force de son discours, aux côtés d’Anne Hidalgo Maire de Paris et de Pierre Aidenbaum, Maire du 3ème arrondissement, la cérémonie de nomination du square du Temple Elie Wiesel.

Discours prononcé par Marie-Carole Ciuntu, Maire de Sucy à l’occasion des Vœux interreligieux…

Discours prononcé par Marie-Carole Ciuntu, Maire de Sucy à l’occasion des Vœux interreligieux dimanche 22 janvier 2017 à 16h dans la salle des mariages de l’Hôtel de Ville.

Messieurs les représentants des communautés religieuses, juive, musulmane, catholique, orthodoxe, protestante, Mesdames, Messieurs les élus, Chers Collègues, Mesdames et Messieurs,

Je vous souhaite à tous la bienvenue dans cette salle des mariages de l’Hôtel de Ville. Comme il est de tradition désormais, nous nous retrouvons pour notre échange de vœux entre les communautés religieuses et la Municipalité. C’est toujours un moment chaleureux qui traduit le respect mutuel que nous nous portons, chacun dans notre rôle et avec nos missions. Vous, responsables religieux, détenteurs d’un message de vérité, de croyance et de foi. Nous, responsables politiques, qui avons la charge de gérer la Cité, avec nos qualités et nos défauts humains, la charge aussi, transmise par l’Etat, de protéger tous les Cultes. Pourtant, nous avons une mission commune qui doit nous rassembler : celle de favoriser le vivre ensemble, la tolérance, l’ouverture à l’autre. Oui, face à ceux qui cherchent à nous diviser, nous devons nous rassembler. A une époque où nos lieux de culte, toutes religions confondues, doivent être gardés par des policiers ou des militaires, auxquels je rends d’ailleurs hommage, cette phrase prend tout son sens.

En 2015 puis en 2016, nous avons été durement éprouvés. Je pense en particulier à la communauté juive, cible d’un terrorisme fanatique qui réveille les souvenirs les plus douloureux du passé. Je pense aussi au Père Jacques HAMEL, victime d’un assassinat odieux, dans son église le 26 juillet, à Saint-Etienne du Rouvray, après la tentative de Villejuif. J’ai alors exprimé ma solidarité envers l’Eglise et tous les catholiques. Au-delà de ces cibles précises et désignées de longues dates, c’est notre mode de vie, notre société, notre culture qui ont été visés dans leur ensemble. Nous l’avons bien vu, à Nice le 14 juillet dernier. Vous l’avez tous ici bien compris. Pour preuve, les réactions de solidarité ou de soutien des différentes communautés religieuses ont été chaque fois immédiates, en particulier celles de la communauté musulmane, qui doit pourtant sans cesse se défendre de tous les amalgames. Nul ne doit en effet se laisser tromper par un terrorisme qui utilise une religion pour justifier ses crimes. En vérité, ceux qui se réclament de la foi pour verser le sang de victimes innocentes en ont décidément bien peu ! Je cite souvent cette formule de Charles PEGUY qui me paraît s’appliquer si justement à eux : « Parce qu’ils n’aiment personne, ils croient qu’ils aiment Dieu ». NOUS, nous le savons. Mais faut-il encore que tous le sachent et en soient convaincus. NOUS, nous le savons , parce que nous connaissons l’histoire, que cette recherche de soi disante « pureté », ce soi-disant « retour aux origines », c’est en réalité le but affiché de tous les Totalitarismes qui parlent le même langage et se nourrissent à la même source depuis la nuit des temps ! NOUS, nous le savons et beaucoup d’autres avec nous mais comment le faire partager au plus grand nombre et en particulier aux plus jeunes ?

En cette année d’élection présidentielle, les programmes des différents candidats apporteront leurs propres réponses. J’espère que les français sauront se garder des vrais excès et des fausses solutions fondés sur des raisonnements simplistes. Les religions ont aussi certainement des messages à délivrer : un message de paix et un message de sagesse, la sagesse qui est le fruit de leur longue histoire – même pour la plus jeune des religions présentes ici parmi nous, la religion protestante, qui va célébrer en 2017 les 500 ans de la Réforme lancée par Martin Luther. Vous me pardonnerez ce petit trait d’humour ! Pour ma part, je me permets d’évoquer quelques pistes de réflexion personnelles : Je suis convaincue que les communautés religieuses peuvent être de formidables lieux d’intégration pour nous aider à former une société, certes diverse, mais unie sur des valeurs communes. L’inverse du communautarisme. J’ai été frappé d’entendre ce message si juste énoncé par Monseigneur SANTIER, évêque de Créteil, à l’occasion des 50 ans du Diocèse célébrés en octobre dernier. Je le reprends volontiers à mon compte. Je considère aussi, et cette conviction n’est pas nouvelle, que les pouvoirs publics doivent, dans le respect de la laïcité, encourager l’Islam paisible, respectueux des valeurs républicaines, celui pratiqué par la très grande majorité des musulmans de notre pays. Il faut continuer à avancer comme l’Etat le fait, même avec ses maladresses, vers un Islam de France, un Islam qui trouvera en son sein ses propres ressources financières. Nous devons également inlassablement lutter contre l’ignorance, contre les « théories du complot », contre les idées reçues qui constituent le terreau d’un possible endoctrinement. Pour cela, l’éducation a un rôle crucial à jouer. Nous pouvons certainement nous appuyer sur certains témoignages pour expliquer concrètement la situation. L’initiative récente prise par la Région Ile-de-France de faire intervenir dans les lycées et les CFA de « Grands témoins contre le terrorisme » répond à cette volonté de lutte contre la radicalisation, en confrontant les jeunes à ceux qui ont vécu la réalité du terrorisme dans leur chair. Cette initiative est parrainée par Latifa IBN ZIATEN dont le fils militaire a été abattu par Mohamed MERAH et Samuel SANDLER dont les enfants ont été victimes à Toulouse de ce même terroriste. Enfin, je crois que nous devons poursuivre plus que jamais ce que nous faisons ici à Sucy, depuis longtemps, je veux parler du dialogue inter-religieux et de toutes les initiatives qui ont lieu pendant l’année, par exemple lors du 8 mai ou à l’occasion de la fête des associations avec le partage d’un stand, qui suscite encore parfois quelques interrogations des habitants. Cela démontre que rien ne va jamais de soi et que le dialogue reste essentiel.

J’en profite pour accueillir publiquement parmi nous notre nouveau Curé, le Père Boniface SEBOGO, dont je salue l’arrivée à Sucy. Je suis certaine que vous avez déjà remarqué, Mon Père, l’ambiance particulière qui règne chez nous entre les différentes communautés pour laquelle je vous avais confirmé mon attachement lors de notre première rencontre. Je ne doute pas que vous y trouviez toute votre place. Cette tradition inter-religieuse est ancienne et chacun comprendra que j’évoque pour conclure un souvenir commun si fort qu’il nous unit à jamais, celui de la célébration œcuménique qui a rassemblé tous les cultes à l’église Saint-Martin après la disparition de Jean-Marie POIRIER. C’était il y a déjà 10 ans ! L’évocation de cette personnalité, profondément humaniste, viscéralement attachée à la Liberté, sincèrement ouverte à toutes les cultures, me ramène au début de mon propos : soyons rassemblés autour de ces valeurs, autour de nos valeurs communes de tolérance et d’ouverture. Nous savons combien ce message apaisant ne va pas de soi dans notre société. Nous sommes conscients que tous, à notre niveau, nous devons exercer une vigilance de chaque instant pour y parvenir. Et nous y parviendrons.

C’est le vœu que je forme de tout cœur en cette année nouvelle. Bonne et heureuse année à vous tous !

Discours de notre Rabbin lors de la cérémonie des vœux des communautés à la Municipalité.

Vœux du Maire
Dimanche 22 janvier 2017
Discours de Shimon Tapiero, Rabbin de Sucy-en-Brie

Dans un monde tourmenté et incertain en proie à la terreur, à la haine et à la violence, 2017 commence avec ses espérances, ses désirs d’une société pacifiée et rassemblée.
A l’image de notre belle ville de Sucy qui a toujours été en France un paradigme d’harmonie et de coexistence entre toutes les confessions et les Communautés dans le respect mutuel et dans le dialogue créatif.
La nouvelle année est pour nous un moment privilégié de réflexions sur le vivre ensemble.
Quelle est pour nous la signification de cette rencontre d’aujourd’hui ? Au-delà des vœux que nous formulons pour vous, Madame le Maire, à votre équipe, à toute la Ville de Sucy, des vœux de sérénité, de fraternité et de partage, nous voulons aussi vous dire notre sensibilité et notre reconnaissance pour votre soutien et vos encouragements à l’égard de toutes les Communautés.
Votre extrême attention pour nos réalisations, nos rencontres, nos célébrations de fête nous conforte et nous encourage.
Je voudrais aussi souligner à l’attention des autres responsables religieux de notre Communauté et leur dire combien ils honorent notre Cité.
Avec votre aide constante, Madame le Maire, nous poursuivons pour notre part, notre
participation dans le très riche dialogue Judéo-Chrétien, ainsi que toutes les réunions
interconfessionnelles.
Selon le principe talmudique « les chemins vers la paix », les Sages de la tradition insistent sur la valeur primordiale de ce principe.
Les Hommes, les familles, les Communautés, les villes, la société dans leur ensemble, doivent s’engager dans cette perspective des voies vers la paix.
C’est une paix à construire, elle sera le fruit de nos efforts, de notre énergie, de notre
détermination à tous, la paix et le dialogue entre toutes les confessions religieuses et toutes les familles spirituelles. La paix et le dialogue entre notre Nation et l’Etranger, le réfugié, le migrant cherchant un refuge, loin de la barbarie planétaire. Nous sommes conscients que  dans une société marquée par le culte du « moi » où le souci égocentrique du bonheur privé apparaît comme une valeur dominante et légitime, le contrepoids de l’éthique juive est plus que jamais fondamental pour l’équilibre de la civilisation apportant aux hommes et aux femmes de notre temps le message de la Bible et des Sages de la Tradition orale : le souci des Autres, la relation
entre nous et nos prochains sans laquelle le monde serait réduit à une collection de coquilles fermées vivant à huis clos des existences parallèles.
Dans la vision juive, l’Homme ne peut se préoccuper exclusivement de ses intérêts, de ses goûts et de ses désirs, il doit aller à la rencontre d’autrui dans un effort de sensibilités.
Cette société réconciliée sera l’œuvre de tous, à l’exemple de cette cérémonie, Madame le Maire qui réunit dans un élan de solidarité les représentants de tous les courants de notre cité.
Que 2017 soit pour la Ville de Sucy sous votre direction un temps fort de rencontres, de paix et de créativité.

Raphy Marciano « Voeux à mes amis Chrétiens »…

A mes amis Chrétiens,

A l’occasion des fêtes de Noël et du jour de l’an, nous adressons à tous nos amis voisins et  compatriotes chrétiens, nos meilleurs vœux de bonne et heureuses fêtes 2017 dans la paix et la joie.

Dans ce monde contemporain en proie à des menaces gravissimes, nous avons plus que jamais besoin de réconciliation, d’unité, et de solidarité pour affronter tous ensembles les défis de la société à venir.

Notre époque doit être celle où juifs et chrétiens, associes aux croyants de toutes les confessions, et aux citoyens de toutes les convictions et sensibilités, doivent œuvrer en commun pour construire la Cité de demain. Dans cette cité tous les hommes ont droit à une place digne et juste.

A nous tous d’avoir une pensée à la veille du Nouvel An pour tous les désemparés, les oubliés, les abandonnés au bord de la route. Nous avons un devoir impératif de venir en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, pour qu’ils partagent avec nous la réjouissance des festivités.

Dans ce monde trouble et conflictuel, nous croyants chrétiens et juifs avons réussi, une incroyable mission : un dialogue créatif, fécond et constructif, tourné résolument vers l’avenir. Nous avons réussi à dépasser les méfiances et les détestations des siècles précédents. Cette exceptionnelle réussite de la rencontre nous permet d’envisager l’avenir avec optimisme : les conflits ne sont pas éternels, les oppositions ne sont pas définitives. C’est ce message de confiance, dans le rôle de la rencontre que je vous adresse à l’occasion des fêtes chrétiennes, dans l’espoir d’aller tous ensemble vers des nouvelles et riches expériences d’actions communes pour un monde meilleur et plus juste.

Dans ce tournant du temps présent, nous nous rappelons de la grande idée force de la liturgie hébraïque : Que la nouvelle année marque la fin des tyrannies sur terre et le rassemblement de tous les peuples et de tous les hommes dans un faisceau unique dans la Paix et la Liberté.

Que ces fêtes et ses Lumières brillent pour tous les Hommes et que vos prières soient source de bénédictions pour toute l’Humanité.

 

                                                                                               Raphy Marciano

Raphy Marciano : « La dignité de la différence »

Le billet de Raphy Marciano, Directeur de l’Espace Culturel et Universitaire Juif d’Europe.

Le titre du magnifique essai du Grand Rabbin Jonathan Sacks, ancien Grand Rabbin d’Angleterre, « La dignité de la différence » mérite réflexion. La différence n’est pas honteuse, condamnable, absurde. Elle n’est pas source nécessaire de conflits, de tensions de haine, elle peut être vécue dans le respect mutuel, dans le dialogue et dans la compréhension réciproque.
Que cette idée soit énoncée est significatif de l’effort de pensée, qui voit le jour dans l’espace planétaire : comment vivre avec l’autre… avec tous les autres ? Le judaïsme n’est pas étranger, à cette réflexion…
En Israël et en diaspora le rapport de notre peuple aux autres cultures, aux autres confessions, aux autres sociétés, est au cœur d’un débat où des positions doctrinales très différentes s’expriment. Nous ne sommes pas dans la posture des maîtres à penser officiels du judaïsme, rôle qui d’ailleurs n’existe pas. Notre réflexion est moins dogmatique et plus ouverte. Nous invitons à un grand débat démocratique sur le judaïsme, face à l’autre, car nous sommes les héritiers d’une tradition de plus de 3000 ans, où s’exprime (dans les textes bibliques, talmudiques et rabbiniques) l’impératif éthique de l’amour de l’étranger, de l’accueil du refugié, dans le respect de l’autre.
Comment les juifs de notre temps traduisent-ils au sein de leurs sociétés, et dans le pays où ils vivent cet impératif majeur de la tradition d’Israël ? Il s’agit d’une question sociétale urgente dans un monde menacé par la peur et le soupçon de la différence car l’autre nous apparaît trop souvent comme menaçant, troublant, dangereux. Sommes-nous véritablement fidèles aux leçons de la sagesse juive millénaire ?
Notre identité juive nous impose de réfléchir, en toute liberté, loin des clichés idéologiques et des préjugés collectifs, à ce qui pose problème dans la Cité d’aujourd’hui, que représente dans la réalité concrète l’autre, l’autre en face de vous, celui qui n’est pas une pure abstraction, mais un être réel, l’étranger qui partage avec nous la condition humaine, mais qui incarne une autre identité spirituelle, culturelle, historique ?
Comment réagissons-nous face à lui ? Avec tolérance, empathie, ouverture ou avec méfiance, froideur, indifférence ?
A nous de nous interroger sur cette question incontournable, comment aller vers l’autre en étant soi-même. L’étranger ne doit plus nous être étranger.
Mais, une question tout aussi préoccupante se pose, le judaïsme contemporain, sera-t-il capable de reconnaître la légitimité des différences à l’intérieur de la société juive, car celle-ci n’est pas monolithique, elle est composée de multiples sensibilités, de courants divers.
Allons-nous vers une reconnaissance mutuelle et un dialogue fécond entre tous les courants de la vie juive ? Ou allons-nous refuser à ceux qui vivent le judaïsme d’une autre façon, le droit à une légitime différence ? Non tolérée avec résignation et regret, mais plutôt reconnue et acceptée comme une source de richesse et d’épanouissement pour une civilisation juive plurielle.

« Réfléchir, en toute liberté, loin des clichés idéologiques et des préjugés collectifs. »

L’idée de la dignité de la différence implique que l’autre est porteur de valeurs, il nous enrichit avec sa propre culture, il ne doit pas éliminer sa personnalité, et se fondre dans la masse pour jouer un rôle positif dans la société d’aujourd’hui.
C’est cette réflexion sur l’avenir qui doit être l’impératif historique des défis, des ambitions et des projets pour la communauté juive d’aujourd’hui et de demain.
Ce souci de l’autre ne saurait être purement théorique, il doit s’affirmer par des actions concrètes, par des gestes courageux de solidarité. C’est le sens du mois de la Tsédaka qui nous encourage tous à être les acteurs d’une œuvre d’humanité bienveillante dans la tradition du message de nos sages et de nos prophètes.

Raphy Marciano

FETE DE HANOUKA à Sucy en Brie – Dimanche 25 décembre 2016

Chers amis,

 Merci de retenir la date du

Dimanche 25 décembre 2016 de 15h00 à 18h00 à la Salle des Familles de Sucy.

 A l’occasion de Hanouka, nous organisons une animation pour les enfants et les adultes.

Les enfants seront pris en charge à partir de 14h30 par une équipe d’animation puis vers 17h un super spectacle de magicien.

A 18h nous allumerons ensemble la seconde bougie de Hanouka.

Les traditionnels beignets sont prévus avec de nombreux cadeaux pour les enfants !

Nous vous attendons nombreux en famille

Bien à vous

 Raphy Marciano

Islamisation du Mont du Temple : colère des Juifs de France, 1500 personnes manifestent contre le vote français à l’UNESCO…

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Près de 1500 personnes ont participé jeudi soir à Paris à un rassemblement, devant le Quai d’Orsay, pour protester contre le vote français à l’UNESCO sur Jérusalem.

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La France fait partie des 26 pays qui se sont abstenus pendant le vote de la première résolution, qui a été présentée par les Palestiniens et acceptée le 13 octobre.

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« Les falsificateurs de l’UNESCO viennent d’effacer tout lien entre le Judaïsme et Jérusalem, niant ainsi l’histoire juive et chrétienne », ont dénoncé les organisateurs, un collectif de plusieurs organisations juives.

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« Le gouvernement français s’est fait complice de cette infamie en ne s’opposant pas à cette négation historique », ont accusé les organisateurs.

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Parmi les manifestants, plusieurs ont déploré l’organisation de ce rassemblement plusieurs jours après le vote français, alors que la date du vote à l’UNESCO était connue depuis déjà plusieurs semaines.

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Mercredi, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) avait exprimé « une profonde déception face au choix de la France de s’abstenir lors du vote au Comité Exécutif « .

« La France, disent certains, a corrigé l’erreur de son vote favorable d’avril dernier. C’est donner bien peu de sens à l’abstention ! S’abstenir, lorsqu’il s’agit de choisir entre la vérité et le mensonge, entre l’honneur de l’histoire et l’infamie du révisionnisme, n’est pas digne de la France et de ses valeurs. C’est l’expression d’un renvoi dos-à-dos insupportable et indécent, avait dénoncé dans un communiqué le président du CRIF », Francis Kalifat.

Malgré ces protestations, le CRIF compte tout de même inviter à son prochain Dîner annuel les principaux responsables de cette insulte au peuple juif, à savoir l’ancien président Nicolas Sarkozy, promoteur de l’entrée de la « Palestine » à l’UNESCO, et le gouvernement socialiste qui a choisi, au mépris de la vérité historique, de s’absenter lors du vote sur Jérusalem.

Éric Hazan – © Le Monde Juif .info | Photos : Le Monde Juif .info

Manifestation pour Jérusalem

Le Président du Consistoire a participé jeudi soir à la manifestation devant le Quai d’Orsay, suite au vote absurde et inacceptable de l’Unesco, niant le lien originel entre le judaïsme et Jérusalem. Il a notamment exprimé sa déception sur l’abstention de la France lors de ce vote.
De nombreux intervenants, du monde politique, associatif et culturel, se sont succédés à la tribune pour exprimer leur profonde déception, leur incompréhension, et leur révolte, devant une foule de plus de 3.000 personnes.
Le Consistoire remercie les organisateurs de cette manifestation pacifique et unitaire au sein de la communauté. Cette soirée a rassemblé bien au-delà des associations juives, tant cette résolution de l’Unesco conteste une vérité universelle, Jérusalem étant le socle des 3 religions monothéistes et de la culture occidentale.

Voeux de Chana Tova du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia…

Chers amis,

Cette année encore, la France fut la cible d’ennemis de la démocratie, de la liberté et des Lumières, qui ont semé la mort, à Paris et à Saint-Denis le 13 novembre, à Magnanville, à Nice le 14 juillet dernier et à Saint-Etienne du Rouvray. Des terroristes ont attenté à la vie de centaines de personnes, mais aussi aux symboles qui nous rassemblent. Blessée au coeur, meurtrie dans sa chair, la communauté nationale s’est retrouvée autour des valeurs de notre devise qu’elle a choisi de porter en étendard. Elle est parvenue à se relever, elle continue de vivre, sans jamais oublier ni renier ce qu’elle est. Nous partageons aujourd’hui le risque, bien conscients que solidarité et fraternité sont la meilleure réponse républicaine à ceux qui veulent mettre à mal notre société.

Depuis peu, des voix s’expriment pour suggérer de nous inspirer collectivement de l’exemple israélien où la menace est malheureusement si présente et où la vie l’emporte, où la joie et le bonheur sont plus forts que tout. Certains parlent même d’israélisation de la société, ce qui est un bel hommage au courage et à la volonté de « choisir la vie » des Israéliens.

La religion peut et doit pouvoir apporter des éclairages aux questions auxquelles nous sommes collectivement confrontés. Les religions doivent avoir leur place dans le débat d’idées ; elles doivent continuer de se parler et d’échanger, sans syncrétisme, pour promouvoir et défendre les principes humanistes d’amour du prochain, de solidarité et de fraternité et mettre en échec les stratégies de ceux qui détournent ces préceptes, instrumentalisent et dévoient la religion pour tuer au nom de Dieu. Car la radicalisation islamique, ce fléau de nos temps modernes, ne peut concerner exclusivement l’islam de France, mais doit être la préoccupation de tous les citoyens.

A cet égard, on aurait voulu être en mesure de saluer l’initiative novatrice de quarante-deux intellectuels musulmans qui ont pris la plume dans le Journal du Dimanche du 31 juillet pour signer une tribune intitulée « Nous, Français et musulmans, sommes prêts à assumer nos responsabilités ». Encore aurait-il fallu qu’ils n’ « oublient » pas dans leur longue énumération des victimes de récents attentats, celles de l’Hypercacher, de Toulouse et de Montauban.

Que cette omission ait été consciente et volontaire, ce qui serait grave, ou involontaire, ce qui le serait plus encore, car venant d’un sur-moi incompréhensible, cette blessure est terrible et particulièrement douloureuse pour la communauté juive qui a si longtemps dénoncé et regretté le climat d’indifférence qui régnait au sein de la société française.

Parce que notre souffrance est grande et en fidélité à mon ami Samuel Sandler, je veux ici redire les noms des victimes et éclipser ceux des bourreaux, comme nous l’enseigne la Bible : « Efface le souvenir d’Amalek, mais n’oublie pas » (Dt. XXV ; 19) : Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Myriam Monsonégo, Arié, Gabriel et Jonathan Sandler, Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet, Clarissa Jean-Philippe, Philippe Braham, Yohann Cohen, Yohav Hattab, François-Michel Saada. Il est de notre responsabilité collective de conserver pieusement leurs noms.

Alors que nous nous apprêtons à refermer le livre d’une année à maints égards difficile, choisissons d’inscrire la nouvelle année qui s’ouvre dans le rassemblement et la fraternité. A nous de resserrer les liens qui nous unissent comme citoyens ; d’aller à la rencontre de l’Autre, dans le respect et la tolérance, sans que jamais personne n’ait le sentiment d’être abandonné au bord du chemin, car nous sommes à l’aube de nouveaux défis, de nouveaux combats.

L’élection présidentielle à venir suscitera sans nul doute questionnements et remises en cause. Peut-être verrons-nous également poindre des tentatives de segmentation de la communauté nationale. Il nous faut plus que jamais, et plus fermement encore, rappeler le danger des extrêmes, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, et en particulier ceux qui cherchent à démystifier un passif antisémite honteux et prônent la mise au ban de certains de nos concitoyens, alors même que la Constitution ne reconnaît qu’une seule entité, la communauté nationale. A vous, à nous, de faire nos choix en conscience, pour partager et non diviser, pour porter haut et tous ensemble les couleurs de notre drapeau, pour construire chaque jour cette France que l’on aime et incarner ses valeurs humanistes et universelles que l’on admire.

Continuons à faire vivre au quotidien nos synagogues et nos centres communautaires, à développer leurs activités et leurs projets. L’engagement de chacune et de chacun est notre fierté, car sans votre implication, ce judaïsme de la rencontre, de l’ouverture et de l’accueil se perdrait. En ce sens d’ailleurs, la reconduction du Chabbat mondial, initié par le Grand Rabbin d’Afrique du Sud pour une troisième édition les 11 et 12 novembre prochains (Chabbat Lekh Lekha) permettra au plus grand nombre, je l’espère, et en particulier à celles et ceux qui se sentent parfois éloignés, de vivre rassemblés les joies et l’esprit de Chabbat.

Ce souffle qui nous porte de semaine en semaine est toujours partagé avec nos proches, avec des invités ou des gens de passage. C’est ce même souffle de fraternité que nous participons à créer lors des grandes fêtes de Tichri, en nous rassemblant largement dans nos synagogues, en particulier lors du dernier jour de Soukot, la fête des cabanes, pour Hochana Raba. Nous utilisons un bouquet de branches de saule. Le Imré Emet, Rabbi de Gour au début du XXème siècle, en donne la signification suivante : parmi les quatre espèces agitées quotidiennement à Soukot (le palmier, la myrte, le cédrat et le saule), ce dernier est le plus modeste, car il ne donne aucun fruit comestible, ni ne dégage le moindre parfum. Il représente ces personnes dépourvues de la connaissance de la Torah et distantes de la pratique des commandements. Au terme de notre chemin de vingt jours d’élévation spirituelle du mois de Tichri, nous tenons, en nous saisissant de ces branches de saule, à associer au destin de notre peuple, toutes ces personnes, de leur tendre la main et leur garantir qu’elles ont leur place dans nos communautés, dans nos synagogues et dans nos coeurs. C’est avec la diversité et la fraîcheur qu’ils portent que nous ferons bouger les choses et que nous retrouverons le bonheur de faire découvrir notre judaïsme si ouvert. J’ai rencontré nombre de communautés et j’ai pu mesurer votre volonté si forte et si belle de faire perdurer ce judaïsme si chaleureux et si vivant, partout en France. A vous, à nous, de transmettre les valeurs du judaïsme, toujours dans le respect de la Halakha et des lois de la République. C’est le projet du Consistoire, dont la devise est Religion et Patrie, celui que nous portons et défendons en permanence, en France et à l’étranger, et c’est celui que nous porterons avec vous, si l’Eternel nous prête réussite et bonheur.

Que cette année soit douce et belle, qu’elle vous comble et vous réjouisse.

Puisse cette année être porteuse de santé, de bonheur, de paix et de prospérité pour la communauté juive, pour la France, pour Israël et pour le monde.

Puissiez-vous, ainsi que vos proches et celles et ceux qui vous sont chers, être inscrits dans le Livre de la Vie.

Chana Tova

« Étudiants juifs de France, la laïcité ne vous interdit pas de célébrer Yom Kippour »…

L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a appelé mercredi les présidents d’universités à se conformer à la loi Fillon relative aux autorisations d’absence pour les grandes fêtes religieuses.

L’UEJF lance un appel :

« Depuis quelques jours, nous recevons des séries de messages et d’appels d’étudiants alarmés parce que leur université refuse d’excuser leur absence, pour le jour de Kippour. Les étudiants nous transmettent les réponses que leur ont adressées leur professeur, ou l’administration de leur fac », déplore l’UEJF dans un communiqué.

« Il ne s’agit pas de modifier les plannings, mais seulement d’excuser l’absence de quelques élèves pour le jour le plus solennel de l’année juive. Cette demande n’est pas excentrique. L’Etat s’est prononcé à ce sujet, par une circulaire publiée chaque année en décembre au BOEN (Bulletin officiel de l’Education nationale) qui indique les grandes fêtes religieuses ouvrant droit à des autorisations d’absence : trois fêtes orthodoxes, trois fêtes arméniennes, trois fêtes musulmanes, trois fêtes juives (Kippour, Rosh Hashana, Chavouot), une bouddhiste. Kippour fait partie des trois fêtes juives autorisées et excusées », poursuit l’organisation juive.

« Etudiants juifs de France, vous avez le droit de demander à être excusés pour Yom Kippour. Si vous rencontrez des difficultés, contactez-nous, nous vous aiderons à faire valoir vos droits », conclut le président de l’UEJF, Sacha Reingewirtz, qui appelle les présidents d’universités à « faire respecter tant la lettre que l’esprit du principe de laïcité qui constitue l’un des fondements de notre République ».

Selon la circulaire du 18 mai 2004, « des autorisations d’absence doivent pouvoir être accordées aux élèves pour les grandes fêtes religieuses qui ne coïncident pas avec un jour de congé (…). L’institution scolaire et universitaire, de son côté, doit prendre les dispositions nécessaires pour qu’aucun examen ni aucune épreuve importante ne soient organisés le jour de ces grandes fêtes religieuses ».

Éric Hazan – © Le Monde Juif .info

Discours des voeux pour Roch Hachana de Pierre Girard, Président de l’AJCF du Val-de-Marne…

Merci une fois de plus, à vous tous ici présents, (Mr le Rabin, M. le Président) de nous accueillir chez vous dans votre synagogue. Vous nous permettez ainsi de perpétuer ce geste d’amitié qui nous permet à chaque nouvel an de vous remettre cette affiche fruit du travail de représentants de la communauté catholique et de représentants de la fédération protestante de France.

Les convocations d’automne de Rosh Hashana et de Kippour appellent au questionnement existentiel, à la remise en cause intérieure, au processus de retournement de l’homme sur le chemin de Dieu et de Sa loi.

Les convocations d’automnes permettent à l’homme de se transfigurer, d’opérer des changements structurels dans la vie, en un mot, de renaître.

C’est ce qu’exprime le verset du psaume figurant sur l’affiche de Rosh Hachana ; « Fais nous revenir D.ieu de notre salut ».1

Revenir vers D.ieu qui nous a donné sa Torah au mont Sinaï, Torah qui nous unit indéfectiblement par delà nos différences. Petit à petit nous prenons conscience que Juifs et Chrétiens nous n’avons qu’une seule Alliance et que la Torah est Parole de D.ieu et pour les Juifs et pour les Chrétiens. C’est aussi cela qu’exprimait le Grand Rabbin à Paray le Monial lorsqu’il disait ; « En œuvrant ensemble, Juifs et Chrétiens créent une humanité plus forte ».2

Une humanité où la fraternité n’est pas une option mais une nécessité. C’est à cela que servent les rencontres de l’Amitié Judéo Chrétienne à réfléchir sur cette « fraternité » qui nous unit, Juifs et Chrétiens. Car dans ces temps troublés nous avons besoin d’avoir confiance les uns dans les autres. En effet « Si c’est la haine et le soupçon qui gouvernent, s’il n’y a plus de bien commun partageable, alors il n’y a plus d’humanité, et encore moins de démocratie, possibles. »3

Les fêtes de Tichri sont sous le signe de la Teshouva, du retour, de la metanoïa  C’est pourquoi je voudrai partager avec vous ce que me disait un de mes amis juifs :

« Il y a incontestablement une mutation radicale dans le regard des Eglises, en ce qui concerne le judaïsme mais il revient  au monde juif d’amorcer une mutation tout aussi significative dans le regard porté par les croyants juifs, envers le monde chrétien ».

Et il ajoutait :

« Il est important que dans le monde juif dans notre enseignement pour les nouvelles générations nous donnions une vision éclairée et ouverte du christianisme… »4

Puisse son souhait se réaliser.

Je terminerai en reprenant la liturgie de Roch Hachana :

« Puisse l’année qui s’achève emporter avec elle toutes ses malédictions ! » Puissiez-vous être mentionnés et inscrits dans le livre de vie, de bénédiction, de paix et de prospérité. Puissiez-vous jouir, vous et toute la maison d’Israël, d’une vie heureuse et paisible ! » Et j’ajouterai avec le psalmiste :

«  Qu’ils soient heureux ceux qui t’aiment ! – Oui que la paix habite dans tes murs, – la prospérité dans tes palais, – Je demande pour toi la paix… -Je désire pour toi le bonheur » 5

Que cette année 5777 soit douce comme le miel. Chana tova, pour chacun d’entre vous, pour vos familles, pour vos projets, pour votre communauté et pour le vivre ensemble dans la cité.

Que l’Eternel vous bénisse.

Pierre Girard,  président de l’AJC du Val de Marne

Israël et le peuple juif en deuil : mort à 93 ans du Nobel de la Paix Shimon Peres…

COMMUNIQUE :

Une cérémonie à la mémoire de Shimon Peres (zal)

en présence de Aliza Bin Noun

Ambassadeur d’Israël en France

aura lieu

jeudi 29  septembre 2016

à 18h30

Grande synagogue de La Victoire

44 rue de la Victoire – 75009 Paris

Le Consistoire honore la mémoire de Shimon Peres, dernier père fondateur de l’Etat d’Israël, prix Nobel, visionnaire et artisan de la Paix.

Il nous a quittés cette nuit, entouré de l’affection de tous les siens et du respect de tous les grands de ce monde.

Le Consistoire partage le deuil et la tristesse de sa famille et de l’ensemble de ses frères et soeurs israéliens, pour lesquels il était le dernier père de la Nation.

Shimon Peres a joué à maintes reprises un rôle décisif dans la survie du jeune Etat d’Israël, en permettant à son armée d’assurer sa mission avec des moyens militaires adaptés sous la supervision de David Ben Gourion.

Européen de naissance et francophile convaincu, il aimait la terre des Droits de l’Homme, son histoire, ses arts et sa culture de la liberté et de l’égalité. Imprégné des valeurs du Judaïsme et amoureux de l’Etat d’Israël, Shimon Peres n’a eu de cesse de convaincre tous ses interlocuteurs de la nécessité vitale d’établir la paix entre Israël et ses voisins arabes. Il a disparu hélas avant d’avoir vu se réaliser son rêve, commun à l’ensemble du Peuple d’Israël.

Le Consistoire prie pour que la nouvelle année qui s’annonce laisse derrière elle son lot de tristesse et soit une année de Paix et de réjouissances, en France, en Israël et partout dans le monde.

L’ancien président israélien Shimon Peres est décédé mercredi à l’âge de 93 ans, à l’hôpital Tel-Hashomer de Ramat Gan, près de Tel-Aviv.

En début d’après-midi, l’état de santé du dirigeant israélien, déjà peu rassurant, s’était brusquement dégradé. L’hôpital avait appelé la famille pour lui permettre de faire ses adieux.

Shimon Peres, 93 ans, était le dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l’Etat d’Israël.

Premier ministre à deux reprises, entre 1984 et 1986 et en 1995-1996, puis président de 2007 à 2014, il a occupé pendant plus de 50 ans de vie publique de nombreux postes à responsabilité: Défense, Affaires étrangères, Finances…

M. Peres avait reçu en 1994 le prix Nobel avec les dirigeants israélien Yitzhak Rabin et palestinien Yasser Arafat « pour leurs efforts en faveur de la paix au Moyen-Orient ».

L’ancien président, dont le dernier mandat s’est achevé en 2014, est resté actif dans la sphère publique par le biais de son « Centre Peres pour la Paix », qui prône la paix et la coexistence entre Juifs et Arabes au Moyen-Orient. Il était également très actif dans la promotion des innovations technologiques partout à travers le monde.

Yaakov Tanenbaum – © Le Monde Juif .info

L’ancien grand rabbin de France Joseph Haïm Sitruk est mort, Barouh Dayan Haemet

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Avec une immense tristesse nous vous annonçons la perte du
RAV JOSEPH HAIM SITRUK zatsal, Barouh’ Dayan Haémet.

Joseph Sitruk, grand rabbin de France pendant plus de 20 ans et gardien sourcilleux de l’orthodoxie religieuse, est mort dimanche à Paris à l’âge de 71 ans, indique l’entourage de son successeur Haïm Korsia.

Ce séfarade, né à Tunis le 16 octobre 1944 et malade depuis plusieurs années, a été le guide spirituel de la première communauté juive d’Europe de 1987 à 2008.

C’est un Maître incontesté, un orateur hors pair dont aucun n’est arrivé à imiter.
Le plus grand rav jamais en France, Joseph Haïm Sitruk (né Joseph Sitruk à Tunis en Tunisie, le 16 octobre 1944) nous a quitté il y a peu de temps après avoir été envoyé à l’hôpital suite a une détérioration de son état général.

Il a été le grand rabbin de France de juin 1987 à décembre 2008 et le 22 juin 2008, Gilles Bernheim a été élu pour lui succéder le 1er janvier 2009.
Le prénom Haïm (signifiant « vie ») a été ajouté à son nom en 2001 dans l’espoir d’une guérison après l’attaque cérébrale dont il est victime suivi par une tumeur au visage.
Rabbin diplômé depuis 1970 après ses études en école rabbinique, il est nommé rabbin de Strasbourg et aumônier de la jeunesse, avant de devenir l’adjoint du grand rabbin Max Warchawski.
En 1975, le rabbin Joseph Sitruk succède à Israël Salzer au poste de grand rabbin de Marseille. Il est élu en 1987 pour occuper la charge de Grand-rabbin de France. Il est ensuite réélu pour deux autres mandats de 7 ans chacun. Il est notamment à l’initiative des différents Yom Hatorah (au Bourget et au Parc Floral de Paris), événements qui ont réuni des milliers de personnes.
Dans les années 1990, il crée à Neuilly-sur-Seine, hors le Consistoire central, le centre Aleph, centre communautaire strict quant à la halakha qui correspond mieux à sa conception du judaïsme que la synagogue consistoriale de Neuilly. Ce centre est en 2009 dirigé par le rabbin Ariel Gay, gendre du grand rabbin Sitruk.
Le 16 mars 2007, il reçoit la distinction de Commandeur de la Légion d’honneur.
Début février 2008, il annonce son intention de briguer un nouveau mandat de Grand Rabbin de France , alors que le grand rabbin Gilles Bernheim se déclare aussi candidat. Le 22 juin, Gilles Bernheim est élu pour lui succéder. Le mandat de Bernheim qui est de sept ans prend effet le 1er janvier 2009.
Il était marié et laisse sa femme Daniele et ses neuf enfants : Rebecca, Yacov, Hanel, Elie, Sarah, Ephraim, Esther, Isaac et Myriam.
Il est fort possible que son corps soit envoyé en Israel, pour y être enterré.
C’est une grande perte pour toute la communauté juive en France mais aussi en Israël.

Une cérémonie d’hommage aura lieu ce soir

dimanche 25 septembre à 19h30

à la Grande Synagogue de La Victoire

44 rue de La Victoire – Paris 9ème

TIENS, TIENS ! QUAND ON EST INTRANSIGEANT, ET QU’ON S’EN OCCUPE, LES ACTES ANTISEMITES RECULENT…

Sur les 7 premiers mois de 2016, « Des actes antisémites en baisse de 64% par rapport à l’an dernier ».

Ils restent hélas encore à un niveau très élevé. Mais avec un Premier Ministre Manuel Valls qui n’a pas peur de déclarer, comme il l’a fait à l’université de Tel-Aviv à mes côtés:

« Cette réception à l’université de Tel-Aviv, restera pour moi un souvenir émouvant, témoignage de cette belle relation entre nos deux pays, et reconnaissance de mon combat personnel, le combat d’une vie contre l’antisémitisme. Quand on s’attaque aux Juifs, on s’attaque à la France et à la civilisation ».

« Le combat d’une vie ». Et il l’a prouvé, en nommant, il y a près de deux ans, à la tête de la DILCRA, un préfet déterminé, sans concessions aucune avec les antisémites de tout bord, le préfet Gilles Clavreul

Lisez cet interview de Gilles Clavreul, dont je salue, le courage, la détermination, la luciidté et les résultats.

Par leur action, Valls et Clavreul démontrent ce que beaucoup de militants contre l’antisémitisme clament depuis 16 ans:

En nommant le crime, en pratiquant la tolérance zéro contre les antisémites, par la répression des actes, la formation des professeurs et l’éducation cela permet de contenir, voire de faire reculer les actes antisémites.

Lisez cet interview de Gilles Clavreul (*ci dessous). Il est lucide, il sait que le combat sera encore long. Il trace le lien entre l’antisémitisme, le racisme comme terreau des terroristes. Mais au moins avec lui et Valls, le combat est engagé et porte ses premiers fruits.

Espérons, qu’après 2017, celui-ci continue et que nous ne retombions pas dans les aveuglements de Chirac et Jospin, comme de l’inaction de Sarkozy malgré ses déclarations.

Francois Heilbronn

  • La DILCRA vient de publier le bilan de la première année de mise en œuvre du plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Des résultats qui, comme l’estime le délégué interministériel, encouragent à poursuivre les différentes actions.

Actualité Juive : Le premier bilan publié par la DILCRA montre des résultats plutôt satisfaisants dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme…
Gilles Clavreul : La décrue est amorcée depuis juin 2015, après la forte hausse observée en 2014 et début 2015. Pour les 7 premiers mois de l’année, on enregistre une baisse des actes antisémites de 64% par rapport à l’an dernier. Si cette tendance se poursuit, nous passerons sous la barre des 400 faits annuels, l’un des meilleurs résultats des quinze dernières années. A titre de comparaison, en Grande-Bretagne on comptabilise quelque 900 à 1000 faits par an.
Même s’il n’y a pas de corrélation immédiate et totale entre l’ensemble des actions que nous avons engagées et la baisse des actes de violence, celles-ci ont fait leur œuvre. Les mesures de sécurité et de protection mises en place aux abords des synagogues et des écoles juives ont eu un effet dissuasif. Les mesures que nous avons engagées en matière éducative ont sans doute aussi contribué à une prise de conscience collective. Enfin, nous avons assisté à un sursaut citoyen qui dépasse l’action des pouvoirs publics. Au sein de la société française, on se dit qu’il n’est plus possible de laisser progresser la haine, d’où qu’elle vienne et quelles qu’en soient les cibles.

A.J. Les attentats de novembre et d’août dernier ont visé l’ensemble de la société française. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme ne risque-t-elle pas d’être perdue de vue dans ce contexte de menace globale ?
G.C. : Non, bien au contraire car le racisme et l’antisémitisme sont au cœur du sujet. Depuis les premiers attentats, l’approche des facteurs et des modalités de basculement dans la radicalité s’est beaucoup enrichie et affinée. Beaucoup de jeunes qui basculent développent ce que l’on pourrait appeler une tolérance à l’intolérance : l’accoutumance aux images violentes, l’adhésion aux théories complotistes dans lesquelles des êtres malfaisants – juifs ou allégories du juif, la plupart du temps – tirent les ficelles et font le malheur des peuples, tout cela rend possible la rupture.
Si tous les conspirationnistes ne deviennent pas djihadistes, tous les djihadistes ont commencé par adhérer à une vision manichéenne. Lutter contre le racisme, l’antisémitisme et plus généralement contre toutes les formes de haine, c’est se situer au niveau de la prévention primaire. La DILCRA a d’ailleurs été associée aux différentes démarches de lutte contre la radicalisation.

« Education, formation, sensibilisation »

A.J.: La DILCRA soutient plus de 250 associations et institutions qui luttent contre le racisme et l’antisémitisme. Comment les choses s’opèrent-elles concrètement ?
G.C. : Notre axe d’action dominant est celui de l’éducation, la formation, la sensibilisation, le partage de la mémoire et de la connaissance historique. Nous avons ainsi signé des conventions de partenariat avec les grandes institutions mémorielles (mémorial de la Shoah, Camp des Milles…). Ces actions permettent notamment d’accueillir davantage de scolaires et de former plus d’enseignants.
Nous soutenons aussi beaucoup les actions des associations locales à travers nos comités départementaux. Lors du lancement de notre appel à projets, nous avons reçu plus de 350 dossiers, souvent de grande qualité. C’est dire à quel point il y a, sur le terrain, une volonté de mener des actions qu’il nous fallait ranimer et soutenir.
On nous a longtemps expliqué que c’était des questions trop complexes, trop délicates, qu’il ne fallait pas gratter les plaies, etc. J’ai acquis la conviction inverse : le racisme prospère dans le silence et l’évitement. Il faut mettre des mots sur la haine si on veut la combattre.

source : Actuj.com